Le Prince Oublié : Un prince en manque d’inspiration

Djibi, père célibataire, ne vit que pour raconter des histoires à sa fille Sofia au moment où elle se couche. L’occasion pour lui de faire preuve d’une imagination débordante et de s’ériger en héros pour sa fille dans un monde imaginaire où rien ne semble impossible. Mais les années passent et Sofia rentre au collège. Un soir elle dit à Djibi qu’elle ne veut plus d’histoires. Le père panique : dans son monde imaginaire, il est relégué avec les personnages secondaires et le nouveau prince est Max, le beau gosse blondinet de la classe de Sofia. Pour ne pas disparaître et redevenir le héros de son histoire, Djibi devra passer par bien des épreuves et apprendre que les enfants grandissent, aidé par sa charmante voisine qu’il ne laisse pas indifférente…

Le pitch du film laissait penser que Michel Hazanavicius, conteur talentueux et éclectique, s’y serait senti totalement à l’aise et en pleine possession de ses moyens. Et si le réalisateur parvient certes à mener sa barre, son Prince oublié souffre de bien trop de disparités pour convaincre. D’abord, parce que son discours sur l’imaginaire et l’enfant qui grandit emprunte beaucoup trop à Vice Versa pour être honnête, ensuite parce que le film flirte parfois avec le kitsch sans jamais savoir s’il faut l’assumer ou non. La grande idée du récit est de faire du monde imaginaire de Djibi un plateau de cinéma avec figurants, créatures improbables et personnages secondaires. Cette partie, pourtant le sel du film, finit par nuire à la portée émotionnelle du récit se déroulant dans la réalité, la plus intéressante car confrontant un Omar Sy particulièrement touchant à l’abandon, lui qui avait tout construit autour de sa fille sans rien construire pour lui.

L’idée est belle et Hazanavicius sait apporter la tendresse qu’il faut pour nous toucher. Dommage qu’il ait cependant l’air de trop se reposer sur ses acquis, n’embrassant pas pleinement la puissance de son récit, se contentant de lui broder deux ou trois éléments mignons qui ne seraient rien, on le dit encore une fois, sans le Vice Versa de Pixar. Non seulement Le prince oublié arrive trop tard sur le sujet mais il a l’audace de ne rien y apporter de nouveau et de penser que sa partie fantaisiste est la meilleure clé de son succès. Manque de chance, en dépit de la présence d’un François Damiens toujours aussi formidable quand il joue les types retors, toute cette partie imaginaire souffre d’un cruel manque d’imagination. La partie centrée sur la réalité, bien que bénéficiant de dialogues d’une platitude désolante (c’est là où l’on voit tout le talent de Bérénice Bejo, qui a les pires dialogues du film, mais qui parvient toujours à les faire sonner justes) est finalement la plus intéressante du film, celle permettant de mettre en exergue ses problématiques sans jamais basculer dans l’illustration un peu vaine.

En l’état, grâce au capital sympathie des acteurs et de la bonne volonté générale, alliés à quelques trouvailles sympathiques, Le prince oublié nous fait néanmoins passer un bon moment avec une tendresse indéniable. Il faut cependant bien avouer que face à ce pitch et cette idée, on attendait clairement mieux de la part de Michel Hazanavicius qui déçoit ici par un manque d’inspiration flagrant. Pour un film reposant sur l’imagination, c’est un comble !

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