You Should Have Left : La frousse aux trousses

On se souvient tous de la grande réussite d’Hypnose, film mêlant habilement surnaturel et thriller tout en imposant à la rétine quelques plans bien traumatisants. Autant dire que 21 ans après le film, les retrouvailles entre David Koepp et Kevin Bacon pour un film d’horreur produit sous la houlette de Jason Blum avait de quoi nous mettre l’eau à la bouche. Disponible en VOD depuis le 18 juin dernier après une sortie salles avortée, You Should Have Left peut donc se livrer à nous et dérouler sa trame cauchemardesque.

Theo Conroy est un homme au lourd passé, tâchant de chasser ses démons auprès de sa femme et de sa fille. Devant sans cesse refouler ses sentiments de jalousie envers sa femme, actrice et plus jeune que lui, il profite qu’elle ait un tournage en Angleterre pour louer une maison dans la campagne du pays de Galles où il espère qu’ils pourront se ressourcer. Manque de bol, il se passe d’étranges événements dans la maison, celle-ci nourrissant les cauchemars de Theo et semblant cacher des pièces secrètes…

Rien de bien nouveau dans la thématique de la maison hantée donc pour ce film qui, s’il ne renouvelle pas la belle réussite de Hypnose, n’en demeure pas intéressant de par son écriture fouillée au niveau des personnages, parvenant à transcender des ressorts éculés du genre pour lequel l’on se désintéresse très vite. Ainsi, si l’on salue la beauté et l’inquiétant côté aseptisé du décor de la maison (moderne pour changer des clichés gothiques), les scènes relevant de la pure horreur sont relativement sans saveur et sans surprises, Koepp devant jongler avec du déjà-vu sans jamais parvenir à y apporter une touche intéressante.

La vraie réussite de You Should Have Left repose donc du côté des personnages, loin d’être de simples archétypes du genre présents au service du récit, ils en sont au contraire le vrai moteur. Les rôles secondaires de Susanna et d’Ella, la femme et la fille de Theo sont discrets mais bien écrits tandis que Theo, incarné avec une belle conviction par un Kevin Bacon toujours aussi fringuant, se révèle être la force du film. Personnage passionnant de par son passé et ses émotions qu’il a du mal à gérer, Theo rend le récit prenant et l’ancre dans une réalité palpable, à laquelle on peut se rattacher. C’est par lui que le récit horrifique (forcément lié à ses démons) peut décoller et non l’horreur qui s’impose à lui. Cette façon insidieuse de faire remonter l’horreur à la surface, Koepp la maîtrise très bien et sait gérer ses personnages pour en faire plus que de simples figurines dans son décor.

Il sera donc dommage de constater qu’au-delà de cette écriture plutôt soignée, le côté horrifique du film et ses rebondissements apparaissent comme paresseux à une époque où l’on a presque déjà tout vu dans le genre. Si l’on aurait voulu un peu plus de conviction de la part du film quand il se lance sur ce terrain, il n’en demeure pas moins réussi par sa modestie et sa retenue, parvenant à se faire le miroir de nos propres démons intérieurs. Pour un film d’horreur Blumhouse, c’est quelque chose de suffisamment rare pour être souligné !

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*