Lucky : Slasher au féminin, mais pas que…

C’est vendredi, l’école est finie… Oui, bon, elle était un peu facile celle-là, mais comprenez bien l’émoi qui nous prend à la gorge chaque vendredi lorsque nous venons vous conseiller la Séance Shadowz du week-end. On y retrouve nos vieux rituels de vidéos-clubs pour vous faire plaisir, et cette nostalgie, bien qu’elle engendre des introductions assez peu qualitatives on en convient, nous réconforte tel un vieux doudou retrouvé au fond d’un carton. D’autant que notre joie a été décuplée ce mois-ci puisque Shadowz a soufflé sa première bougie en bonne et due forme. Que ce soit en nous proposant un panel de films coréens extrêmement qualitatifs (on reviendra dessus à un moment donné, ne vous en faites pas), de l’Ozploitation ou encore du bis italien. La plate-forme conclue son mois anniversaire avec deux sorties exclusives. Deux films qui viennent gonfler les rangs de leur section Exclu Shadowz. Et pour fêter un anniversaire dans les règles de l’art, les équipes ne pouvaient pas mieux nous gâter. Que ce soit Bliss et son délire sexo/trasho/punk ahurissant ou le non moins sublime Lucky, nous tenons un superbe duo qui ne manquera pas d’ajouter du piment pour votre week-end. Lucky est le second long-métrage réalisé par Natasha Kermani, réalisatrice encore inconnue par chez nous et pour cause, son premier film, Imitation Girl, n’est disponible nulle part sur nos contrées. Elle met en scène un scénario de la brillante Brea Grant (qui tient également le premier rôle du film) et entend bien taper fort dans la fourmilière consensuelle du slasher.

May, écrivaine de livres de coaching de vie, se retrouve soudainement traquée par un homme masquée qui réapparaît mystérieusement chaque nuit, même lorsqu’elle le tue. May s’efforce d’obtenir l’aide des gens qui l’entourent et se bat pour rester en vie. Est-ce de la paranoïa ou est-elle condamnée à accepter sa nouvelle réalité ?

Afin d’étayer nos propos, nous tenons à vous mettre en garde sur le fait que nous allons devoir dévoiler le fin mot de l’histoire ; bien qu’il ne soit pas un immense secret (il suffit de lire la petite critique faite avec soin par les équipes de Shadowz via la plate-forme) et ne gêne en rien la découverte du film. Seulement, si le pitch vous intrigue et que vous souhaitez rester vierge de toute autre information, ruez-vous sur le film immédiatement avant de poursuivre la lecture.

Lucky est un film rafraîchissant au sein de la sphère du slasher. Natasha Kermani met en scène le scénario de Brea Grant avec finesse, respect, délicatesse et élégance. Lucky est un slasher porté par un sacré duo féminin. Et que ça fait du bien d’avoir un regard autre que celui des hommes dans le genre. Bien évidemment, le sujet du film ne pouvait qu’être traité par des femmes tant la véracité des séquences touchent en plein cœur. A travers le prisme du slasher, Kermani et Grant délivrent un discours fondamentalement anti-patriarcat (sans forcément renier le genre masculin pour autant), mais dénoncent surtout la banalisation de la violence faite aux femmes. Cet homme masqué qui revient sans cesse faire du mal à May constitue cette parfaite parabole du fameux voile que chaque femme battue se met devant les yeux afin d’échapper à la réalité. Tous les indices sont présents, dès la première demi-heure. Et pourtant, on se refuse, en tant que spectateur, de voir la réalité en face. Nous sommes piégé dans la psyché de May, nous adoptons son point de vue à chaque instant et nous sommes embarqués sans détour dans sa lutte pour la reconquête de son intégrité physique et psychologique. Le film s’emballera petit à petit, semant le doute quant à la résolution qu’il nous prépare. Avons-nous bien compris la métaphore ou May est-elle simplement folle ? Le doute ne sera plus permis lors du dernier tiers et la superbe scène dans le parking qui allie parfaitement dénouement narratif et découpage technique millimétré. Lucky est un film d’une profondeur dingue et qui sera essentiel de faire connaître à un public large, très large.

Outre son militantisme pour la sauvegarde des droits des femmes, Lucky est un formidable slasher qui en comprend parfaitement les règles et sait nous les délivrer de la meilleure des manières. Natasha Kermani emprunte également au home-invasion et y distille tout son amour pour le genre afin de ne pas décevoir le spectateur venu, à l’origine, pour cela. Si nous saluions ci-dessus son formidable scénario, notons également la révélation qu’est Brea Grant à l’écran. Le spectateur aguerri se souviendra de cette comédienne pour l’avoir aperçu dans des séries comme Dexter ou Heroes et au détour de certains films comme Max Payne, Pitch Perfect 2, A Ghost Story ou encore Halloween 2 de Rob Zombie. Bien qu’elle possède déjà un joli palmarès entre ses rôles de comédienne, et ses projets en tant que scénariste et réalisatrice, pour sûr que le public de Shadowz va définitivement la découvrir avec Lucky. Elle irradie la pellicule à chaque instant. Elle porte le film sur ses épaules. Elle habite chaque minute de chaque scène d’une grâce folle. C’est un véritable coup de foudre qui s’opère lorsqu’on la voit donner vie à May. Grant dit s’être inspirée d’une histoire qu’elle a vécue avec une personne l’ayant harcelée afin d’écrire Lucky. Nul doute qu’elle ne ment pas. Les émotions qu’elle transmet sont authentiques. On y croit véritablement, notamment lors du grand final où elle décide de ne plus se voiler la face. On y ressent à la fois l’amour qu’elle porte pour l’homme qu’elle croit avoir aimé, la culpabilité que ce dernier lui a fait porté pour l’avoir trompé et toute la douleur de la violence quotidienne qu’elle subit. Dans son regard, l’effroi laisse place à la fureur, la rage et l’envie de ne plus être une victime. Lucky nous laisse dans le feu de l’action pour ne garder rien d’autre que l’espoir et la force qu’il tend à transmettre aux femmes bafouées et battues. Quel final dantesque, quelle claque !

A n’en point douter, Lucky est une pépite. Le second film de Natasha Kermani délivre un message fort et rempli d’espoir. Féministe sans être extrême, Lucky est une ode à l’émancipation de la femme pour laquelle tous les astres se sont parfaitement alignés. Un énorme coup de cœur qu’on vous incite à voir et à partager en masse. Le genre d’exclusivité qui place indubitablement Shadowz dans la cour des grands.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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