Édito – Semaine 41

Alors que l’on déplore actuellement une ‘’pénurie’’ de films américains en salles (seul Tenet, dépassant fièrement les 2 millions d’entrées peut se targuer d’attirer autant de monde dans les salles là où son exploitation américaine est bien en-deçà des espérances), force est de constater que, comme on l’avait prédit, l’envie de cinéma reste présente chez le public français. Le très bon score d’un film comme Antoinette dans les Cévennes et l’excellent démarrage du documentaire Un pays qui se tient sage (qui affichait la semaine dernière des séances complètes) sont là pour en témoigner.

L’absence de mastodontes américains, aussi chagrinante soit-elle (on attendait The King’s Man et Wonder Woman 1984 pour le mois dernier et ô tristesse, Mourir peut attendre qui arborait fièrement le mot Novembre sur sa dernière affiche vient lui aussi d’être décalé à avril prochain soit un an après sa date de sortie initiale) permet cependant à d’autres films de trouver leur public et ce même avec la distanciation sociale toujours imposée par la Covid-19. Chez nous il faut dire que la situation, bien que sérieusement sur la sellette actuellement, est moins pire qu’ailleurs. Aux États-Unis, la pandémie fait des ravages monstrueux et risque fort de bouleverser à jamais la manière de sortir les films. Ben Affleck, interrogé récemment, pense, comme beaucoup d’autres analystes, que désormais les salles de cinéma seront réservées à une poignée de films attendus au budget colossal tandis que le cinéma indépendant devra trouver sa place ailleurs. L’omniprésence des plates-formes SVOD dans nos vies auraient tendance à confirmer cette affirmation même s’il nous paraît tout de même inenvisageable, à titre personnel, de n’aller au cinéma que pour voir des films de super-héros.

Il faudra cependant attendre que la situation se calme pour que l’on prenne conscience de l’ampleur de la pandémie et de ses conséquences sur le marché du cinéma. Est-ce que par la suite, Disney systématisera les sorties de ses films sur Disney+ ? Netflix et ses consorts deviendront-ils plus puissants ? Comment le marché français s’adaptera à ces changements ? Beaucoup de questions sans réponses, à laquelle on ne peut qu’opposer l’envie farouche, irrépressible et toujours bien présente d’aller au cinéma, de voir des films en salles, en communauté sur un grand écran. Nous faisons déjà suffisamment de choses dans notre coin comme ça, évitons de nous refermer sur nous-mêmes et faisons vivre la culture car dans cinq ans, quand nous aurons changé de Président, que notre femme nous aura quitté et qu’une crise économique pointera le bout de son nez, il nous restera toujours notre alliée la plus fidèle pour nous soutenir : la culture, cette amie qui vous réchauffe le cœur et vous ouvre d’autres mondes.

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