Signal : Poussières d’étoile et blocs de lest…

Disponible depuis le 2 juin 2020 aux éditions Artus Films en DVD, Signal : une aventure dans l’espace de Gottfried Kolditz fut – après L’étoile du Silence tourné dix ans plus tôt – le second film de science-fiction réalisé et produit en RDA. Sortie au tout début des années 70, cette série B au budget relativement confortable pourrait être l’éventuel chaînon manquant commercial reliant 2001 : l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick découvert en 1968 et le Solaris de Andrey Tarkovsky – de deux ans son cadet. Basé stricto sensu sur le récit d’une mission spatiale consistant à secourir un vaisseau bloqué dans un essaim d’astéroïdes puis destinée à interpréter des signaux proférés par quelque intelligence extraterrestre, Signal : une aventure dans l’espace demeure – à l’instar de L’étoile du silence – un film émotionnellement monolithique et techniquement vieillot, du moins en comparaison des deux chefs d’oeuvre sus-cités qui l’embrassent dans la chronologie des évènements.

Commençons par le positif concernant le film de Gottfried Kolditz : l’audace des effets visuels qui – s’ils n’atteignent pas même le talon des maquettes grandioses de la pièce maîtresse kubrickienne – en reprennent partiellement l’ambition et l’apparat artistique. Par ailleurs, de mémoire de cinéphile, Signal : une aventure dans l’espace est l’un des rares films de SF des années 60-70 à être parvenu à narrer son intrigue au gré d’un usage du silence complet dans ses moments de pure tension dramatique, s’affichant ainsi comme le faire-valoir correct et idéal de 2001 ( on retrouve dès le prologue une similitude avec le film de Kubrick en l’objectif de ladite mission effectuée aux abords de Jupiter, puis forcément dans l’exploration permanente de l’intelligence artificielle et/ou extraterrestre au sortir des vingt premières minutes du métrage…). Modeste space-opera osé, mais cheap, cette production made in RDA cherche – au risque d’en souffrir – la comparaison avec ce qui s’avéra, et s’avère encore aujourd’hui, comme étant LA référence ultime du Cinéma de science-fiction, et c’est là son moindre mérite.

Pour le reste, Gottfried Kolditz nous entraîne dans un récit lénifiant, peuplé de personnages exsangues de psychologie et redoutablement réduits à leur fonction narrative, nous laissant suivre d’un oeil morne un voyage pétri d’atermoiements et de rebondissements convenus. Parfois approximative la mise en scène recèle de lacunes techniques pas forcément rédhibitoires, mais suscitant inévitablement la lassitude, tant ce film semble condamné à rester bloqué dans son époque sans jamais la dépasser ( faux raccords, sentiment de carton-pâte et cetera…). Politiquement l’objet se veut sympathisant au socialisme ambiant de l’autre côté du Mur, allant même jusqu’à nous balancer une ou deux séquences de vie terrestre et balnéaire so yéyé et gentillette… Bref, Signal : une aventure dans l’espace demeure un objet médiocre malgré ses prises de risque visuelles, silencieuses et idéologiques ; il n’en reste pas moins phagocyté par ses modèles et voué à s’en tenir à la pure et simple anecdote…

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