Vice Academy : La trilogie qu’on pensait ne jamais (re)voir

Dans le genre cadeau de Noël avant l’heure pour nostalgiques des programmes de La Cinq, la trilogie Vice Academy sortie chez Pulse Video se présente dans le haut du panier. Seule une poignée d’illustres veinards de l’époque ont d’ores et déjà compris de quoi nous allons parler. Pour les petits nouveaux, il y a un vrai Graal à rattraper de toute urgence. Pulse Video ont choisi de ne rééditer que les trois premiers films d’une saga qui en compte six car, on ne va pas se mentir, ce sont les épisodes les plus intéressants. A l’instar de la série de films qu’elle copie (Police Academy, qui devenait moins intéressante après le quatrième opus), Vice Academy aura marqué les esprits des téléspectateurs américains. Film de commande pour un programme de nuit à la télévision américaine spécialisé dans les sexy comédies, la saga n’aura de cesse d’enflammer les foules. Véritable carton dans les vidéos-clubs US, c’est avant tout un monument de la culture bis américaine. En France, le film connaîtra un vrai succès télé en comptant de multiples rediffusions sur La Cinq. Vice Academy Part. II sortira en VHS par chez nous, et sera un immense succès également. Nous n’aurons jamais la suite des aventures de la troupe sur nos écrans. Quoiqu’il en soit, Pulse Video donnent une visibilité certaine aux trois premiers films, rareté absolue et curieux objet pour lequel vous succomberez à coup sûr.

VICE ACADEMY (1989)

Elles n’avaient pas le niveau pour intégrer la Police Academy, elles ont intégrés la Vice Academy, l’école des futurs officiers de la brigade des mœurs. Afin de valider leur diplôme de fin d’étude, chaque recrue doit procéder à dix arrestations.

C’est ainsi que se résume le premier film, la plongée dans l’univers sexy et barré de Vice Academy. Écrit, produit et réalisé par Rick Sloane (qui en fera de même pour chacun des six films), le premier épisode de la saga est un cas d’école. Production fauchée qui déborde de milles idées à la seconde, il capitalise sur la présence au casting de l’ex-actrice porno Ginger Lynn Allen et de la fameuse scream queen Linnea Quigley. Mais la présence de deux stars à l’affiche n’a jamais fait un film, et ça, Rick Sloane l’a bien compris. À l’origine de Goblins en 1988, sorte de Gremlins fauché, il est le candidat idéal pour réussir à mettre en scène cette histoire avec les moyens du bord. Ainsi, le film aura très peu de lieux différents, les acteurs porteront souvent leurs propres tenues, conduiront leur propre voiture… Un entrepôt servira comme décors principal pour identifier plusieurs lieux… Vice Academy est, avant tout, un film qui demande au spectateur de faire fonctionner son imagination. Penser comme une sitcom (sans les rires enregistrés), ce qui importe au réalisateur c’est de faire avancer son histoire et la rendre crédible. Le cadre du genre qu’il s’impose lui autorise toutes les excentricités. Sans tomber dans l’excès, il donne au spectateur ce qu’il est venu chercher : de la comédie sexy. Oui, Vice Academy fait rire (Linnea Quigley est absolument parfaite) et oui, Vice Academy réserve quelques séquences pimentées. La force et l’intelligence de Rick Sloane se fait sentir à chaque scène. Chaque élément, chaque paire de fesses, chaque poitrine ne sont jamais montrés en vain. Sloane s’assure que l’élément sexy qu’il va ajouter devra jouer un rôle comique à sa scène. Et il fait mouche à chaque fois (mention spéciale à son fusil de Tchekhov où la sublime Karen Russell dévoile sa poitrine généreuse en début de métrage afin d’installer une résolution en fin de film plus qu’hilarante). D’ailleurs, Karen Russell et Ken Abraham formeront le trio principal avec Linnea Quigley. Rick Sloane utilise très peu la présence de Ginger Lynn Allen. L’ex-pornstar se révèle être une actrice crédible et brillante dans la comédie, quel dommage de ne pas la voir apparaître plus à l’écran. Chacune de ses scènes déclenche l’hilarité, c’est une vraie actrice qui semble s’épanouir dans le rôle de la garce qu’on adore détester.

Vice Academy repose donc essentiellement sur le trio Russell, Abraham, Quigley…les trois élèves les plus dispersés de l’académie. Il faut dire que Sloane leur offre des rôles en or. Linnea Quigley qui doit infiltrer une société de production de films pornographiques dans le but de démanteler un réseau pédopornographique occupe presque l’ensemble du film. Tout y passe : de la séquence aux dialogues graveleux jusqu’aux mimétismes catastrophiques de l’acte sexuel dans certaines productions pour adulte de l’époque, c’est un vrai moment de rigolade qui attend le spectateur. Non content d’avoir des têtes d’affiche solides, Rick Sloane peut compter sur des seconds rôles délicieux, Miss Devonshire en tête, la femme chargée de former les nouvelles recrues. Les personnages du film lui offrent la notoriété dont il jouit aujourd’hui. On a l’impression de participer à un stage enfantin avec des acteurs qui cabotinent à cœur joie. C’est un pur concentré de bonne humeur dans la lignée directe de Porky’s.

VICE ACADEMY PART. II (1990)

Fraîchement diplômées de l’académie, Didi et Holly doivent se faire passer pour des strip-teaseuses afin d’attraper une super méchante qui menace d’empoisonner les eaux de Los Angeles avec un aphrodisiaque mortel.

On prend les mêmes, et on recommence. Fort du succès du premier film, Rick Sloane s’est vu attribuer un budget nettement plus conséquent pour venir nous raconter la suite des aventures de ses fliquettes atypiques. Il prend le pari de concentrer son intrigue uniquement sur ses deux vedettes en tête d’affiche. Linnea Quigley et Ginger Lynn Allen forment un duo dans la lignée des meilleurs buddy movies. Elles sont à l’antipode l’une de l’autre et vont devoir faire équipe malgré elles dans le but de résoudre leur première grosse affaire. Le film annonce la couleur dès son ouverture : « Vous voulez plus de sexy ? Vous allez en avoir. » Rick Sloane fait exploser le compteur des tenues légères. Il capitalise sur le sex-appeal de ses vedettes à 200% jusque dans une séquence de strip-tease que Demi Moore doit encore jalouser aujourd’hui.

Si Vice Academy Part. II prend la tangente « bigger and louder » inhérente à beaucoup de suite, il n’oublie pas d’approfondir un discours ouvertement anti-machiste. Bien que le film abuse de femmes en lingerie, se permet de parodier RoboCop avec une femme-flic objet, il faut voir plus loin que ce qu’il se passe à l’image. Le personnage de Petrolino, incarné par Scott Layne, représente toutes les tendances du machiste de base. Il se sait beau-gosse et n’hésite pas à user de son charme pour arriver à ses fins. Il se complaît à chasser les femmes. Plus il en met dans son lit, mieux il se porte. Il ne tolère pas la présence féminine dans l’uniforme. Pour lui, une femme ne peut être policière. Pour lui, une femme doit assouvir ses pulsions, et rien d’autre. À travers ce personnage exécrable en tout point, Rick Sloane dénonce une attitude machiste et sexiste en lui faisant subir tous les malheurs. Véritable souffre-douleur du film, ce dragueur né ne sera jamais mis à son avantage. Il se fera martyrisé dans tous les sens, offrant la posture de héros aux femmes. D’ailleurs, l’antagoniste de Vice Academy Part. II est également un femme. Rick Sloane assume une grosse part de féminisme dans son écriture. Quand bien même il nous montre des femmes dénudées, en petites culottes ou, parfois, soumises, ce n’est que pour mieux renverser la situation à leur avantage (ou jouer sur un ressort de comique de situation dont le film regorge). Vice Academy Part. II est résolument « girl power ». Il use et abuse des atouts charmes de ses héroïnes comme une arme à part entière. Le film vire dans une histoire de super-héros où la bad girl est grimée en tenue de cuir sado-masochiste et veut tuer le monde en leur injectant une surdose de libido instantanée (on retrouvera le même concept dans Captain Orgazmo d’ailleurs).

Vice Academy Part. II est une suite bien plus réussie que son modèle. Deux fois plus drôle, deux fois plus sexy, on se congratule de la présence plus forte de Ginger Lynn Allen qui déploie un talent comique qui semble inépuisable. Linnea Quigley prouve, une fois encore, qu’elle était taillée pour faire de la comédie…ce qui ne sera pas du goût de son agent qui refusera qu’elle apparaisse dans les autres suites de la franchise. S’il ne devait rester qu’un seul épisode de la saga, ce serait bien cette suite. Tous les éléments y sont, Rick Sloane s’est vraiment surpassé pour ce second chapitre.

VICE ACADEMY PART. III (1991)

Holly et Candy, deux flics de la Vice Academy, essaient de contrecarrer les plans de la terrible Malathion. Cette dernière, dangereuse criminelle fraîchement évadée, a été exposée à des produits toxiques et souhaite remonter son gang dans le but de dévaliser le plus d’argent possible. Une nouvelle recrue, Samantha, ex-compagne de détention de Malathion vient en aide à la Vice Academy. Elle s’avère si efficace que Holly et Candy sont retirées de l’affaire. Les deux femmes essaient de ternir la réputation de la nouvelle recrue dans le but de retrouver leur poste.

Linnea Quigley ne revient pas, et c’est le début de la dégringolade. En dépit du plaisir qu’il y a à retrouver les personnages que l’on a adoré dans les opus précédents, et toujours servi (pour la dernière fois) par Ginger Lynn Allen en tête d’affiche, Vice Academy Part. III vire au nanar de bas étage pour une raison vraiment inexplicable. La formule reste inchangée pourtant, mais il y a un sérieux essoufflement qui se fait ressentir. On sent que Ginger Lynn Allen est en manque d’une vraie partenaire de jeu. Linnea Quigley est remplacée par Elizabeth Kaitan. Cette dernière ne possède absolument pas la même verve comique que Quigley. Vice Academy Part. III ressemble à un mauvais film de la Troma, sans le côté gore. Pourtant, Sloane continue d’abonder vers un traitement super-héros de ses personnages. La méchante, Malathion, est un ersatz de Poison Ivy. Il lui offre des séquences épiques au cabotinage délicieux. Miss Devonshire s’affirme et prend plus de place dans l’histoire. Ses scènes avec le Commissaire sont vraiment drôles. Rick Sloane semble sentir le vent tourner et le départ prochain de Ginger Lynn Allen pour un futur quatrième film et s’attarde plus sur le personnage de Samantha qu’à offrir un vrai dernier baroud d’honneur à sa star. Bien que Samantha soit le seul personnage le plus développé dans l’intrigue, il manque la verve et l’audace qui faisaient des deux films précédents de vraies comédies savoureuses. Quel dommage, le troisième film disponible dans le coffret laisse un petit goût d’amertume, bien que l’éditeur nous avait prévenu que la saga baissait en qualité après le second volet, voilà pourquoi il ne voulait pas s’attarder sur la saga entière, mais uniquement sur les trois films avec Ginger Lynn Allen.

Vice Academy, la trilogie, s’apprécie dans un coffret de bonne facture disponible chez Pulse Video. Le travail de restauration fait en partenariat avec l’éditeur US Vinegar Syndrome est absolument bluffant. Resmasterisés en 2K à partir des négatifs originaux, les films s’offrent une nouvelle vie. L’image est flamboyante et est l’une des meilleures raisons de (re)découvrir ces raretés. On le répète, l’image est à tomber, surtout pour des films de commande pour la télévision américaine tournés de manière fauchée. Une belle curiosité disponible en quantité limité via Pulse Video. Malgré un troisième épisode décevant, on ne peut que vous encourager à vous ruer dessus sans plus tarder.

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