The Personal History of David Copperfield : Dickens haut en couleurs

Créateur des séries The Thick of It, Veep et Avenue 5, réalisateur du hautement réjouissant La mort de Staline en 2017, Armando Iannucci a décidé de s’attaquer à un gros morceau en adaptant le David Copperfield de Charles Dickens. The Personal History of David Copperfield, disponible sur Amazon Prime Video depuis le 26 janvier dernier, pose donc un regard neuf sur cette œuvre déjà maintes fois portée à l’écran.

Le film tient en effet sur deux singularités : la première est son étonnante énergie, le récit reposant sur un rythme ne faiblissant jamais, enchaînant les péripéties et les rencontres de façon à ne pas laisser aux spectateurs le temps de se poser. Ce concentré d’énergie, représenté à l’écran par des couleurs vives et des personnages exubérants, impose d’emblée un tempo, au risque de laisser plus d’un spectateur à la ramasse. C’est d’un côté la plus grande force du film et sa plus grande faiblesse puisque ce tourbillon d’événements nous emporte mais semble parfois grossier, forçant allègrement le trait sur la forme du récit au détriment du fond, ne creusant jamais vraiment les émotions de ses personnages, finalement plus esquissés qu’autre chose par le biais d’un simple trait de caractère, souvent très drôle mais peu suffisant pour apporter les nuances nécessaires à un véritable attachement émotionnel.

Dès lors, on ne peut que visionner le film de façon extérieure, incapables de nous impliquer réellement dedans, rien n’ayant véritablement d’impact dans le récit pour nous faire vibrer. Certes, on saluera la deuxième singularité du film, à savoir sa façon de mélanger les ethnies en se moquant de la vraisemblance (Dev Patel incarne David Copperfield mais les autres membres de sa famille sont blancs, Benedict Wong interprète le père de Rosalind Eleazar), permettant à Iannucci d’ancrer son film dans un domaine non éloigné du conte et de la fantaisie. D’ailleurs la débauche formelle déployée par la mise en scène n’est pas sans rappeler certains films de Terry Gilliam et la plupart des acteurs livrent des partitions tout à fait réjouissantes (Dev Patel, Peter Capaldi, Tilda Swinton, Hugh Laurie ou encore Ben Whishaw), totalement en alchimie avec le style imposé par Iannucci.

Hélas, cela ne suffit jamais à faire décoller le film, The Personal History of David Copperfield n’étant au final qu’une énième adaptation de Dickens, plus relevée que la moyenne mais néanmoins sans l’ampleur suffisante pour emporter l’adhésion totale. Iannucci n’a certes pas sacrifié son style face au travail d’adaptation mais force est de constater que s’il brille dans la satire grinçante, il est moins à l’aise dans un registre plus classique et que son film, s’il déborde d’idées, ne parvient pas à apporter à son récit le souffle romanesque dont il a besoin. Le résultat, loin d’être déplaisant, est donc très facilement oubliable et constitue en soi une petite déception, surtout après une aussi belle réussite que La mort de Staline. Gageons que le réalisateur fera mieux pour sa prochaine réalisation que l’on espère plus vivace et que l’on attend déjà avec impatience.

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