Malveillance : Il y a quelqu’un sous le lit…

C’est vendredi, enfin. On le sait que vous avez attendu ce moment toute la semaine. L’heure de la séance Shadowz est arrivée. Qu’est-ce qu’on regarde ce week-end ? S’il y a bien un cinéma qui connaît un regain d’intérêt ces dernières années auprès du public français, c’est le cinéma de genre espagnol. On ne compte plus le nombre incalculable de films venus du pays de la paella qui pullulent sur les diverses plate-formes de SVOD. Alors, histoire de faire honneur aux beaux jours qui reviennent, et histoire de nous dépayser quelque peu en ces périodes de confinement, allons faire un tour du côté d’un immeuble barcelonnais. Malveillance est un film réalisé par Jaume Balaguero et sorti en 2011. Après avoir rencontré un succès flamboyant en co-réalisant les deux premiers [REC] avec son comparse Paco Plaza, il décide de revenir au thriller froid et terrifiant. Son premier long-métrage, La Secte Sans Nom (immense chef d’œuvre à voir de toute urgence) posait déjà les bases d’un cinéma solide, à l’histoire froide et proche de la noirceur de l’être humain. Avec Malveillance, Balaguero continue de creuser les méandres obscurs de la psyché humaine en proposant au spectateur de vivre une expérience aux côtés d’un psychopathe atypique.

César est un gardien d’immeuble toujours disponible, efficace et discret. Disponible pour s’immiscer dans la vie des habitants jusqu’à les connaître par cœur. Discret quand il emploie ses nuits à détruire leur bonheur. Efficace quand il s’acharne jusqu’à l’obsession sur Clara, une jeune femme insouciante et heureuse.

Malveillance est un film qui repose essentiellement sur une linéarité exemplaire. Balaguero étale son récit sur plusieurs semaines afin de nous immiscer, aux côtés de César, dans la vie des habitants de l’immeuble. En choisissant d’étirer le temps par le prisme d’un calendrier défilant à l’écran, et en nous confinant aux basques de César, Balaguero joue à la perfection avec nos nerfs. En effet, nous sommes obligés de subir ses frasques abominables, si bien qu’on se surprend à se prendre d’affection pour le personnage. Balaguero joue avec nos sentiments. Sans jamais nous demander de cautionner les actes innommables perpétrés par César, nous nous sommes surpris à être pris de panique pour lui dans les moments où il manque de se faire repérer. Choisir d’offrir un point de vue antinomique est un idée brillante. Brillante dans le sens où nous sommes au courant de tous les faits et gestes du détracteur et c’est ce qui rend le film palpitant. En positionnant le public comme spectateur omniscient, Balaguero s’octroie une mise en scène millimétrée et qui flirte sans cesse avec la moralité de ceux qui regardent son film. Choisir de comprendre quelle folie anime César n’est pas le but de Balaguero. Le réalisateur veut juste titiller notre côté voyeur et pervers afin de remettre en question nos limites. De fait, il s’emploie à calquer sa mise en scène sur les rituels de César. Nous assimilons rapidement la routine de ce gardien d’immeuble totalement fou. Grâce à des plans iconiques et des fusils de Tchekhov disséminés avec ingéniosité, il permet au spectateur de prendre une longueur d’avance sur son anti-héros. Si vous pensez que quelque chose doit mal se passer, cela arrivera forcément.

Malveillance ne joue pas sur les effets de surprises. Le film se penche sur un mal qui glace le sang, une nature vicieuse qui distille un effroi considérable tant elle est plausible et pourrait arriver dans la vie de tous les jours. Balaguero se range du côté du mal et compte bien le faire triompher. D’ailleurs, il se garde bien de ne pas nous laisser voir venir son ultime twist qui suinte l’atrocité à l’état pur. Bien évidemment, Malveillance ne serait pas ce qu’il est sans l’immense talent de Luis Tosar. L’acteur parvient à créer l’effroi et l’empathie en une fraction de seconde. Naturellement doué, c’est une gueule devenue incontournable au sein du cinéma espagnol. Il retrouve Marta Etura (avec laquelle il avait joué dans Cellule 211, très bon film de prison qu’on vous recommande également) qui interprète Clara. Cette dernière rentre parfaitement dans la peau de la jeune voisine innocente, pleine de vie, qui ne soupçonne pas le moins du monde que le gentil concierge, à qui elle confirait son appartement sans problème, est en réalité le monstre qui la harcèle depuis des semaines. L’actrice joue les ingénue avec une aisance déconcertante. D’ailleurs, la naturalité dans le jeu de tous les acteurs est exemplaire. La communauté de l’immeuble paraît tellement naturelle. Voilà pourquoi l’intrusion de César au sein de la vie des habitants fait si réelle également. Malveillance est une totale réussite tant dans son découpage technique que dans le choix de ses comédiens.

Il y a une réminiscence du cinéma de Brian De Palma qui se dégage de Malveillance, surtout pour ce qui est de filmer la noirceur de l’être humain. Jaume Balaguero prouve, définitivement, que le thriller est un genre qui lui sied à merveille. Après avoir vu Malveillance, plus jamais vous n’aurez envie de confier vos secrets à votre gardien d’immeuble. Le film est disponible sur Shadowz. Préparez vos meilleurs pop-corn, détendez-vous et profitez de votre week-end en mauvaise compagnie… A la semaine prochaine.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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