Chasse à l’Homme : John Woo retourne la Nouvelle-Orléans

ESC Éditions continuent d’étoffer leur collection consacrée aux meilleurs films de Jean-Claude Van Damme. Après Kickboxer, Double Impact et Cyborg (en collaboration avec Lionheart), voici que déboule Chasse à l’Homme de John Woo dans un coffret VHS Box Collector dans le même esprit que ses prédécesseurs. Question packaging, les fans de J-C auront de quoi étancher leur soif, le coffret est beau et de qualité. Sorti en 1993, Chasse à l’Homme arrive à un moment de la carrière de Van Damme où il est extrêmement bankable. Jouissant de sa solide réputation, on lui confie le rôle principal de la première production américaine de John Woo, expatrié depuis peu aux États-Unis compte-tenu du contexte politique changeant à l’époque à Hong-Kong. John Woo réalisera six films lors de son séjour aux USA, Chasse à l’Homme est un film plutôt apprécié de manière globale. Bien qu’il ne soit pas le meilleur de la période américaine de Woo (Volte-Face forever!!), le film renferme d’innombrables qualités chères à son réalisateur qu’il serait dommage de s’en priver. En dépit d’un climat houleux sur le tournage entre Woo et Van Damme où chacun tentait de défendre son bifteck coûte que coûte, il n’en demeure pas moins que Chasse à l’Homme est un film d’action efficace qu’on se congratule d’enfin apprécier dans un écrin propre et soigné.

Natasha Binder est une jeune femme qui a perdu le contact avec son père et qui est prête à tout pour le retrouver. Pour cela, elle fait appel à Chance Boudreaux, un ancien marine reconverti en marin pêcheur. Néanmoins, en plus d’aider Natasha à retrouver son père, Chance va devoir la protéger d’une bande de tueurs dont le passe-temps est de chasser du gibier humain pour de l’argent.

Quand on vous dit que Woo et Van Damme se tirent la couverture, ce n’est pas anodin. Non seulement, Christophe Gans le confirmera dans les bonus de l’édition parue chez ESC, mais cela se ressent tout le film. Entre les séquences clairement chapeautées par Van Damme et celles où Woo reprend la main dans sa mise en scène, Chasse à l’Homme joue sur deux tableaux sans jamais donner dans l’overdose pour autant. Même s’il atteindra le sommet de ses envies avec Volte-Face, Woo vient dépoussiérer le film d’action américain et donne un sacré coup de pied dans une fourmilière qui verra la dégringolade des stars des années 80 (Stallone et Schwarzenegger en tête de liste). Les années 90 redistribuent les cartes et Woo entend démontrer tout son talent en rendant hommage au cinéma qui l’a construit : le western. Chasse à l’Homme est un western urbain hautement qualitatif. Tous les codes inhérents à ce dernier (qu’il soit classique ou spaghetti) sont remodelés afin de proposer un film à l’action constante, qui trouve le juste milieu entre le trop plein et le pas assez. Il faut dire que Woo est au sommet de son art à l’époque. Il venait de sortir d’À Toute Épreuve (polar musclé qui figure parmi les incontournables de sa filmographie) et entendait retourner le public occidental avec sa mise en scène survoltée et dynamique. Chasse à l’Homme n’est clairement pas un film que l’on va regarder pour son scénario (qui tient sur un post-it), mais le soin apporté à la mise en scène, ainsi que les multiples références culturelles de son réalisateur font vraiment plaisir à voir et rendent le moment suffisamment plaisant pour convaincre n’importe quel spectateur, même le plus allergique à notre cher Jean-Claude.

Si John Woo n’est pas entièrement en pleine possession de ses moyens, c’est en parti à cause de la place que prend Van Damme. Notre star belge, avec tout l’amour que nous avons pour lui, se montre énormément égocentrique et cela s’en ressent lors des premières séquences du film. Il confère à Chance une nonchalence qu’il n’avait pas encore laissé paraître dans ses autres rôles. Probablement dans l’idée d’offrir son idée d’un personnage cool et décontracté, il n’arrivera à lui insuffler le bon tempo qu’à la moitié du film, au moment où il décide d’affronter la horde de vilains. Malgré tout, Van Damme reste fidèle à lui-même, les coups de tatanes volent dans tous les sens, avec de jolis coups de pied retournés en prime. En face, Lance Henriksen est en roue-libre pour notre plus grand plaisir. Il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il incarne des psychopathes sans foi ni loi. Secondé par un Arnold Vosloo survolté (l’éternel interprète d’Imhotep dans La Momie de Stephen Sommers), les deux hommes délivrent des méchants dignes des meilleurs western. Sans pitié, adeptes des armes et qui aiment traquer leurs victimes comme du vulgaire gibier. Nous sommes bien en présence de bad guys comme les affectionnait Sergio Leone. D’ailleurs, le grand Sergio est mis à l’honneur au travers du nom du personnage interprété par Vosloo (Pik Van Cleaf) qui rend hommage à Lee Van Cleef pour sa composition dans Le Bon, La Brute et Le Truand. L’aspect western, Woo le doit également aux décors naturels de la Nouvelle-Orléans où se situe le film. Soulignons que le master proposé sur la galette d’ESC leur rend parfaitement justice. Le piqué est correct et on redécouvre littéralement le film. Exit l’horrible version DVD au grain beaucoup trop prononcé, Chasse à l’Homme possède désormais une édition française digne, pourquoi s’en priver ?

Chasse à l’Homme est le second meilleur film américain de John Woo. Le film dégueule de tous les pores de l’amour du cinéma qui a construit son réalisateur. Jean-Claude Van Damme endosse l’un de ses meilleurs rôles en dépit d’une fausse cool attitude en début de métrage de laquelle il se dégage au profit de ce qu’il fait de mieux : mettre des tatanes à des serpents à sonnette ! Bien que les deux entretiens soient passionnants à suivre, on regrettera, toutefois, un manque de bonus sur l’édition collector proposée par ESC. Quand il s’agit de Jean-Claude, notre soif demeure insatiable, on en veut toujours plus…vivement la sortie de Mort Subite, prochain titre à paraître dans la collection qui lui est dédiée.

1 Commentaire

  1. Il y a 3 entretiens dans le combo Bluray/DVD de CHASSE A L’HOMME (sur le DVD; un bonus sur la carrière de JCVD). Super film d’action, un des meilleurs de sa génération.

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