The Vigil : Dure nuit de travail

Si le cinéma d’horreur a épuisé jusqu’à la moelle l’imagerie chrétienne et ses démons, la religion juive, outre ses fameux golems, n’a guère eu les honneurs du cinéma de genre. Keith Thomas entend réparer cela avec The Vigil, film d’horreur se déroulant au sein d’une communauté juive orthodoxe. Yakov a beau avoir quitté la communauté suite à un tragique incident, un rabbin lui propose un jour d’être sholem pour une nuit. A priori le travail est simple, il s’agit de veiller sur un mort toute la nuit en récitant psaumes et prières pour que son âme puisse partir en paix. Sans grande volonté, Yakov accepte, ayant trop besoin d’argent pour refuser. Il ignore que la maison dans laquelle il met les pieds abrite une force obscure qui mettra ses nerfs à rude épreuve…

Pour son premier long-métrage, Keith Thomas se tourne vers le genre avec un amour sincère. Mais bien conscient de ne pas pouvoir y apporter grand-chose d’original, il a la riche idée de le situer au sein de la communauté juive, puisant ainsi dans son expérience personnelle pour proposer enfin quelque chose de différent, bien moins spectaculaire que toute l’imagerie chrétienne, ses croix et ses phrases hurlées en latin. Non seulement le contexte du film lui donne une originalité (et l’idée de veiller un mort toute une nuit a un énorme potentiel horrifique) mais s’il s’en sert avant tout pour proposer une véritable expérience pleine de frissons, il n’en nourrit pas moins des idées plus intéressantes derrières.

Ainsi The Vigil peut totalement être apprécié sur ses deux niveaux lectures. L’un au premier degré, versant dans le côté purement horrifique du genre, est certainement le moins original, la mise en scène, sacrément bien maîtrisée au demeurant, n’évitant pas quelques jump-scares faciles. Le film se montre cela dit largement plus passionnant quand il aborde à sa façon la question de la souffrance du peuple juif, le démon que Yakov affronte ayant suivi le mort qu’il doit veiller depuis les horreurs de la seconde guerre mondiale. Yakov, lui aussi meurtri et en perpétuelle souffrance suite à un deuil, devra ainsi aller au-delà et avancer coûte que coûte s’il veut survivre à sa nuit dans cette maison. S’il est au premier abord un simple prétexte horrifique, le démon donne finalement chair à quelque chose d’infiniment plus complexe, permettant à Yakov d’évoluer au fur et à mesure du film, celui-ci traversant un parcours classique mais traité avec une belle sincérité, d’autant plus touchante que Dave Davis porte parfaitement le film sur ses épaules.

Non content de nous coller quelques frissons, The Vigil s’affirme alors comme un film sachant aller au-delà de son registre sans pour autant le prendre de haut. De quoi suffire à nous lier émotionnellement avec le personnage et de justifier la vision de ce film, marquant les débuts d’une prometteuse carrière pour Keith Thomas, l’homme se retrouvant désormais derrière les rênes d’une nouvelle adaptation du Charlie de Stephen King, sous la houlette de Jason Blum…

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