Hell Night : What the hell ?!

Rimini Editions continue d’étoffer son catalogue de films d’horreur « oubliés » et nous proposent la ressortie de Hell Night dans une édition collector qui ravira les fans de Linda Blair. Réalisé par Tom DeSimone, à qui l’on doit la désopilante comédie Le Sexe Qui Chante où une femme découvre que son vagin a le pouvoir de parler lorsqu’il se met à commenter la piètre performance d’un de ses amants. Une comédie décomplexée qui sentait bon le vent de la liberté sexuelle qui s’est abattu sur le cinéma américain à la fin des années 70. Hell Night est la seconde œuvre « majeure » de la filmographie de DeSimone.

Pour leur initiation, quatre nouveaux membres d’une association étudiante doivent passer la nuit dans un vieux manoir abandonné. Douze ans plus tôt, le propriétaire du manoir y a tué sa famille avant de se donner la mort. Selon la légende, un membre de la famille aurait survécu et hanterait le manoir.

Slasher conformiste dans les règles de l’art, Hell Night sort en 1981 et tente paresseusement de surfer sur la popularité du genre qui a été propulsé l’année auparavant avec Vendredi 13. La mise en place des personnages se fait méthodiquement. La légende qui plane autour du manoir nous annonce la couleur de ce qu’il va se passer. Les premiers meurtres surviennent rapidement. Hell Night démarre en bonne et due forme. Malheureusement, le film va très vite tomber dans une lourdeur affligeante qui lui collera à la peau jusqu’au générique de fin. Le scénario de Randy Feldman (l’auteur derrière Tango & Cash) souffre d’un trop peu d’éléments consistants afin de capter l’attention du spectateur jusqu’au bout. De ce fait, DeSimone s’emploie inlassablement à étirer les séquences au maximum, jusqu’à la nausée. Les personnages déambulent aussi lentement qu’une tortue, le regard perdu dans le vide, pendant de très très (trop) longues séquences interminables. D’un petit film d’horreur correct de 80 minutes, Hell Night se transforme en un immense ballet déambulatoire plat et inconsistant de 100 minutes. C’est fort dommage, d’autant que DeSimone sait jouer avec le cadre lorsqu’il s’agit de cacher les misères du petit budget pendant les séquences de mise à mort. Ni le charme des années 80 ni le charme des acteurs ne saura sauver Hell Night de son infaillible morosité.

Linda Blair, mis à part sa bouille d’ange avant les ravages de l’alcool et de la drogue, n’offre pas le crédit suffisant au film pour tenir la cadence. Elle joue avec la dextérité d’un manche à balai et subit les déboires du scénario plus qu’elle ne les affronte. Il en sera de même pour tout le casting d’ailleurs. Même si l’on sent les acteurs heureux de participer au projet (sûrement portés par l’enthousiasme suscité par Vendredi 13), ils ne font rien de plus que de faire chavirer le film dans la gaudriole de mauvais goût. Cela aurait pu avoir son charme. Hell Night aurait pu être une joyeuse série Z, si son rythme n’était pas d’un ennui abyssal. Et même si l’on sent l’amour de DeSimone pour le genre (notons un joli clin d’œil à Massacre à la Tronçonneuse) ; genre qu’il perfectionnera à la télévision en réalisant 4 des meilleures épisodes de la série Freddy’s Nightmares ; Hell Night n’arrive à aucune cheville des innombrables copycats qui pulluleront sur la toile après Black Christmas, Halloween et autres Vendredi 13. Ne reste qu’un décor qui nous ramènera aux meilleures heures des studios Hammer. Le château est parfaitement mis en valeur. Les cadres aident à l’imposante posture de ce dernier. Il aurait été préférable de faire bouger les personnages dans de nombreux couloirs labyrinthiques plutôt que de les enfermer dans une pauvre et misérable chambre. Quand bien même certaines séquences nous offriront cela, elles resteront bien maigres face à l’ensemble du projet final.

Hell Night devrait ravir les collectionneurs. L’édition collector proposée par Rimini Editions offre deux interviews de Linda Blair et Tom DeSimone ainsi qu’un documentaire sur le décor. Le tout accompagné d’un joli livret qui complétera tout ce qu’il y a à savoir autour du film…et c’est même plus intéressant que le film en lui-même. (sic!)

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