Petit Vampire : Enfance éternelle

C’est peut-être le personnage le plus célèbre sorti de l’imagination de Joann Sfar et ce d’autant plus qu’il a tendrement bercé notre enfance avec ses BD et sa série animée diffusée sur France 3 en 2004. Petit Vampire est désormais le héros d’un film d’animation débarquant dans nos salles. La nouvelle est réjouissante en soi, mais le fait de savoir Sfar en personne à la réalisation et au scénario (avec Sandrina Jardel en collaboration à l’écriture, elle qui a travaillé avec lui plusieurs fois) avait de quoi nous faire plaisir tant son univers semble taillé pour le grand écran.

Nous voilà donc propulsés dans un monde où les morts côtoient les vivants. Traqués par le Gibbous, un être à face de lune depuis des siècles, Petit Vampire et sa mère se sont réfugiés avec le capitaine des morts et de nombreux monstres dans un manoir isolé au sommet d’une ville côtière. Mais Petit Vampire est fatigué d’être toujours traité comme un enfant après 300 ans d’existence et il veut aller à l’école pour se faire des copains. Désobéissant à sa mère, il fait donc la connaissance de Michel, un jeune garçon orphelin ravi de partager avec lui des tas de jeux. Mais en sortant du manoir protégé par un sort, Petit Vampire risque bien de se faire repérer par le Gibbous…

Adaptation fidèle des tomes de la nouvelle série de BD Petit Vampire lancée en 2017, le film est un pur plaisir visuel et retranscrit à merveille le style de Sfar, fait d’un univers foisonnant capable de plaire aux enfants tout en développant en filigrane des thématiques plus adultes. On peut donc, au sein du même film, écrire un gag à base de caca tout en interrogeant le sens de l’existence et notre rapport à la mort. Une habitude chez Sfar qui a toujours mélangé humour décalé et parfois du front avec des choses plus adultes et plus violentes (notamment dans la fabuleuse série Donjon, co-écrite avec Lewis Trondheim). Les amateurs de la bande dessinée ne seront guère dépaysés, mais prendront plaisir à voir notre héros prendre son envol dans une animation aussi belle que singulière tandis que ceux découvrant cet univers devraient être charmés pour peu qu’ils apprécient le fantastique, les monstres et les pirates.

Pas forcément de surprises à la clé donc si ce n’est un certain étoffement des personnages et le bonheur de les voir prendre vie et voix sous nos yeux (on ne se remet toujours pas de l’accent du sud de Fantomate) avec toujours autant de plaisir. Cette récréation cinématographique pour le personnage est en tout cas une réussite totale. L’impression de voir littéralement les cases de la BD s’animer sous nos yeux avec un talent cinématographique certain (l’introduction laisse craindre un rythme peu maîtrisé mais l’ensemble se reprend très vite en main) est bien là et confère une aura magique au film qui opère comme une véritable bouffée d’air frais dont on voudrait qu’elle soit éternelle. Une seule solution alors, revoir le film et relire les BD, pour profiter de cet univers et côtoyer avec bonheur des monstres au grand cœur.

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