Le Bonheur des Uns… : ou le dégoût des autres.

Passée un peu inaperçue au sortir d’un été 2020 marqué par la crise sanitaire (et culturelle) encore en vogue actuellement cette adaptation cinématographique de la pièce de théâtre de Daniel Cohen par lui-même ressort ce 13 janvier 2021 dans une édition DVD tout ce qu’il y a de plus sommaire chez M6 Vidéo… Occasion donc de découvrir ou de redécouvrir un film français typique des dix dernières années, dans le plus pur esprit petit-bourgeois des comédies populaires de l’incontournable duo Bacri/Jaoui, avec toute la petitesse et toute la médiocrité des préoccupations futiles d’une galerie de personnages tour à tour sympathiques et antipathiques, larges et revêches, humains et inhumains.

Qu’en est-il donc du Bonheur des Uns...? Récit linéaire prenant la forme d’une tranche de vie partagée entre deux couples d’amis plus ou moins en compétition les uns par rapport aux autres le dernier film de Daniel Cohen conserve visiblement toute la contenance psychologique de la pièce originelle, offrant un quatuor d’acteurs particulièrement savoureux : entre un Vincent Cassel étonnant en mari possessif incapable de se faire à l’idée de vivre aux crochets de sa femme, une Bérénice Bejo tout à fait convaincante en romancière dépassée par son propre succès, une Florence Foresti puissante en meilleure amie envieuse et détestable et un François Damiens impeccable en sculpteur polyvalent s’improvisant des lubies au gré de ses humeurs chacun y va de sa petite vanité et de son petit égo. Daniel Cohen dose avec subtilité l’humour et la méchanceté pour mieux alimenter un psychodrame révélant la nature véritable de chaque personnage scène après scène. C’est cynique et tout à fait louable sur le plan de l’écriture, en particulier du point de vue des dialogues et des situations…

Certes Le Bonheur des Uns… s’avère peu ou prou convenu si nous l’appréhendons comme pur objet de cinéma : de forme et de technique résolument fonctionnelle, entièrement tenu par les quatre paires d’épaules des comédiens sus-cités et scénaristiquement très verbeux ledit métrage porte inéluctablement le sceau du cinéma « à la française », celui privilégiant les personnages, leurs relations et leurs interactions au détriment d’une réelle ambition visuelle ou d’une stylisation sans doute pré-jugée dispensable aux yeux du marché. Rien de moins qu’un petit morceau de cinéma sans surprise mais tenant parfaitement ses promesses de départ, étayé par un casting bankable mais somme toute très pertinent. Nous nous amuserons au passage de constater la présence de Daniel Cohen dans un rôle ingrat de chef de rayon d’un commerce vestimentaire, preuve de l’autodérision cruelle et ironique d’un auteur-réalisateur sans envergure majeure certes, mais joliment caustique.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*