L’envolée : Va, vis et deviens

Maintenant que les cinémas ont rouverts, nous pouvons désormais abandonner nos écrans d’ordinateurs et nos télés connectées pour faire des découvertes en salles et soutenir le cinéma d’auteur. En salles le 8 juillet, L’envolée, premier long-métrage de Eva Riley est de ces films qui savent toucher le cœur, en dépit d’un scénario parfois un peu maladroit.

Le film nous conte l’histoire de Leigh, 14 ans qui vit dans la banlieue de Brighton avec son père. Celui-ci ne s’occupe pas d’elle et Leigh, dont la mère est décédée, n’a que la gymnastique qui occupe une place importante dans sa vie. Un jour, un jeune homme se présente à sa porte : c’est Joe, un demi-frère dont elle ignorait l’existence et qui va bouleverser la sienne. Lui vole des motos pour gagner de l’argent, elle qui était d’abord méfiante se sent grisée par l’arrivée de ce jeune homme lui ouvrant de nouvelles perspectives.

Sur le papier, tout est classique et réuni pour former un film social dans la plus pure tradition du cinéma anglais comme on en voit à la pelle. Situation difficile, adolescente dans la tourmente, parents aux abonnés absents et bêtises pour s’épanouir ailleurs. L’envolée coche toutes les cases un peu bancales de ce cinéma sans se soucier de flirter avec le cliché. Eva Riley s’en moque et assume son film jusqu’au bout quitte à cependant mal dégrossir certains enjeux du scénario, finalement un peu plat et ne résolvant pas grand-chose des problèmes qu’il pose.

L’intérêt du récit est ailleurs. D’une part, parce que la réalisatrice évite au moins une tendance du cinéma social anglais : les grands immeubles grisâtres et la pluie permanente. L’envolée est, de façon étonnante, un film ensoleillé dont le cœur repose sur la relation entre Leigh et Joe qui s’apprivoisent, apprennent à se connaître et à s’aimer de façon totalement naturelle et touchante. Acteurs non-professionnels, Frankie Box et Alfie Deegan insufflent une belle énergie à leurs personnages, les rendant tout de suite crédibles et attachants malgré leurs défauts et leurs maladresses. Tous deux sont les rayons de soleil du film, Frankie Box s’imposant en une poignée de séquences comme une sacrée actrice que l’on souhaite vivement revoir à l’écran tant elle sait embraser l’écran par sa présence.

Dommage donc que le scénario ne suive pas derrière et laisse énormément de choses en suspens, L’envolée perdant de son intérêt à travers des séquences maladroitement esquissées, dessinant d’éventuels enjeux pour plus tard à laquelle il ne répond pas. Cela ne doit cependant pas empêcher la découverte de ce premier long-métrage plein de tendresse capable de nous mettre du baume au cœur en une poignée de séquences, notamment sur sa fin, réussie à bien des égards, évitant de sombrer dans la grise mine pour mieux émouvoir.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*