Lupin III – The First : La Dernière Croisade

Il s’appelait Edgar, gentleman cambrioleur ou détective cambrioleur selon les multiples séries et adaptations pour la diffusion télévisuelle en France. Il est surtout Lupin troisième du nom, petit fils d’Arsène Lupin, crée par Maurice Leblanc en 1905. Mais en France, impossibilité d’utiliser le nom, alors le personnage japonais créé en 1967 par Monkey Punch se nommera Edgar.
Cinq séries animées depuis 1969, une dizaine de longs métrages et plus d’une trentaine de téléfilms, la saga Lupin III fait partie des plus célèbres licences d’animation au Japon, l’une des rares qui continue de traverser le temps depuis près de 50 ans. Après les ressorties du Château de Cagliostro (premier long-métrage d’Hayao Miyazaki) et du Secret de Mamo en versions restaurées chez Splendor Films, Eurozoom sort au cinéma Lupin III – The First le 7 octobre 2020.

Malgré tout l’historique de Lupin III, pourquoi un sous-titre tel que The First ? Reboot de la saga ? Le sous-titre fait référence, d’une part, au journal de Bresson évoquant un trésor que le premier Lupin, Arsène, n’est jamais parvenu à dérober, et d’autre part, au fait que ce film est à la fois le premier de la saga réalisé par Yamazaki, mais surtout le premier film de Lupin en 3D. Mais le film, en dépit de conquérir les aficionados de la mythologie, essaye de convaincre les non-initiés en ameutant une nouvelle génération plutôt élevée aux Pokémons et autres mangas actuellement à la mode. Par une modélisation 3D de toute beauté, Lupin fait peau neuve. La technologie n’est aujourd’hui plus à prouver, les textures sont sublimes (la veste en cuire rouge de Lupin est palpable) tout comme le rendu des cheveux dans les séquences d’actions qui se multiplient. Puis l’on peut parler des courses poursuites effrénées où la lumière se reflétant sur les carrosseries est bluffante. L’animation est donc au rendez-vous, à l’image des derniers films adaptant Saint Seya ou Albator. Le point faible du Lupin III résonne également en parallèle de ceux de ses deux confrères cités : il manque au film une âme, un point de vue, l’identité d’un auteur s’appropriant l’univers et le personnage pour mieux le pousser et l’élever au cœur d’une aventure palpitante. Le film reste divertissant et inarrêtable, mais l’orchestration est mécanique, froide nous laissant en dehors, comme spectateur (ce que l’on est effectivement), sans la moindre émotion, la moindre excitation. Lupin III – The First déroule son fil nous plongeant au cœur d’une aventure trépidante. Le film capte de multiples références, dont la plus flagrante est Indiana Jones. L’introduction même renvoie au travail de George Lucas et Steven Spielberg convoquant les nazis, un trésor et de multiples énigmes à résoudre. 

L’histoire de Lupin III – The First se concentre sur la jeune Laëtitia qui, pour faire main basse sur le journal de Bresson, doit s’associer avec Lupin. Ce trésor révèle de terribles secrets, et même Arsène Lupin n’a jamais réussi à le dérober. Alors que Lupin III et ses compagnons se démènent pour dénouer les secrets du fameux journal, ils doivent faire face à une sombre cabale poursuivant d’horribles desseins.
Parlons-en de ses fidèles compagnons qui apparaissent aux besoins d’un scénario quelconque. Daisuke, Goemon, Fujiko et même l’inspecteur Zenigata servent au bon vouloir des facilités scénaristiques se déroulant avec une énergie folle. On retrouverait par bribe le génie burlesque de Miyazaki sur Le Château de Cagliostro, mais rapidement le film s’évapore au centre d’une furie sans queue ni tête en plein désert. L’action tourne à vide, écoeurant le spectateur tel un film signé Michael Bay. À défaut de lui instiguer la moindre personnalité, Takashi Yamazaki, le réalisateur, se démène comme un forcené pour multiplier les retournements de situation et les séquences ahurissantes. Lupin III – The First finit par devenir épuisant nous laissant circonspects, voire pressé que tout cela se finisse. 

Lupin III signe son retour au cinéma avec énergie. Takashi Yamazaki montre toute sa bonne volonté à vouloir divertir et se démène pour accrocher son spectateur à son fauteuil. Lupin III devient alors un ersatz d’Indiana Jones au cœur d’une aventure archéologique amusante au départ, puis vite éreintante à force d’en prendre plein la vue. Un blockbuster japonais certes magnifique par un rendu 3D du plus bel effet, mais Lupin III – The First manque cruellement de la moindre vision de cinéma, d’une interprétation personnelle, et plus particulièrement d’une âme pour convaincre totalement.

2 Rétroliens / Pings

  1. Édito – Semaine 42 -
  2. Godzilla Minus One : Vaincre le traumatisme de la guerre -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*