Green Boys : Loin de ce monde déchaîné

Cinéaste engagée, n’ayant pas peur de raconter le monde et ses maux à travers ses documentaires, Ariane Doublet signe avec Green Boys un film d’une bienveillance chaleureuse, petit îlot d’humanité dans ce monde trouble. Disponible en VOD depuis le 6 mai, Green Boys nous conte l’histoire d’une amitié entre Alhassane, 17 ans, venu en France après un périple de deux ans depuis son départ de sa Guinée natale et Louka, 13 ans, jeune normand curieux de tout. Le film prend son point de départ à travers le travail associatif de la réalisatrice qui avait accueilli chez elle Alhassane et avait demandé à des enfants du village de bien vouloir jouer au foot avec lui. La façon dont Louka, qui a répondu présent, et Alhassane se sont entendus, partageant tous deux le goût pour le foot et les escapades en pleine nature lui a donc inspiré ce film, récit bucolique où les deux amis entreprennent de construire en pleine nature une cabane comme elles se construisent en Guinée.

Très peu découpé et très court (1h10), Green Boys prend racine à travers quelques séquences clés, permettant de comprendre la puissance du lien unissant ces deux jeunes hommes, acceptant leurs différences sans jamais les confronter. L’idée du film est formidable : plutôt que de raconter les difficultés d’Alhassane au sein d’une administration française inhumaine, le récit opte pour une parenthèse enchantée, en pleine nature. La cinéaste n’en oublie pas le fondement social de son travail et la voix-off d’Alhassane vient nous conter les différentes difficultés qu’il a eu pour parvenir jusqu’en France, après une incarcération en Lybie et un voyage en mer que l’on devine forcément traumatisant (une scène du film montre Alhassane peu à l’aise au bord de mer). C’est aussi l’occasion, pour Louka comme pour le spectateur, d’en apprendre plus sur Alhassane, lui qui avant le tournage avait épargné à son jeune ami le récit de sa venue en France. Louka apprend donc les différentes difficultés de son ami et les deux jeunes hommes découvrent leurs croyances mutuelles, notamment lors d’une superbe scène où ils devisent sur l’existence ou non du diable.

Profondément social et engagé, Green Boys fait cependant un bien fou à voir de par le choix de son cadre (qui est celui habituel d’Ariane Doublet qui vit dans la région) et de par ce qu’il choisit de raconter d’Alhassane. En oubliant les couloirs froids de l’administration, la profonde solitude et les difficultés pour mieux se concentrer sur une histoire d’amitié, le film tire sa force, trouvant un ton juste et singulier, nous attachant très vite aux personnages. Ariane Doublet, capable de tirer une belle puissance émotionnelle de ces deux protagonistes (avec lesquels on sent une certaine complicité) parvient à saisir l’humanité qui les unit en l’espace d’une poignée de séquences, faisant de Green Boys un beau plaidoyer pour l’humanité, tourné dans un Eden à chérir, comme s’il pouvait presque nous protéger de tout.

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