L’étoile du silence : Je suis Vénus, et n’ai rien vu…

Quoi de pire, quoi de plus fatal qu’un film de cinéma ne suscitant qu’une terrible indifférence au sortir de son visionnage ? Presque davantage enclins à vouloir fustiger un film qu’ils abhorrent au point d’y trouver une certaine forme de jubilation ou à s’étonner amèrement du dernier naufrage artistique d’un projet tant attendu depuis des mois les cinéphiles ont pour ennemi juré ce triste goût d’insipide propres aux films tièdes, aux identités quelconques et aux récits sans aucunes surprises…

Disponible en DVD et Blu-ray aux éditions Artus Films depuis le 2 juin 2020 dans la collection SF Vintage (cette dernière incluant également le film Signal – Une aventure dans l’espace), L’étoile du silence tient malheureusement de cette race de films cités plus haut, ne laissant qu’un piètre sentiment d’apathie à l’égard du projet et de son résultat. Beaucoup de choses pouvaient à priori séduire en amont du visionnage : un DVD remastérisé en bonne et due forme, valorisé par une jaquette ad hoc ainsi qu’un pitch de présentation de la collection annonçant un pur hommage aux séries B et au cinéma de genre. Nous osions espérer qu’un tel emballage marketing allait de paire avec une savoureuse pépite bis… ne nous laissant finalement avec zéro atome crochu vis-à-vis de l’objet suite à sa ronflante découverte.

Petit film d’expédition spatiale d’une équipe de savants triés sur le volet en partance pour l’étoile Polaire, le film de Kurt Maetzig n’est donc ni plus ni moins qu’un film de science-fiction correspondant au cahier des charges du cinéma bis des années 50-60 : petit budget, enjeux scénaristiques nets et simples, structure narrative en trois actes, personnages archétypaux et/ou figures obligées du survival et mise en scène classique collant au plus près de l’action… Rien, RIEN de nouveau sous le soleil dans L’étoile du silence, qu’il s’agisse de la banalité démonstrative des dialogues de tous les personnages (ces derniers se contentant la plupart du temps de commenter l’action se déroulant sous nos yeux) ou des effets spéciaux ayant horriblement mal vieilli soixante ans plus tard (sans aller jusqu’au désastre du très farfelu Plan 9 from Outer Space de Edward D. Wood Jr. sorti à la même époque le visuel proposé par Kurt Maetzig manifeste tout de même de fâcheuses lacunes, au détour par exemple d’une scène d’apesanteur aux ficelles très apparentes…).

On sent pourtant – et c’est bel et bien là où le bât blesse – une réelle volonté de la part du réalisateur de nous livrer un pur divertissement de niche, voué à satisfaire les aficionados de la SF des années « Guerre Froide » (L’étoile du silence fut produit par la RDA, versant communiste de l’Allemagne contemporaine, en plus d’être adapté du grand écrivain Stanislas Lem, également responsable du Solaris réalisé par Andrey Tarkovsky au début des années 70). Du reste, Kurt Maetzig y va prévisiblement de son petit commentaire sur les méfaits du nucléaire et sur la sauvegarde des ressources terrestres au crépuscule du métrage, ne nous apprenant pas grand-chose de plus qu’au lever du jour… Bref voilà un film banal et platement construit, réussissant même à faire rajeunir de vingt ans les premiers trucs de Georges Méliès au regard de ses effets façon « kermesse d’école ». Au suivant !

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*