Édito – Semaine 50

Coup de tonnerre dans l’industrie cinématographique ! Avant même d’avoir une quelconque vue d’ensemble sur les résultats de Wonder Woman 1984, premier film à sortir à la fois au cinéma et en SVOD sur HBO Max, Warner Bros a décidé d’appliquer la démarche à toutes ses grosses sorties de 2021 parmi lesquelles on trouve Matrix 4, Dune ou encore The Suicide Squad. Alors que l’année 2021 sera décisive pour les studios hollywoodiens après une année 2020 morne, Warner décide de faire un pari fou, pour le moment annoncé de façon unique à l’année prochaine mais il ne fait aucun doute que si le système se montre viable, il pourrait bien devenir pérenne.

Les analystes à Hollywood affirment qu’il s’agit là du changement le plus radical effectué par l’industrie du cinéma qui, en cette année difficile, a du trouver des moyens de s’adapter pour toucher son public. La sortie de Tenet, bien que pas forcément représentative d’une véritable vue d’ensemble en raison de sa complexité froide ayant dérouté plus d’un spectateur (nous les premiers, la rédaction s’étant globalement mise d’accord pour dire qu’il s’agissait là du moins bon film de Christopher Nolan) a refroidi bien des ardeurs et la seule sortie en salles s’est avérée compliqué pour les studios.

Si la décision de Warner fait du bruit, c’est évidemment parce qu’elle est prise de façon drastique, sans avoir le moindre recul sur la situation. Mais elle n’en demeure pas moins intelligente. Depuis plusieurs années, avec l’apparition grandissant de la SVOD et des plates-formes, le modèle économique du cinéma était en train de se repenser. La pandémie de Covid-19 cette année a certes drastiquement accéléré les choses mais un tel modèle de distribution était inéluctable. Bien que faisant froid dans le dos pour toutes les inconnues qu’il apporte, il nous paraît le plus pertinent possible en l’état actuel. En effet, en sortant leurs films au cinéma et en les rendant disponibles pendant un mois sur HBO Max sans payer de suppléments d’abonnement, Warner assure ses arrières des deux côtés. Les inconditionnels du grand écran et exploitants ne sont pas lésés par cette décisions et le public non plus, lui qui dès qu’il a une famille un peu nombreuse, doit payer un bras pour aller au cinéma et préférera très certainement payer un abonnement à l’année à HBO Max. On craint le piratage, on craint la désertion de la salle. Ceux qui pirataient déjà les films continueront de le faire, ceux qui tiennent à aller absolument en salles iront toujours en salles et ceux qui préféraient déjà la SVOD la préféreront toujours. Ici l’avantage c’est justement de s’ouvrir un peu, de permettre à ceux qui n’en avaient pas forcément les moyens de découvrir le film en même temps que tout le monde, simplement dans des conditions différentes.

En France, ça ne changera pas grand-chose pour le moment. HBO Max n’étant pas disponible chez nous, les films Warner sortiront au cinéma comme d’habitude et dans l’immédiat, cela ne changera rien pour nous. Quand bien même HBO Max finirait par débarquer chez nous et la chronologie des médias (vraiment à la ramasse en France) finirait par éclater, le pays est suffisamment cinéphile (il suffit de voir les chiffres de fréquentation des salles durant la réouverture des cinémas pour s’en rendre compte) pour que cela ne nuise pas aux cinémas. Et quand bien même, il y aurait moins de blockbusters américains en salles, à la production européenne de rentrer en jeu et de prendre la place libérée. L’avenir du cinéma est en profonde mutation et la décision de Warner fera des émules et aura des répercussions. Mais le cinéma, le grand écran, est loin d’avoir dit son dernier mot, sa puissance est avérée et l’expérience collective sera toujours recherchée, que ce soit devant un film Warner ou un autre. Et Close-Up sera toujours là pour vous en parler, soyez-en certains.

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