Bronx : Braquo saison 5

Qu’on se le dise, Olivier Marchal a ranimé le polar dans le cinéma français. Bien moribond au début des années 2000 après la dernière vague des films pour (et par) Alain Delon au milieu des années 1980, le poids était trop lourd pour une certaine génération. Avouons aussi que le Splendid et comparses ont vampirisés le cinéma français dans les années 90 jusqu’au film de trop, Les Bronzés 3. En 2002, Olivier Marchal tente un premier coup assez discret, véritable tour de force à la révision, avec Gangster comptant à son casting, Richard Anconina, Anne Parillaud et Francis Renaud. Deux ans plus tard, c’est la consécration avec 36 Quai des Orfèvres, confirmation du changement d’air sur le polar français moderne, opérant même sur la production télévisuelle. Il y a eu bien sûr Braquo sur 4 saisons pour Canal+ produite et en partie réalisé par Olivier Marchal. Une série à succès qui répondait à Engrenages, qui doit en partie sa création et son succès à cette flamme ravivée mettant de nouveau la lumière sur le polar à la française. 

Le polar a donc le vent en poupe depuis 20 ans grâce à Olivier Marchal, qui a vu sa suite prise par instant via Guillaume Canet, Eric Valette, même dans l’horreur avec La Horde de Yannick Dahan ou encore par le cinéma musclé signé Julien Leclercq avec comme point d’orgue Braqueurs en 2016.
Olivier Marchal est de retour, trois ans après Carbone, avec Bronx, polar musclé dans la lignée de sa série Braquo. Disponible depuis le 30 octobre sur Netflix, le dernier né signé Olivier Marchal est distribué en collaboration avec la Gaumont à la production du film. Un film riche profitant d’un budget confortable avec un casting ample de tronches de cinéma dévouées aux rôles, habitués – voire amis  du cinéma d’Olivier Marchal. Seuls les quatre rôles principaux sont nouveaux, entre Lannick Gautry, David Belle, Stanislas Mehrar et Kaaris, constituant un groupe de la BRI renvoyant aux quatre autres personnages crée pour ladite série. Des sales tronches devant jouer aux gangsters pour mieux régler leurs enquêtes et arrondir leurs fins de mois difficiles. Comme dit le personnage interprété par Claudia Cardinale, sortie de sa retraite et caché sous ses lunettes de soleil en baronne de la pègre corse, à Lannick Gautry : « Vous savez ce qui nous différencie ? Une carte de police ».
Olivier Marchal joue une nouvelle fois sur tous les niveaux du grand banditisme qui se déroule au cœur de la ville de Marseille. La pègre locale, la mafia corse, la BRI et les grands patrons qui se noient au cœur de ce « Bronx » où tout se règle armes au point à un feu rouge ou à la sortie d’une école. Tout le monde y passe ou presque, les flics impliquant des méthodes de voyous pour régler leurs comptes, braquant les dealers tout en faisant chanter les plus hauts gradés. C’est bien le « Bronx », et l’on se demande bien, en regardant le film, tout en relativisant le pourcentage minime entre réalité et romanesque, comment tout cela se réglera un jour, si cela se règle. Souvenons-nous de French Connection 2 de John Frankenheimer ou dernièrement La French avec Dujardin/Lellouche sur fond de décor de la chère ville de Marseille où les intrigues concordantes se déroulaient il y a de cela 40 ans. Rien n’a changé depuis, pire le phénomène s’est amplifié avec moult acteurs ajoutés.

Bronx prend exemple sur sa grande sœur, la série signée Olivier Marchal, Braquo. La quatrième saison se déroulait à Marseille, comme une introduction indirecte à ce film. Bronx prend en quelque sorte la suite ne déstabilisant jamais le fan du cinéma de l’ex-flic devenu acteur puis réalisateur. Un groupe de quatre solidaires qui se salissent les mains pour conclure leurs enquêtes, une troupe jeune et abîmée par leurs différentes histoires. On retiendra la descente aux enfers de Kapellian, incarné avec retenue par Stanislas Merhar, sur lequel le film s’ouvre pour mieux nous saisir. Olivier Marchal convoque des jeunes recrues en seconds rôles plutôt bien écrits les faisant exister tel quel, notamment Erika Sainte qui interprète la compagne enceinte de Vronski (Lannick Gautry) et qui est autrement la coéquipière de Marchal dans la série Les Rivières Pourpres, où il est Niemans.
Marchal retrouve également ses fidèles comme Francis Renaud en pourri ou Moussa Maaskri, gueule patibulaire qui aura tout joué en compagnie du réalisateur. Reste alors Jean Reno qui s’impose en grand boss ou Eriq Ebouaney que l’on retrouve après sa participation à La Terre et Le Sang de Julien Leclercq disponible sur Netflix. Un casting de sacrées tronches de cinéma qui s’affronte dans ce polar musclé, sans la moindre surprise, mais diablement bien ficelé au cœur de la ville de Marseille, fameux décor de cinéma, ville coupe-gorge où tous les coups son permis.

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