Citoyens du monde : Direction partout et nulle part

Gianni Di Gregorio est un réalisateur et scénariste italien certainement inconnu de la majorité du public français. Et on peut clairement dire que son Citoyens du monde est sorti de nulle part. Alors qu’il y tient notamment le rôle principal, on découvre un film d’une candeur et d’une positivité rare au travers de personnages absolument attachants. On y suit Giorgetto, retraité romain, bien en difficulté de boucler ses fins de mois. Son ami, ancien professeur de Latin, vit une situation similaire. Ils commencent à rêver l’idée de refaire leur vie dans un pays où le coût de la vie serait plus aisé. Ce simple fantasme remet en cause toutes leurs réflexions sur la vie, leurs priorités, ce qui les passionne etc.

Si vous ne connaissez pas Gianni Di Gregorio, autant vous dire qu’après avoir vu Citoyens du monde (disponible en vidéo depuis le 13 janvier dernier chez Le Pacte), vous aurez envie d’en savoir plus sur ce bonhomme. Si des films de cette nature émergent de temps à autres au cinéma, ils ne surviennent pas toujours à un moment aussi fatidique que cette pandémie mondialement casse-couille. En ces temps de confinement et d’éloignement social, il est important de se réconcilier avec l’entraide sociale, le soutien moral et la bienveillance. Si vous recherchez un peu de positivité, ce film est totalement fait pour vous. On en ressort satisfait et apaisé par la tournure de leur aventure.

Au fil de leurs pensées, les deux amis finissent par se lier d’amitié avec une troisième personne et leurs réflexions sur leur condition de vie est assez intéressante. Tout comme le décalage lorsque l’un d’eux jette un prospectus par terre, devant les pieds d’un passant qui s’énerve de voir la vieillesse s’abaisser à ce genre d’incivilités. Le décalage entre ce que l’on pense de la jeunesse et de la vieillesse dans la société est inversée et c’est ce qui rend la scène amusante lorsque l’on sait de quoi ils parlaient juste avant. Quelque part, eux en étant vieux, après avoir vécu et vu tout ce qu’ils ont vu, comprennent que les jeunes se battent pour leur droit qu’ils n’auront plus, comme les personnes âgées se sont battues pour certains droits qu’ils n’ont plus. Ils manifestent en quelques sortes à travers eux leur mécontentement d’une société qui ne prend plus soin de ses doyens. Au final ce sont les jeunes qui guideront les combats auxquels ils ont échappé.

C’est probablement l’un des films les plus beaux moralement que l’on puisse voir cette année, une très bonne surprise du cinéma italien souvent en marge de notre vision artistique française. Une thématique également très belle, nettement muselée par nos dirigeants et nos médias dans l’espoir de l’entériner. Heureusement que quelques cinéastes tiennent bon pour nous faire part de leur point de vue. Après Bons à rien en 2014 et Le Déjeuner du 15 août en 2008 qui l’a rendu célèbre, les Citoyens du monde que nous sommes tous nous réjouissons de ce long métrage à la conclusion motivante.

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