Voir le Jour : Des petits cœurs pour un nouveau souffle

Le cinéma de Marion Laine est une affaire de cœur : après Un Coeur Simple (2008) avec Sandrine Bonnaire et Marina Foïs, puis À Coeur Ouvert (2012) avec Juliette Binoche et Edgar Ramirez, Voir Le Jour est une nouvelle étape pour la réalisatrice. Son nouveau film, sorti en salle le 12 août et en DVD le 1er décembre 2020, débute sur le petit cœur qui bat d’un bébé se débattant dans le ventre de sa mère. La vie est une question prégnante de ce film intéressant se déroulant sur trois lignes narratives portées par Sandrine Bonnaire, partenaire fétiche de Marion Laine.

Voir le Jour suit Jeanne, auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne ressurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.
Ainsi, après avoir rencontré Jeanne à la sortie de la maternité au détour d’une clope lors d’une pause, on pénètre son univers morose, car pris dans les tourments d’une femme qui n’a jamais su quoi faire de sa vie. La première partie de Voir le Jour est déconcertante, car brumeuse perdant son spectateur sur ses réelles intentions. Quelques séquences fantasmatiques, des flash-back se mettent en place pour finalement comprendre la teneur d’un troisième long-métrage poignant. 

L’état déplorable des maternités et les conditions de travail ne sont que le décor fort pour mieux dépeindre le portrait de Jeanne qui a subi une jeunesse de chanteuse rock à succès, puis l’arrivée de sa fille. Le métier de sage femme qui en découle est une nécessité pour survivre au cœur d’un studio miteux où la jeune Zoé devenue adulescente a pris toute la place.
Jeanne est alors à un tournant se retrouvant face à son avenir de femme avec un passé qui ressurgit. Voir le Jour est l’image souhaitée par Marion Laine de sentir et faire ressentir le fait que le personnage de Sandrine Bonnaire s’assume et assume sa vie passée, présente et future. 

Jeanne s’émancipe et affronte donc ses peurs au fil de cette peinture qui accroche par le fait de laisser entrer la lumière. Le personnage d’Aure Atika ouvre les rideaux pour rendre le film plus solaire, le spectateur voit le jour et Jeanne s’illumine un peu plus chaque jour qui approche le départ pour Paris de sa fille. La barrière avec ses collègues se fissure, Jeanne se permettant de se montrer, dévoilant un peu de son passé à la jeune stagiaire (authentique Kenza Fortas) ou assumant son rôle dans un final fort et accrocheur.
Voir le Jour est le portrait d’une femme-mère qui accouche les autres alors qu’elle-même n’est toujours pas construite. Sa vie s’est toujours jouée sur des nécessités. Jeanne trouve à peine sa place de femme-sage à l’émancipation de sa fille, un combat et une solidarité au sein de ce métier qui se désagrège faute à un manque de moyen conséquent. Sur l’air de Mamy Blue de Nicolatta, la mère se meurt laissant la place à la sage-femme et ses combats à mener, elle qui s’adjoint une identité attendue par tous depuis longtemps.

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