The Room : Lien familial électrique

The Room marque le retour au cinéma de Christian Volckman 13 ans après le désastre public que fut Renaissance. Pourtant ce dernier essayait de refaçonner la fabrication du film d’animation en 3D, de remettre en cause les perspectives et l’espace de mise en scène au cœur d’un noir&blanc parfois sublime. Malheureusement, le film passe difficilement les années et reste comme un exercice vain, mais pertinent.
Après l’échec de Renaissance, Christian Volckman s’est réfugié dans l’art et la peinture. Mais le cinéma s’est rappelé à lui et le voici revenu avec un film live au concept semblant épuisé, mais ici diablement utilisé.

The Room suit Kate et Matt quittant la ville pour s’installer à la campagne dans une grande maison isolée et délabrée. Peu après leur aménagement, ils découvrent une chambre qui a le pouvoir d’exaucer tous leurs désirs…
Quel vicieux maléfice de crier notre souhait pour le voir exaucer au creux d’un gros raclement de plomberie par une maison magique. Une maison géniale aux pouvoirs stupéfiants, à l’image du petit Simon qui peut prendre la forme de n’importe quelle personne touchée dans La Dernière Vie de Simon réalisé par Léo Karmann. Deux films vus lors du 27e Festival International du Film Fantastique de GérardmerThe Room a fait une bonne impression publique. Le long-métrage de Volckman sort d’une énorme tournée de festival entre L’étrange Festival, le BIFFF ou encore le BIFAN en Corée où il a remporté le précieux prix du Meilleur Film. Une belle distinction de la part du fameux festival Coréen de reconnaître les mérites d’un petit film fantastique indépendant produit entre la France, la Belgique et le Luxembourg.

Christian Volckman réussit à éviter tous les pièges inhérents du genre avec The Room. Le couple emménage dans une maison étrange où rapidement l’on sait qu’un meurtre fût commis par un enfant psychopathe. Forcément, cela nous renvoie inévitablement à la série de films Amytiville, mais Volckman ne s’en laisse pas convaincre. Il prend à contre-pied toutes les attentes légitimes du spectateur pour mieux nous conter le drame d’une famille qui, au départ, va tomber dans la folie des grandeurs. Matt est un peintre, donc il demande les toiles des grands maîtres pour les accrocher aux murs de la maison. Puis il demande des dollars et toutes sortes d’extravagances, jusqu’à la demande ultime et fatale de Kate.
De ce point, le film trouve un lien avec Vivarium de Lorcan Finnegan, également en compétition à Gérardmer. Comme quoi, la sélection ne s’est pas faite à la volée. Le besoin de propriété, de posséder et de consommer pour un jeune couple aux maux évidents. De par cette nouvelle vie, Kate et Matt essayent de se reconstruire après les pertes d’enfants mort-nés. Qu’elle n’est pas le malheur d’une femme qui ne peut porter d’enfants ! Alors Kate fait le choix de demander un enfant.
Si de suite, on pense aux grosses ficelles hollywoodiennes avec l’enfant démoniaque avec pour exemple La Malédiction, Brightburn ou encore Joshua, The Room tisse un fil plus fin et intelligent. Le film rebondit en permanence dès l’épuisement de son concept. Il relance l’attention du spectateur, notamment via l’intervention et la rencontre du personnage de John Doe. Un passage obligatoire et plutôt gros qui finit par se révéler dramatique et poignant. 

The Room projette alors un questionnement sur l’adoption et le droit à la PMA pour des mères en recherche de maternité. Le fait d’avoir un enfant à soi, qu’il trouve sa place dans ce monde en mouvement social, qu’il appartienne à une famille, qu’il soit reconnu à sa juste valeur. L’enfant de Kate et Matt (qui ne l’accepte pas) a besoin de liberté et d’espace. Mais… tout le drame d’une famille est dans ce «mais» que nous ne dévoilerons pas, cela serait vous gâcher toute la grâce d’un film qui efface tout fantastique dans sa dernière partie pour embraser des questions de lien maternel, d’amour et d’émancipation d’enfants qui grandissent trop vite aujourd’hui, quitte à frôler la relation oedipienne.
Quant à la maison, elle est au départ une attraction, l’élément du fantastique avant de devenir le simple décor du drame d’une famille qui ne devrait pas s’en remettre suite à ses épreuves. Christian Volckman a des idées pour des suites, la maison a forcément un énorme potentiel, mais reste à savoir maintenant si le film trouvera son public en dépit d’une mince exploitation, plus adéquate pour le film, en VOD depuis le 14 mai 2020.

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