Ciné-Confiné : Des films pour vous détendre.

En cette dure période de confinement qui s’éternise au-delà du supportable, cela ne peut faire de mal à personne de rigoler un bon coup, ou tout du moins à se prendre un bon bol d’air frais qui donne le sourire. Pour cela, quoi de mieux que ce que l’on appelle communément un feel good movie ? Vous savez, ce genre plein de bonnes vibrations, pas nécessairement conçu comme tel d’ailleurs, mais qui par ses personnages attachants, vibrants, et sa bonne humeur communicative, finit par nous faire rendre les armes. Comme dans tout genre, il y a de bons films et de beaucoup moins bons, car il est devenu ces dernières années une sorte de caution bien pratique à plaquer sur l’affiche de n’importe quel navet, et les français sont devenus très bons à ce petit jeu-là, en nous refourguant quasiment chaque semaine le fameux « le feel good movie de l’année » ! Cela ne vous a sûrement pas échappé, la majorité des sites de cinéma se sont jetés dans le filon, bien pratique en ce moment. Nous n’avons donc pas joué la carte de l’originalité cette fois-ci, mais nous avons néanmoins eu envie de nous écarter un peu des habituels tops que vous pourrez lire ici et là, souvent remplis des mêmes titres (Love actually, certes très bon, mais quand même, il existe d’autres représentants du genre), en vous sélectionnant des œuvres peut-être moins citées, et pourtant chères à notre petit cœur sensible. Nous essaierons de nous montrer convaincants dans nos arguments, en espérant que ces petits textes vous donnent envie de (re) découvrir ces quelques pépites ! Alors surtout n’oubliez pas, la vie est belle et restez à la maison ! Enjoy !

Les choix de Sébastien

Peggy Sue s’est mariée (Francis Ford Coppola, 1986)

Œuvre un peu cachée de la filmographie du grand Francis Ford, réalisée durant sa période de liberté des 80’s, entamée en 1982 avec Coup de cœur, comédie musicale ratée (mais vous avez le droit d’aimer), en réaction au tournage éprouvant de Apocalypse Now, il s’agit en réalité d’une commande pour le cinéaste, alors ruiné et qui se voit obligé de trouver vite un projet. Néanmoins, commande ne signifie pas qu’il s’agit d’un film non personnel, étant donné qu’il en fera au final une douce balade nostalgique et mélancolique dans les 60’s de sa propre jeunesse. Construit autour du personnage-titre campé par Kathleen Turner, le film débute alors que Peggy Sue vient de divorcer d’avec son mari Charlie, et qu’elle tente difficilement de s’en remettre. Se replongeant dans son passé idyllique, elle va s’évanouir et se réveiller à l’époque où l’avenir lui tendait les bras, et où tout était encore possible. Reconstituant avec minutie et modestie le monde de ces années-là, il s’agit en soi d’un motif de plaisir de voir devant nos yeux cette époque bien révolue, semblant tellement loin de nous que l’on a peine à croire que le monde ait pu être comme ça. Porté par un casting anthologique, à commencer par l’actrice star, à laquelle on peut évidemment ajouter Nicolas Cage, dans le rôle de Charlie, ils participent bien entendu au charme fou général. Ce dernier est tel qu’on l’aime, fantaisiste, mais pas encore cabotin, jouant ici un jeune homme totalement niais, chantant dans un boys band anecdotique, jouant de ses yeux de velours et d’une voix nasillarde, ainsi que d’une naïveté attendrissante pour notre plus grand plaisir. On peut également apercevoir un jeune Jim Carrey, déjà impayable, nous offrant un joli numéro physique. Il était écrit que ce presque figurant ferait de grandes choses. Le but n’est pas d’écrire une analyse de chaque film, tout juste peut-on affirmer que s’il est considéré comme un film mineur de la filmographie de Coppola, il s’agit pourtant d’une œuvre très personnelle, à la mise en scène comme toujours d’une élégance rare, et nous plongeant dans un délice de mélancolie joyeuse (ou le contraire), où certains symboles, telle cette horloge symbolisant le temps qui passe et véritable motif du film, font sens avec ses obsessions qui traversent sa filmographie. De notre côté, au-delà du plaisir évident que l’on prend à son visionnage, il s’agit d’un film faussement mineur, et d’une vraie pépite à redécouvrir de toute urgence. Cela tombe bien, car il semblerait que Carlotta ait décidé de le ressortir dans une belle édition Blu-Ray dans l’année. Mais en attendant, vous pouvez toujours essayer de vous le procurer, c’est anti dépresseur.

Madame Doubtfire (Chris Columbus, 1993)

La jeune génération actuelle l’ignore sans doute, mais Robin Williams aura été l’acteur le plus symbolique concernant la comédie des 90’s ! Bien sûr, il y aura eu d’autres stars du genre qui auront émergé durant cette décennie, à commencer par Jim Carrey, mais aucun n’aura réussi à se tailler une telle réputation, parvenant à toucher plusieurs générations par son côté clown triste. Son suicide en 2014 restera un gros déchirement pour ses fans, tant le comédien, dont on pouvait bien entendu percevoir la fragilité sans se douter de la profondeur de son mal-être, avait pu se montrer attachant. Nous n’allons pas revenir sur toute sa carrière, mais il nous semble que ce film en particulier symbolisait parfaitement ce qu’il pouvait représenter pour ses fans. Il s’agit du film le plus majeur dans lequel il se soit illustré, et il constitue encore aujourd’hui une énorme source de plaisir pour quiconque pose ses yeux dessus. Si on l’a découvert enfant, on se revoit plus jeune et on en savoure chaque instant, tant par nostalgie que pour ses qualités propres qui en font encore un chef d’œuvre de la comédie (mise en scène, tempo comique, élans mélos bouleversants), et si on le découvre aujourd’hui, il semble tout aussi difficile d’y résister, tant il n’a pas pris une ride. Vous allez être émus tout autant que rire aux éclats des frasques de Daniel, doubleur de dessins animés, éternel enfant dans un corps d’homme, que son divorce douloureux va pousser à se travestir pour endosser le rôle d’une nounou, afin de rester près de ses enfants. Un pitch pas possible, qui aurait pu donner lieu à une grosse pantalonnade bien grasse, et qui grâce à un scénario d’une justesse rare, et la réalisation classieuse de Chris Columbus, se sera transformé en comédie universelle, énorme succès à sa sortie et championne des rediffusions télé. Une merveille tout simplement.

Freaky Friday, Dans la peau de ma mère (Mark Waters, 2003)

Sans doute le film le plus frais de toute cette sélection, et le plus mésestimé. Là où le Coppola, passant pour mineur dans sa filmographie, est néanmoins apprécié, celui-ci est vu avec une sorte de mépris par un certain nombre de cinéphiles « nobles », n’y voyant sans doute qu’une petite sucrerie inepte comme on en a vu mille. Et pourtant, sous ses airs de comédie girly à la morale bien appuyée, il constitue sans doute l’un des derniers sommets Américains en matière de comédie familiale loufoque.

Anna est une ado typique, ne supportant plus sa mère, encore moins son beau-père, et maltraitant son petit frère. Elle chante et joue de la guitare dans un groupe de rock FM, et tente de grandir comme elle le peut, vivant bien entendu des histoires de cœur. Fragilisée par le décès de son père, cela accentue encore les discordes avec sa mère. Lors d’un dîner dans un restaurant chinois, alors qu’elles se disputent une énième fois, la serveuse leur jette un sort, qui va créer un transfert dès le lendemain matin. En gros, l’esprit de Anna se réveille dans le corps de sa mère, et vice-versa ! Un point de départ riche en possibilités burlesques, que le script malin va s’échiner à exploiter au maximum de ses possibilités. Porté par un casting en très grande forme, avec Lindsay Lohan à l’époque où elle n’avait pas encore pété les plombs, véritable amour de jeunesse pour votre serviteur, et bien entendu l’impériale Jamie Lee Curtis, qui s’éclate comme une gamine dès lors qu’elle peut jouer l’ado dans un corps d’adulte, le film s’avère riche en situations hilarantes, menées sur un tempo d’enfer, tout en sachant se montrer émouvant à d’autres, même si les cyniques trouveront le ton bien trop sentimentaliste. Tant pis pour eux, de notre côté, impossible de s’en lasser, et chaque nouveau visionnage s’avère toujours aussi jubilatoire, avec une véritable scène culte en bout de course. En bref, tant pis pour les ronchons, et assumons pleinement nos plaisirs ! Du même réalisateur, on peut également vous conseiller le non moins excellent Mean Girls (Lolita malgré moi sous son titre français benêt), plus apprécié quant à lui.

LA série : Malcolm in the Middle (2000 – 2006)

Sitcom emblématique des années 2000, rompant avec le ton mielleux et moralisateur des autres programmes cultes des 80’s et 90’s, dont certains ont également bercé notre enfance (Coucou Cosby Show et Step by step) mais doivent sans doute aujourd’hui se révéler bien vieillots, bien que titillant toujours notre fibre nostalgique ; la série dont on parle là aura totalement redéfini les bases d’un genre tournant en rond depuis des lustres. Déjà, par son absence de rires préenregistrés, ensuite par son ton beaucoup plus irrévérencieux, présentant une famille totalement dysfonctionnelle, entre le père à côté de ses pompes, la mère Maîtresse  de maison tentant tant bien que mal de gérer ses affreux marmots, et enfin, ces fameux enfants infernaux, accumulant les affronts, entre eux et avec les parents. Malcolm est le petit génie, qui commente les évènements en brisant le quatrième mur. Francis, le plus grand, a été envoyé à l’école militaire par sa mère après une énième énormité (scène mythique parmi tant d’autres), celui qui aura donné le goût des bêtises à ses petits frères, dont le plus apte à reprendre le flambeau fraternel semble être Reese, véritable imbécile heureux jamais à court d’idées hallucinantes pour pourrir la vie de son monde. Et enfin il y a Dewey, le plus jeune, trompant son monde avec sa bouille attendrissante, mais bien vicelard quand il le souhaite, ce que l’on peut tout à fait concevoir, car il s’agit avant tout de survivre face à ses horribles frangins.

Bref, tout cela n’est pas habituel dans le petit monde aseptisé de la sitcom telle qu’elle se concevait depuis les débuts de la télévision américaine, et les premières saisons ne seront jamais à court d’idées absurdes et proprement hilarantes, que l’on se repasse en boucle dès que ça ne va pas ! Dialogues cultes (VF obligatoire), qui nous collent par terre rien qu’à leur évocation, personnages truculents (Steevie, le meilleur ami de Malcolm, en fauteuil roulant, à la respiration particulière), humour slapstick inhabituel, tout est là pour en faire la série culte de notre enfance, et qui ne vieillit pas. Si comme souvent dans ce type de cas, les scénaristes auront eu du mal à tenir la distance, les dernières saisons s’avérant assez pénibles, difficile de résister aux 3 premières saisons au moins.

Bonus

A des fins de lisibilité, nous avons fait le choix forcément frustrant de se limiter à quelques exemples chacun, tout en sachant que bien des films chers à notre coeur resteraient sur le carreau. Mais nous ne pouvons résister à l’idée d’en partager quelques uns supplémentaires, donc citons également en bonus Across the universe (Julie Taymor), comédie musicale réalisée en 2007, revisitant les titres mythiques des Beatles sur fond d’histoire américaine des 60’s ! Frais, romantique en diable et d’une inventivité formelle de chaque instant, le film est un bonheur pour les sens comme pour le mental, porté par un casting irrésistible (Evan Rachel Wood rayonnante, Jim Sturgess attachant) et une musique indémodable superbement réinterprétée ! Une pépite ayant fait un flop à l’époque mais qui a depuis largement réussi à se faire un nom dans le cercle cinéphile. A (re) découvrir toutes affaires cessantes ! Pour le reste, trop de titres viennent en tête, nous ne pouvons les citer dans le désordre, mais parce que ça fait toujours plaisir de parler de John Hughes, rappelons la suprématie de ce dernier dans le genre du teen movie en vous intimant de voir ou revoir l’indémodable Breakfast club, summum de mélancolie joyeuse des 80’s !

Les choix d’Anthony

Sing Street (John Carney, 2016)

Un film musical remonte toujours le moral, quoi qu’il arrive. Nous aurions pu en citer des dizaines parmi lesquels Grease, The Rocky Horror Picture Show ou encore La La Land se seraient battus en duel. Mais notre cœur reviendra toujours indéniablement à Sing Street. Sorti il y a à peine quatre ans, le film de John Carney aura su nous convaincre dès son premier visionnage (et les dizaines qui ont suivis) de son impact radical sur notre humeur. À la fois drôle, touchant et terriblement endiablé, le film raconte l’adolescence de Connor à Dublin en 1985. Issu d’une famille touchée par la crise économique, il est contraint de changer de lycée car ses parents ne peuvent plus payer ses études dans une école privée. Envoyé au lycée religieux de Synge Street, il va connaître les moqueries et les coups. Il va également tomber amoureux. Emporté par le tourbillon de l’amour, il décide de monter un groupe de rock dans le but de séduire la mystérieuse Raphina. Soutenu par un grand frère au look et à l’attitude grunge avant l’heure, il va se parfaire une culture musicale solide qui l’aidera à affronter son quotidien.
Ponctué par les meilleurs groupes de l’époque, de Duran Duran à The Clash, en passant par The Cure ou encore Motörhead, Sing Street est un film qui vit au rythme de sa bande-originale endiablée. Non content de guider le spectateur vers les genres musicaux qu’il traitera, le film nous offre des compositions originales qui vous ferons dodeliner de la tête sur votre canapé. Résolument l’un des meilleurs films rock de ces dernières années, Sing Street offre des envies d’évasion. À l’instar de son héros, le spectateur en sortira avec l’envie de monter son propre groupe. La musique adoucit tous les mœurs dans ce film haut en couleurs. C’est est un grand bol d’air frais à consommer sans aucune modération.

Le Huitième Jour (Jaco Van Dormael, 1996)

Dans le genre feel-good, Le Huitième Jour ne se pose pas forcément comme une évidence. Pourtant, le second long-métrage de Jaco Van Dormael a plus que jamais sa place au sein de ce dossier. Prix d’interprétation masculine pour Daniel Auteuil et Pascal Duquenne à Cannes en 1996, Le Huitième Jour est une histoire de rencontre. D’un côté, Harry, père de famille privé de sa femme et de ses enfants qui se voue en permanence à son travail au point d’en être devenu un véritable robot sans émotions ni état d’âme. De l’autre côté, Georges, un homme atteint de trisomie 21, qui s’est échappé de son foyer et ne désir qu’une chose : rentrer chez lui. Par un concours de circonstances, la route des deux hommes va se croiser et chacun ira chercher le meilleur chez l’autre dans un chemin cathartique où derrière la douleur se trouve quelque chose de beau.

On ne va pas se mentir, il faudra se procurer un paquet de mouchoirs avant de lancer la lecture du film. Le Huitième Jour est un film d’une beauté extraordinaire où les larmes coulent à flot, mais qui offre une ouverture d’esprit incroyable sur l’acceptation d’autrui. Jaco Van Dormael dénonce les stigmatisations qui entoure le monde du handicap, et particulièrement les personnes atteintes de trisomie 21. Pascal Duquenne offre, à travers le personnage de Georges, une décharge émotive rarement atteinte au cinéma qu’on ne peut pas rester insensible. Il va ouvrir l’esprit de Harry, le reconnecter avec la réalité et le ramener à l’essentiel : la beauté de la nature, l’importance de la famille, le bien-être procuré par le silence au pied d’un arbre… Toutes ces petites choses que l’homme moderne ne prend plus le temps d’apprécier et qui font un bien fou à l’esprit. De plus, Le Huitième Jour s’offre des envolées féeriques merveilleuses, notamment lorsque Georges imagine son propre paradis. Ce jeune homme qui ne se sent pas à sa place sur Terre et qui rêve de rejoindre le ciel avec sa maman vous touchera en plein cœur. Le Huitième Jour traite le deuil sous bien des aspects et est un hymne à la tolérance d’une poésie et d’une justesse incroyables. Un film à (re)découvrir d’urgence pour tout le bien qu’il apporte et l’éveil des consciences qu’il provoque.

The Monster Squad (Fred Dekker, 1987)

Bien souvent, les films feel-good nous renvoient à l’enfance et à ces films devant lesquels nous avons passés des heures à rêver. Dans le lot, citer Les Goonies de Richard Donner ou n’importe quel film de Steven Spielberg auraient suffit à convaincre la plupart d’entre vous. Mais, s’il y avait un film qui synthétise bien tout notre amour du cinéma, celui qui nous fait nous sentir bien et rêver, celui qui englobe un maximum de critères recherchés dans l’exercice du jour, c’est bien The Monster Squad. Imaginez une bande d’amis, sorte de club des cinq, amoureux de cinéma d’épouvante et créateurs d’un club entièrement dédié aux monstres qui les fascinent. Rajoutez à cela qu’ils doivent affronter ni plus ni moins que Dracula, un loup-garou, la créature du marais, une momie et Frankenstein. Mélangez le tout et vous obtiendrez le scénario de The Monster Squad.

Fred Dekker co-écrit son scénario avec Shane Black. Le duo offre des répliques et des séquences mémorables. Reparti avec le ruban d’argent au Festival du Film Fantastique de Bruxelles en 1988, The Monster Squad est un film encore trop peu connu. Bien qu’il n’ait pas bénéficié d’un budget aussi conséquent que Donner pour Les Goonies, il demeure l’outsider idéal pour quiconque cherche à retrouver les frissons et l’envie d’aventure. Comédie fantastique aux grosses saveurs proustiennes, The Monster Squad est un film pour les grands enfants qui fait appel instantanément à la mémoire collective. Le tout baigné dans une ambiance 80’s fracassante. Que demander de plus ?

LA série : Derek (2012-2014)

Si vous vous sentez l’âme d’un sérievore, allez faire un tour dans les bas-fonds de Netflix et lancez-vous dans l’histoire de Derek. Sitcom britannique créée par Ricky Gervais, on y fait la connaissance de Derek. Derek est un employé d’une institution pour personnes âgées. Naïf, disgracieux, peu intelligent et malhabile en société, il est néanmoins généreux, animé de bonnes intentions et parle avec franchise. Étendue sur deux saisons uniquement, Derek est une série qui se regarde très vite. Cependant, il sera impossible de ne pas succomber au charme de son héros. Derek est un enfant prisonnier dans un corps d’adulte. Ricky Gervais flirte avec le handicap sans jamais banaliser les maux qui peuvent hanter son personnage, mais toujours avec une compassion certaine. Point d’apitoiements, Derek est une série juste, qui fait rire de bon cœur, mais jamais par le biais de la moquerie. Ricky Gervais fait preuve d’une écriture parcimonieuse et délicate et célèbre la différence avec une bonté qui fait chaud au cœur. De plus, impossible de ne pas succomber à son irrésistible accent britannique (ne négligez pas la VO de cette série, par pitié) ainsi que la passion de son personnage pour des choses futiles. Le tout offre des gimmicks délicieux comme seuls les britanniques en ont le secret. Une petite pépite cachée au fond du catalogue pas toujours qualitatif de Netflix qu’on vous recommande chaudement.

Les choix dAlexandre

The Big Lebowki (Joel & Ethan Coen, 1998)

Comédie la plus culte des frères Coen, hommage hilarant aux polars façon Raymond Chandler, The Big Lebowski est un petit bijou dont on savoure les fabuleux sens du détail à chaque nouveau visionnage. Si la dégaine de Jeff Bridges est devenue incontournable (et a même inspiré une religion appelée le dudéisme) et que les pétages de plomb de John Goodman sont anthologiques, le film a l’immense qualité de surprendre à chaque vision, nous offrant à chaque fois un gag nouveau autrefois passé inaperçu ou un détail de mise en scène particulièrement savoureux. Le film idéal pour le confinement, peignoir, pantalon de pyjama et claquettes faisant désormais partie de notre quotidien.

L’été de Kikujiro (Takeshi Kitano, 1999)

Le film le plus tendre de l’irrésistible Takeshi Kitano, le seul de ses longs-métrages tourné ouvertement vers la vie (là où les autres sont plus du côté de la mort) de l’aveu même du cinéaste. Ce road-movie pétri de tendresse dans lequel un yakuza immature accompagne un petit garçon à la recherche de sa mère sur les routes du Japon est une œuvre parfaitement bouleversante mais qui se vit comme une véritable bulle de tendresse, presque hors du temps, sentiment accentué par la sublime partition musicale de Joe Hisaishi. Surtout, L’été de Kikujiro vient rappeler l’importance des liens humains que l’on peut tisser au fil des rencontres et démontre que l’amour unissant les êtres peut se créer à partir d’un rien, une leçon majeure à retenir, assénée par l’un des plus grands cinéastes japonais contemporains.

Hellzapoppin’ (H.C. Potter, 1941)

La comédie la plus avant-gardiste et la plus délirante de tout le cinéma américain des années 40 ! Elle s’ouvre d’ailleurs par un carton indiquant que toute ressemblance entre Hellzapoppin’ et un film est une pure coïncidence ! Hellzapoppin’ est une œuvre facétieuse, pratiquant aussi bien l’humour référentiel que la mise en abyme avec un goût immodéré pour l’absurde, les jeux de mots, les running-gags et tout ce qui se montre à la fois drôle et inventif. Les gags s’enchaînent à une vitesse que Tex Avery n’aurait pas renié et qui ont certainement eu une influence sur les géniaux Monty Python. Un film en forme de joyeux foutoir qui fait un bien fou par où il passe même s’il défie toute logique !

LA Série : Parks and Recreation (2009-2015)

Qui aurait cru que ce serait aussi passionnant de suivre le quotidien des employés du département des Parcs et Loisirs de la ville de Pawnee ? Durant sept saisons, Parks and Recreation, créée par Greg Daniels et Michael Schur (qui travaillaient déjà ensemble sur la version américaine de The Office) saura nous combler de bonheur. La clé de la série ? Ses personnages, tous plus attachants et plus délirants les uns que les autres, avec leurs personnalités bien définies, leurs envies, leurs espoirs et leurs ambitions. La série a beau avoir un redoutable tempo comique, jamais aucun gag ne se fait au détriment de l’écriture des personnages, que l’on finit par considérer comme des amis proches, venant ainsi mettre Parks and Recreation dans le rayon des séries que l’on ne veut pas finir et dont le deuil est difficile comme Friends ou Buffy contre les vampires. À noter la présence d’un casting particulièrement savoureux, réunissant Amy Poehler, Nick Offerman, Rashida Jones, Aziz Ansari, Aubrey Plaza, Rob Lowe, Adam Scott et Chris Pratt bien avant qu’il ne devienne le fameux Star-Lord !

Mais surtout, Parks and Recreation doit ses innombrables qualités et sa belle longévité grâce à une inventivité narrative constante, capable de donner vie à d’excellents nouveaux personnages tout en sachant ne jamais étirer inutilement ses intrigues. Un vrai régal qui nous offre une sacrée dose de bonne humeur à chaque épisode, ne serait-ce que pour la présence de l’inénarrable Nick Offerman dans le rôle de Ron Swanson, employé municipal qui déteste le gouvernement et adore le bacon tout en étant profondément asocial !

Les Choix de Mathieu

L’échappée Belle (Emilie Cherpitel, 2015)

L’échappée Belle est une courte fable de cinéma, de celle qui enjolive vos journées. Une sorte de film qui décroche tout mal-être donnant un sourire permanent sur un visage cerné. L’échappée Belle est ce film attendu toute une année de cinéma peinant parfois à arriver. L’histoire narre la fusion de deux êtres se trouvant sur une terrasse de café, un matin d’été chaleureux. Ils se trouvent ne se lâchant plus sur le long chemin de la vie. L’échappée Belle parle d’Eva et de Léon, de l’amour que l’une va procurer à l’autre et du réconfort que l’un va amener vers l’autre. Fini les longs chemins de taxi pour se réfugier dans le château fort de papa ou appeler son hystérique de sœur en pleine nuit pour se réchauffer le cœur. Conte réaliste au cœur tendre, L’échappée Belle est ce feel-good movie, cette perle de cinéma réjouissante procurant cette envie d’infini devant un écran de cinéma ou dans votre salon.

Père et Fille (Jersey Girl – Kevin Smith, 2004)

Considéré comme l’un des films mineurs dans la carrière de Kevin Smith, Père et Fille est certainement à part dans la filmographie du génial metteur en scène. Mais attention, Père et Fille est une vague d’émotions vives nichée au New Jersey. Là où s’est réfugié Ollie, jeune attaché de presse plein d’avenir, qui vient de perdre sa femme lors de l’accouchement de leur fille. Il se retrouve avec le bébé sur les bras dans la maison de son père, et sa vie est remise en question quant à la responsabilité de sa fille. Mise en scène classique, Kevin Smith se focalise sur les émotions tendres entre un père et sa fille. Gertrie grandit entre son grand-père et son père devenant une charmante enfant incarnée par la jolie Raquel Castro. Un bout de chou ravageur à la réplique dévastatrice dont la relation avec son père est le moteur d’un film ayant l’aptitude de vous évader avec simplicité. Pas d’esbroufe ni de grossièreté, simplement la réunion de personnages drôlement bien écrits, une ode à la paternité et à l’amour. L’amour envers sa fille, mais aussi celui retrouvé auprès d’une employée de vidéo-club un brin cocasse incarnée par la sublime Liv Tyler, qui va raviver en lui des sentiments enfouis. 

Life Unexpected (2010-2011)

Obscure série de 26 épisodes étalés sur deux saisons diffusées sur le réseau CW entre 2010 et 2011. La série n’aura pas fait long feu, mais pourtant elle mérite d’être remise sur le devant de la scène. Nouvelle histoire parents-enfant, soit le parcours de Lux, qui après 15 années passées dans des familles d’accueil, décide qu’il est temps de prendre le contrôle de sa vie et donc de s’émanciper. Son périple l’amène sur les traces de ses parents biologiques et retrouve sa mère, Cate Cassidy, animatrice radio, et son père, Nathaniel Bazile, gérant d’un bar. Cependant, l’émancipation est refusée et la garde est confiée à ses parents biologiques, bouleversant leurs vies à tous les trois. L’histoire d’une jeune fille qui va apprendre à vivre avec ses parents séparés, car résultante d’un amour d’adolescence. C’est aussi l’histoire de deux personnes que tout sépare qui vont faire face au rôle de parents, en soit une adolescente en crise et en recherche de liberté.

Une série qui se suit avec un réel plaisir, courte et plutôt rythmée, où l’on s’attache inévitablement aux personnages tendres et d’une bonté rafraîchissante. Les seconds rôles sont tout autant succulents pour nous guider aisément sur les 26 épisodes seulement que compte la série qui n’a pas su trouver son public aux USA et ses fans en France. Et pourtant, elle est de ces séries qui, au dernier épisode, nous brisent le cœur, car toutes les bonnes choses ont une fin inévitable. Et pourtant on avait vraiment envie de continuer à suivre leurs parcours.

Newport Beach

Dans le même genre, Newport Beach est une bonne continuité s’étalant sur 4 saisons où les rapports familiaux et amoureux nourrissent une histoire dense à rebondissement et enivrante. On ne peut que vous conseiller de vous y précipiter.

On avait comme idées de bonus de vous proposer (et on le fait indirectement !) de (re)voir L’Inspecteur La Bavure avec Coluche et Gérard Depardieu, Les Anges Gardiens avec Christian Clavier et toujours Gérard Depardieu ou encore Papy fait de la Résistance, tous deux réalisés par Jean-Marie Poiré. Mais sinon, on vous conseille de (re)découvrir Les Vieux de la Vieille réalisé par Gilles Grangier avec Jean Gabin, Pierre Fresney et Noël-Noël pour un road-movie gouailleur, tendre et hilarant. Un pur bonheur de cinéma français, de ses grands films du patrimoine à revoir encore et toujours.
Sinon, deux petits derniers pour la route, deux classiques dantesques de notre patrimoine, La Traversée de Paris réalisé par Claude Autant-Lara en 1956 avec Jean Gabin (toujours!), Bourvil (incroyable) et Louis De Funès pour une séquence dans la cave à provision cultissime. Autre choix avec La Vache et Le Prisonnier d’Henri Verneuil avec Fernandel et son amitié tendre avec la vache Marguerite sous l’occupation en 1940 et les bombes allemandes. Un film d’une vive émotion qui vous emporte dans les précipices du grand cinéma.

Les Choix d’Aymeric

Yes Man (Peyton Reed, 2009)

Comment faire un dossier sur les feel good movie sans parler de l’incontournable Jim Carrey ? Feel good man absolu, son cabotinage excessif et intempestif auront forcément raison de votre mauvaise humeur. Bien que son humour ne soit pas au goût de tout le monde, il demeure un trait fédérateur dans son sens du comique. Nous aurions pu citer Eternal Sunshine of the Spotless dont la beauté artistique et spirituelle n’a d’égal que le talent de son réalisateur, Michel Gondry. Mais Yes Man semblait plus accessible, plus impactant et plus direct dans sa positivité. Définitivement un classique de la bonne humeur dans lequel nous pouvons retrouver un casting 5 étoiles composé, en plus de Jim Carrey, de Bradley Cooper, Zooey Deschanel, Terence Stamp ainsi que Sasha Alexander. Tout est dans le titre, voir la vie avec un grand OUI. C’est assez basiquement ce que cherche à nous intimer Peyton Reed, son réalisateur. D’ailleurs, anecdote rigolote, lorsque l’on regarde ses Marvel Ant-Man on constate que Peyton Reed est devenu un… Yes-Man (badum tsss).

Hrm bon bref. Sorti en 2009, le film s’est découvert sur grand écran juste après une crise économique majeure et il ne semble pas aberrant de s’y replonger dès maintenant avant la prochaine qui se prépare. Il s’agit d’un film tout public doté d’une certaine franchise. Pour arriver à cette perfection de dire oui à tout, les dialogues et autres péripéties n’hésitent pas à mettre en scène des personnages qui parlent crûment et sans détour. C’est précisément cet élément qui produit cet effet si satisfaisant, on ne tourne pas longtemps autour du pot et on arrive rapidement aux faits. En passant par quelques scènes diablement cultes. Finalement le film est honnête avec ses intentions et on oubliera vite notre petite déprime après le film. Un véritable parc de jeu pour un Jim Carrey en grande forme. Sans aucun doute, ce film vous redonnera la pêche et la joie de vivre.

À bord du Darjeeling Limited (Wes Anderson, 2008)

Comment faire un dossier sur les feel good movie sans parler de Wes Anderson ? Ce maître incontesté de la mise en scène et de son rythme ont de beaux atouts pour figurer dans une telle liste. Mais il s’avère assez difficile finalement de faire le bon choix avec ce grand cinéaste. Tous ses films ne semblent pas si appropriés que cela pour faire partie de la catégorie feel good. Entre autres nous aurions pu citer La Famille Tenenbaum, Fantastic Mr. Fox ou Isle of Dogs mais notre choix s’est finalement porté sur ce Rail Movie (à défaut d’être un road-movie, puisque les protagonistes principaux voyagent dans un train).

Trois frères qui ne sont autres que Owen Wilson, Adrian Brody et Jason Schwartzman (le trio emblématique de Wes Anderson sans aucun doute), se retrouvent tous ensemble pour un voyage, que l’on pourrait considérer comme un pèlerinage, les menant au cœur de l’Inde. Le voyage prend alors un tout autre sens que de simples petites vacances en famille. Nettement redoré par un travail artistique fort et des décors particulièrement honorables. Il y a une véritable humanité dans cette aventure qui rassemble nos protagonistes autour d’une même quête. Il n’y a pas de jugement de valeur, à aucun moment. On ne se moque jamais d’une culture ou d’une religion. Les protagonistes suivent leur pèlerinage et se plient à certaines règles. On ne nous montre pas une Inde pauvre financièrement mais très riche socialement, culturellement et affectueusement. C’est en cela que le film peut se targuer d’être un feel good movie.

Encore une fois chez Anderson, c’est son sens du rythme qui trouve l’écho de notre satisfaction. Cette relation fraternelle qui se crée entre les trois frères au sein du voyage finit par devenir attendrissante au fil de leur aventure. Il y a une innocence mêlée à une volonté inaltérable dans ce désir d’arriver à son but. En fin de compte, la force que déploient nos trois protagonistes donne, malgré les péripéties, un sentiment de bienfait et de grandeur à les voir se changer dans la bonne direction. Il y a une vraie volonté positive dans la finalité de cette aventure qui donne du baume au coeur. Et ça ce n’est que le second pouvoir secret de Wes Anderson après son implacable maîtrise cinématographique.

The Taste of Tea (Katsuhito Ishii, 2004)

Comment faire un dossier sur les feel good movie sans… Non cette fois-ci ça ne fonctionne plus. Après Le Goût du Saké de Yasujiro Osu, nous avons Le Goût du Thé (ou The Taste of Tea dans son titre anglais). A croire que les japonais ont une vraie passion pour les boissons.
L’idée initiale de ce dossier était d’une part de chasser les idées noires et petites déprimes qui s’installent dans notre esprit en cette période de confinement, mais aussi de vous faire découvrir quelques pépites méconnues de la plus large population. Avec ce film de Katsuhito Ishii, le contrat semble rempli.

Dans ce long-métrage, nous suivons les membres de la famille Haruno qui vit dans un village de montagnes près de Tokyo. Chaque membre de la famille est unique en son genre, le grand père semble être un farceur au coeur d’enfant, toujours prêt à jouer et faire des poses aussi burlesque qu’imaginatives. Sa petite fille, Sachiko, est hantée par un fantôme d’elle version géante qui semble l’observer constamment. Son grand frère, Hajime, quant à lui essaie de noyer son amour d’adolescent dans les yeux de la nouvelle élève de sa classe qu’il tentera de séduire en devenant un maître du jeu de go. Ses parents sont respectivement dessinatrice de manga pour sa mère et hypnotiseur pour son père. Son oncle du côté de sa mère quant à lui est un ingénieur du son désinvolte qui se balade au gré du vent. Autant dire qu’avec cette bande de joyeux lurons aussi volatiles qu’excentriques, nous pouvons nous attendre à une aventure aussi imprévisible que burlesque.

Pour être tout à fait franc, ce n’est pas un film qui parlera à tout le monde. Les amateurs du style japonais y trouveront certainement leur compte mais il faut admettre que le rythme du film est difficile à tenir sérieusement tant les protagonistes semblent constamment vouloir nous apaiser et nous rendre incrédules face à leur état d’esprit. Il y a dans cette production un véritable sentiment d’apaisement et de repos porté par une photographie soignée et réfléchie. « Every frame is a painting » dit une chaîne Youtube bien connue ? Un proverbe qui se confirme ici. La beauté photographique de cette œuvre japonaise est d’une force particulière. Vous n’en ressortirez pas forcément grandis, mais pas indifférents non plus. Laissez-vous tenter, vous n’avez pas grand chose d’autre à faire de toutes manières.

La Série : Kaamelott (Alexandre Astier, 2005-2009)

Quelle meilleure série que Kaamelott pour occuper nos journées durant le confinement ? Il s’agit certainement là de la série ayant la plus grande communauté de fans française. Bien qu’elle ne fasse pourtant pas l’unanimité chez tout le monde, sa base de passionnés est malgré tout omniprésente quasiment partout. Peu importe l’événement, impossible de ne pas tomber sur un autre fan de Kaamelott dès lors qu’un groupe est composé de plus de 5 personnes. Il faut dire qu’avec Kaamelott, Astier a su redéfinir l’humour en France. Avec une indiscutable influence des Nuls précisons-le. Pour le sujet des feel good cependant, contentons-nous des 3 voire 4 premiers livres. Les saisons 5 et 6 devenant de véritables saisons au sens littéral du terme, tandis que les saisons précédentes (dénommés « livres ») font plus offices d’épisodes anthologiques courts.

Si Kaamelott est aussi populaire aujourd’hui ce n’est pas par hasard. Premièrement Astier a su s’entourer de gens du théâtre dont il aime le travail (en plus de toute sa petite famille évidemment) faisant de chaque acteur un personnage particulièrement convaincant. Ajoutons à cela une écriture dramaturgique très intemporelle des personnages et vous obtenez une histoire connue de tous racontée de manière totalement improbable. Il suffit alors de parsemer son histoire de nombreux clins d’œil à la culture populaire pour rassembler tout le monde autour de cette histoire et vous avez la série la plus déjantée du moment. Chaque phrase, chaque réplique devenant cultissime et hilarante à la fois.

Non seulement il y a de fortes chances que vous éclatiez de rire à en perdre vos abdos, mais vu le nombre d’épisodes que contient la série vous en avez pour plusieurs semaines intensives de Kaamelott avant d’en voir le bout ! Indéniablement la série française la plus drôle et bien écrite de ce nouveau millénaire. Il est d’autant plus judicieux de la commencer maintenant si vous ne l’avez jamais fait que vous pourrez immédiatement vous ruer sur le film Kaamelott qui sortira, espérons le sans changement de date, une fois le confinement terminé.

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