Monos : Révolutionnaires en bernes

Isolés au sommet des montagnes colombiennes, un groupe de jeunes soldats y retient une otage américaine (la trop rare Julianne Nicholson). On ne saura jamais vraiment les tenants et les aboutissements de la lutte armée qu’ils mènent, pas plus qu’on ne verra leurs opposants. Ce qui intéresse Alejandro Landes ici, c’est la dynamique de groupe, tous des adolescents, à la merci d’une vie impitoyable et rude. Lorsque l’un d’entre eux tue accidentellement une vache prêtée par un paysan du coin, la discorde arrive, les tempéraments s’échauffent et la violence menace, faisant passer leurs instincts primaires avant les directives militaires…

Curieux film que Monos, brassant une multitude de références (Sa majesté des mouches, Apocalypse Now, La forêt d’émeraude mais aussi les films de jungle de Werner Herzog) pour mieux s’attacher au quotidien de cette bande de jeunes qui joue à la révolution. Pour explorer la violence intérieure de ces adolescents, plus préoccupés par leurs considérations personnelles que par le conflit dans lequel ils sont, Alejandro Landes adopte une mise en scène sensorielle. Aidé par les fabuleux décors de la Colombie, le cinéaste plonge au cœur de la psyché de ses personnages à grands renforts de plans insistants sur des détails, sur l’omniprésence de la nature, le tout souligné par une musique étourdissante.

Malheureusement, le propos, revenant sur la nature violente de l’homme, n’a rien de foncièrement nouveau et Landes a bien du mal à faire de Monos autre chose qu’un film poseur, pure démonstration de mise en scène bien incapable d’aller réellement creuser son sujet. La faute, en grande partie, à des personnages à qui nous sommes totalement hermétiques tant nous ne savons rien d’eux et tant ils sont profondément antipathiques, incapables de prendre une décision raisonnée. Cela vaut à la fois pour les gamins révolutionnaires dont on peine à saisir la bêtise et les humeurs, mais également pour le personnage de l’otage qui peine à avoir notre sympathie. Certes, le parti pris de Monos est radical et c’est, en un sens, son hermétisme et son refus des explications qui le rendent aussi singulier.

Mais derrière cette singularité se cache aussi un geste difficile à décrypter, celui d’un cinéaste nous refusant toutes les clés pour comprendre ses personnages, affichant un refus des conventions certes, mais nous déboutant au passage hors de son récit, que l’on suit au mieux avec indifférence, au pire avec agacement. C’est d’autant plus dommage que sur le papier, Monos avait de nombreux éléments en main pour nous secouer avec vigueur…

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