Fin de siècle : L’amour à travers le temps

Remarqué l’année dernière au festival Chéries-Chéris où il avait reçu le prix du Jury Fiction, Fin de siècle débarque enfin dans nos salles dès le 23 septembre. L’occasion, pour ceux qui sont en mal de romance actuellement, de découvrir une œuvre remplie de tendresse dissimulant une belle ambition sous son apparente simplicité.

À la découverte des premières minutes du film, il y a d’abord la crainte de s’ennuyer mortellement. On y suit Ocho, un argentin de New York venu en vacances à Barcelone. Il déambule dans l’appartement qu’il a loué, va à la plage, se douche. Une espèce de routine sans dialogues, banale qui nous fait sincèrement demander où tout ça va bien pouvoir déboucher. Sur une rencontre évidemment, celle avec Javi, un espagnol de Berlin. Les deux hommes passent une nuit ensemble avec l’impression de se connaître depuis toujours et leur histoire à priori anodine prend des proportions plus larges, s’étendant sur plusieurs années.

À partir du moment où Fin de siècle décide de brouiller la frontière de la réalité en jouant avec le champ des possibles quant au destin de ses personnages, le film fascine complètement. Jouant à la lisière du fantastique et l’idée d’un destin rapprochant Ocho et Javi, Lucio Castro réalise là un grand film romantique, épique dans sa volonté de traverser le temps mais intime dans son approche des personnages, Fin de siècle se fixant auprès d’eux pour ne jamais les quitter, nous donnant, à la fin de la projection, la farouche impression de les connaître depuis longtemps.

Il ne se passe pourtant pas grand-chose tout au long du récit, sinon beaucoup de scènes de discussions et de tendresse entre nos deux héros (formidablement interprétés par Juan Barberini et Ramon Pujol). Des scènes à priori banales mais d’une authenticité étonnante et attendrissante, filmées avec délicatesse par un cinéaste qui n’a pas peur de l’intime et qui livre là une belle fresque sur le couple tout en abordant des thèmes plus vastes et tout aussi profonds comme le sens de l’existence, notre rapport à la beauté et à l’amour ainsi qu’à la création. Le résultat est étonnamment envoûtant et nous saisit au vol, sans vraiment que l’on ne s’en aperçoive. D’un coup, la banalité des premières séquences laisse place à un enthousiasme sincère envers les personnages et leur évolution, sans aucun artifice puisque la narration trouble sert ici totalement le propos du film. Une belle découverte sensible donc, qu’on ne saurait que trop vous conseiller pour ajouter un peu de tendresse à votre vie.

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