Une Journée de Fous : Un casting de fous.

Il y a des films sur lesquels nous ne nous serions jamais arrêtés s’ils n’avaient pas pointés le bout de leur nez dans nos bacs. Une Journée de Fous, réalisé par Howard Zieff (My Girl), vient de s’offrir une restauration en blu-ray pour le plus grand plaisir des aficionados de ses têtes d’affiche. On ne va pas se mentir, personne ne parlerait de ce film s’il n’y avait pas les noms de Michael Keaton, Christopher Lloyd et Peter Boyle au casting. Ce sont d’ailleurs ces noms qui nous ont fait nous arrêter devant l’objet. Nous faisons la connaissance de quatre patients internés en hôpital psychiatrique. Le groupe se constitue d’un romancier colérique et violent, un patient qui se prend pour un psychiatre, un publicitaire talentueux qui se prend pour le Christ et un obèse obsédé par la télévision. Le groupe se voit offrir, dans le cadre de sa thérapie, une sortie pour un match de base-ball au Yankee Stadium. Malheureusement, dès leur arrivée en ville, leur docteur est assommé dans une ruelle par deux policiers ripoux et tombe dans le coma. Les patients, livrés à eux-mêmes, devront affronter une ville hostile et aussi folle qu’eux.

Lorsque l’on se lance dans la lecture d’Une Journée de Fous, on s’attend à tomber devant une énième comédie aux saveurs 80’s comme on en a vu des tas. Si le début du film nous donne raison, il prendra rapidement un ton très différent afin de nous emmener vers une critique de la folie bien plus poussée que nous ne l’aurions soupçonnés. En effet, s’il jouit d’un ton relativement décomplexé, le film de Howard Zieff n’arrachera jamais de francs et massifs fous rires. Ce qui intéresse son réalisateur est de nous conter l’errance d’un groupe d’individus au cœur d’une société aliénée par toutes sortes de phobies. En réalité, nos patients ne sont qu’un prétexte pour aller toucher à des problèmes sociétaux bien plus ancrés dans le quotidien de tout un chacun. Une folie usuelle qu’on ne prend plus le temps de remarquer puisque nous vivons avec. Les patients semblent être les seuls à en avoir pris conscience et se sont crées leur pathologie comme pour fuir la douleur du quotidien. Entre le romancier cédant à ses sautes d’humeur pour ne pas avoir à honorer ses prochaines œuvres, le faux psychiatre qui affronte ses innombrables tocs au travers la rigueur qu’engendre la responsabilité du poste qu’il usurpe, ou encore le publicitaire illuminé par sa foi qui vend les bienfaits de sa religion comme seule et unique marchandise…la maladie y est traitée de manière très profonde. Le jeu des acteurs nous laissent, d’ailleurs, quelque peu circonspect en début de métrage. Nous ne savons pas très bien si les personnages jouent un jeu et mentent à leur psychiatre sur leur pathologie, ou s’ils sont bel et bien fous. Nous aurons la réponse lorsqu’ils devront convaincre les gens qu’ils croiseront de la rocambolesque affaire dans laquelle ils se trouvent. Une Journée de Fous n’est pas qu’une simple comédie sous fond d’enquête policière, c’est un regard sociologique intéressant et rondement bien mené sur les relation entre individus.

Bien évidemment, le film doit son aura à son casting hors norme, le grand Christopher Lloyd en tête. Ce dernier, qui incarne le faux psychiatre, offre une palette émotionnelle incroyable. Un rôle à la hauteur de son talent de comédien qu’il n’est plus besoin de présenter. Il arrivera même à nous arracher une petite larmichette lorsqu’il se confrontera à ses propres démons en présence de son épouse et de son enfant. Michael Keaton en fait des tonnes, mais habite son personnage avec conviction. Très à l’aise dans l’exercice, il mène le jeu formidablement. Le film ne brille pas autrement que par ses dialogues d’ailleurs. Il n’y a pas de grandes idées de mise en scène. Une Journée de Fous est on ne peut plus classique dans sa forme. Howard Zieff aime partir sur les bases de la comédie légère pour mieux nous surprendre par un discours qu’on ne voit pas arriver. Il suffit de revoir My Girl pour comprendre sa manière de faire. Et même s’il ne plaira pas à tout le monde, Une Journée de Fous reste suffisamment fort sur les sujets qu’il dépeint pour qu’on lui laisse une chance. On regrettera peut être une fin trop abrupte qui ne colle pas au rythme plutôt lent du reste du film. La résolution des problèmes sonne fausse et abuse du deus ex machina pour absolument coller à un happy end qui sent terriblement forcé.

Malgré une fin alambiquée, Une Journée de Fous reste un divertissement intelligent qui traite son sujet de fond en comble. Howard Zieff extirpe toute la substantifique moelle de l’analyse qu’il porte à la folie en générale, qu’elle soit pathologique ou non. Sans être le modèle ultime sur le sujet, Une Journée de Fous surprend par la force des convictions qui y sont dépeintes et son casting hors norme. Une curiosité 80’s qu’on avait oublié qui ravira surtout les fans des grands acteurs qui y figurent.

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