Le Ballon D’Or : Un conte pleine lucarne.

Le Ballon D’Or profite d’une remasterisation en 4K pour une ressortie en salles et une nouvelle édition DVD le 18 mars 2020. La possibilité de (re)découvrir un beau film, le deuxième de Cheik Doukouré après Blanc d’ébène sortie en 1991.

Le Ballon d’Or est l’histoire de Bandian qui habite le petit village guinéen de Makono, perdu au fond de la forêt. Il n’a pas 13 ans, et pourtant, il est évident, à le voir évoluer sur un terrain de football, si sommaire soit-il, qu’il a l’étoffe d’un grand joueur. Madame Aspirine, une jeune doctoresse occidentale qui s’est prise d’affection pour lui, lui offre un ballon en cuir. Bandian a beau être ravi, il en fait un si mauvais usage qu’il est contraint de fuir son village. Diverses péripéties l’amènent à participer à un match avec des joueurs plus âgés, qu’il surclasse aisément, et à attirer l’attention de Béchir Bithar, un homme d’argent qui flaire aussitôt la bonne affaire…

Le mauvais usage d’un ballon de football repeint en or, comme le trophée d’une vie, qui va venir marquer le front du forgeron et créer l’incendie de sa forge faite en paille. De cela, le réalisateur, Cheik Doukouré, en tire un conte initiatique sur les terres africaines avec un doux équilibre entre naïveté et lucidité.
Bandian s’échappe pour fuir la colère d’un père et la punition. S’annonce alors un chemin d’apprentissage et de rencontres. Ses pieds valent de l’or, attirent les convoitises tout en nourrissant la jalousie. Le parcours va être semé d’embûches, mais le jeune va pouvoir compter sur la solidarité d’un entourage qui se créer pour le protéger et l’emmener jusqu’à son rêve.
De ce conte, il y a la magie du cinéma, mais surtout la lucidité d’un réalisateur qui n’en fait jamais trop. Les pieds sur la terre africaine dont il filme la dure réalité, la touche sociale d’un pays au début des années 90 qui n’est pas encore tombé totalement dans le profit d’une paire de pieds qui peut se payer cher. 

Le football, perspective d’espoir avec un entrepreneur libanais ayant les bons contacts et la magouille facile pour falsifier les documents officiels. Les bons billets distribués facilement pour sortir le petit Bandian de prison, l’exploiter dans l’entreprise de poissonnerie puis le vendre en Europe. L’Afrique dans ses pires vices comme le côté sombre de tout conte qui se respecte. L’obscurité des écrits des Frères Grimm ou le drame poignant de la plume de Charles Perraut rejoignent ce récit en or brut initié par Cheik Doukouré.
La volonté au départ du réalisateur de faire une série télévisée, mais Le Ballon d’Or devient un long-métrage sur les conseils de son producteur chez StudioCanal. Un film simple, casse-tête pour Doukouré pour trouver son footballeur, la perle rare repérée parmi 3500 enfants entre Paris et l’Afrique.
Un film tiré d’une histoire vraie, en partie celle de Salif Keita, célèbre joueur africain des années 70/80, dont le parcours nourrit celui du jeune Bandian, se concluant sur son arrivée à Roissy Charles de Gaulle pour rejoindre Saint-Étienne de façon ubuesque. Une anecdote véritable de l’ancien footballeur qui interprète son entraineur Karim dans le troisième acte, celui de l’espoir et de la confirmation pour le jeune garçon.

Le Ballon D’Or est un film à montrer à tout enfant pour sa capacité d’être un moment enchanteur, prosaïque et lucide sur la société africaine du début des années 1990 et des corruptions s’opérant pour propulser le jeune Bandian dans son rêve et l’envoyer en Europe. Un film d’une bonté douce faisant preuve d’une belle solidarité (avec intérêts) entre les personnages, mais surtout apportant une chaleur bienvenue. Un film en or par sa capacité d’être un émerveillement sage et clairvoyant dans l’élaboration de son histoire charmante et de ses personnages matérialistes.

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