Birds of Prey – La Fantabuleuse Histoire d’Harley Quinn : Mad Love

Heureusement que Birds of Prey est sous-titré La Fantabuleuse Histoire d’Harley Quinn, car les oiseaux partent bien tardivement en chasses pour une pauvre séquence conclusive. Ce nouveau chapitre DC Comics au cinéma fait suite au Suicide Squad de David Ayer, ici producteur. Succès public, mais désastre critique, Suicide Squad avait pâti d’une production chaotique entre les désidératas du studio et ceux de Will Smith.
L’univers opère donc un grand ménage de printemps (exit Will Smith pour le prochain film, bienvenu Idris Elba) tout en capitalisant sur la grande gagnante du film, Harley Quinn. Le personnage prend du galon et devient l'(anti)héroïne de sa propre aventure après avoir sortie son épingle du jeu d’une poursuite amoureuse, où la Belle attirait la Bête, avec un Joker gangsta en furie incarné par Jared Leto.

Birds of Prey est bien un film solo qui se base essentiellement sur les comics dédiés à la grande méchante crée en 1993 par Paul Dini et Bruce Timm pour Batman Animated Series. Culte dès le premier épisode du fameux dessin animé ayant rendu fou des milliers d’enfants à l’époque, Harley Quinn s’est fait sa place dans la galerie des méchants de l’homme chauve-souris, amoureuse transie du Joker. Mais dans ce nouveau film réalisé par Cathy Yan, Harley Quinn a rompu avec Monsieur J. C’est la fin d’une relation tumultueuse, excuse opportuniste d’un scénario pour éjecter l’incarnation d’un Joker impopulaire par Jared Leto.
Harley Quinn cuve sa rupture, prenant son indépendance, adoptant une hyène et faisant exploser l’usine ayant vu naître l’union du couple psychopathe. La narration se fait essentiellement dans la tête du personnage folle à lier, en discussion permanente avec le public. Le 4e mur est donc largement et superficiellement brisé, le personnage s’amusant, en dépit de notre patience, à faire des allers-retours dans le passé pour constamment tout nous expliquer. Cela suit une logique des comics liés au personnage à savoir une narration chaotique reflétant la psyché et le cerveau atteint de l’anti-héroïne. Mais au cinéma, le procédé a ses limites surtout quand le scénario se montre être ténu. 

Birds of Prey s’articule autour d’une flopée de journées où le célèbre groupe de femmes va s’unir pour protéger une pickpocket ayant dérobé un diamant précieux pour Black Mask. Ce méchant de seconde zone chez Batman est incarné avec gourmandise par un Ewan McGregor qui s’éclate pour finalement s’exploser dans un grand final sans la moindre consistance. À l’image du film et des autres personnages, dont le bras droit de ce dernier, Viktor Zsasz, fameux mercenaire incarné par Chris Messina, ici relégué en un simple homme à tout faire laissant augurer une relation ambiguë avec son patron colérique et imprévisible.
Même schéma avec les héroïnes, dont l’agent Montoya ou Huntress, qui se voient reléguées à agir dans le dernier tiers du film pour finalement cautionner le titre. Huntress qui amène au film, dès son apparition, un charme fou. Mary Elizabeth Winstead bouffe l’écran par un charisme insoupçonné. Outre être la fille malgré elle de John McClane, l’actrice s’est faite rare ces dernières années. Elle trouve ici un rôle potentiellement puissant appelant à être développé dans une potentielle série ou un film solo. Le personnage prouve en effet avoir toute sa place dans cet univers DC de cinéma. Huntress est une héroïne sombre en quête de vengeance, une alliée forte, mais surtout une figure marquante sous l’interprétation habitée de Mary Elizabeth Winstead.

Cette dernière, vue dans 10 Cloverfield Lane ou Gemini Man, vole donc la vedette à Margot Robbie, alias Harley Quinn, qui s’efforce malgré tout à perpétuer la folie de son personnage de Suicide Squad. Mais bizarrement, dans ce film, l’accroche ne prend pas. Il manque une mission suicide, un Joker pour la soutenir et/ou même le Batman pour renforcer l’exploitation avec parcimonie du personnage. Trop de Harley tue la Quinn dans un film, simple excuse à l’exploitation du personnage et chiche en proposition de mise en scène reprenant l’esthétique du Suicide Squad de David Ayer pour mieux coller à l’univers. Nous sommes en terrain conquis tout en ressentant le rafraîchissement d’une licence en mutation pour une meilleure exploitation du catalogue. Exit le Joker et Batman pour mieux garder les vraisemblances populaires comme Harley Quinn. Mais n’allons pas trop vite en besogne, le célèbre personnage du dessin animé des 90′ montre déjà ses limites avec un seul film. Espérons donc pour elle de retrouver un peu de combativité et d’adversité avec des figures tutélaires fortes pour la porter, car Harley Quinn n’est finalement rien sans le Joker, tout comme ce dernier ne serait rien sans le Dark Knight.

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