Light of my life : S’il ne reste que l’amour

Alors qu’une épidémie mondiale a décimé toute la population féminine, un père sillonne les routes avec Rag, sa fille de 11 ans, mystérieusement épargnée par le virus. Dans ce contexte hostile, où seuls restent les hommes et la violence, ils vivent avec une discipline stricte, sans arrêt sur le qui-vive pour fuir tous ceux qui veulent s’en prendre à eux. Contraints de cacher la réelle identité de Rag, ils tentent de vivre leur quotidien du mieux qu’ils peuvent…

Difficile, à la lecture de ce pitch, de ne pas penser à La Route ou à Y, le dernier homme à qui Light of my life semble emprunter beaucoup jusque dans sa volonté de ne pas nommer ouvertement ses personnages (Rag n’est qu’un surnom et le père n’est jamais désigné autrement que par cette fonction) et dans son contexte post-apocalyptique. La crainte de voir Casey Affleck (dont c’est ici le deuxième long-métrage après le délirant I’m still here) réaliser un film aussi balisé était donc bien là avant de se laisser embarquer par le voyage émotionnel proposé, né des histoires que l’acteur-réalisateur-scénariste racontait à ses enfants au moment du coucher.

C’est d’ailleurs dès la séquence d’introduction, où le père conte une histoire à sa fille que Casey Affleck met un point d’honneur à sa note d’intention et utilise finalement tout ce prétexte post-apocalyptique pour raconter les relations d’un père à sa fille, comment elles évoluent à mesure que l’enfant grandit et prend de plus en plus conscience des réalités et des dangers du monde extérieur. Light of my life sera donc un voyage émotionnel, dont le contexte ne servira finalement qu’à mettre en exergue tout ce qui unit le père et Rag. Les passages obligés de ce genre de récit (avec ce qu’ils contiennent de violence) sont ainsi réduits au minimum pour se concentrer avant tout sur les personnages.

Un choix peu étonnant de la part de Casey Affleck, qui écrit également le scénario et qui s’est toujours érigé en un acteur sensible, à même de dépeindre avec humanité les failles de ses personnages. On ne sera guère surpris que Light of my life lui ressemble donc autant tout en empruntant au cinéma de David Lowery (dont Affleck est l’un des acteurs fétiches) une certaine poésie de la nature et le compositeur Daniel Hart. Écrit avec une belle subtilité lui permettant d’éviter les redondances, Light of my life permet à Casey Affleck d’étendre ses talents de réalisateur, le montrant capable de gérer l’espace et de créer de la tension et de l’émotion sans jamais donner l’impression qu’il en fait trop. Surtout Affleck a su créer une superbe alchimie avec Anna Pniowsky, la jeune actrice qui incarne Rag et qui se montre d’un naturel déconcertant. Sa relation avec Casey Affleck (forcément impeccable dans ce rôle de père aimant, mais parfois dépassé) constitue le cœur émotionnel du film et permet ainsi à Light of my life d’émouvoir en toute simplicité, parvenant à offrir à son spectateur une couche supplémentaire au genre post-apocalyptique dont il aborde les codes tout en tâchant de les transcender. Une jolie réussite, peu originale, mais pleine de tendresse et d’humanité, pétrie de subtilité sur ce qu’est l’éducation parentale. Une découverte à faire assurément.

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