Jumbo : D’amour et de néons

S’il y avait bien une chose à retenir de cette 27ème édition du festival de Gérardmer, c’est que le cinéma de genre français se porte bien ces derniers temps. En effet, dans la sélection, on dénombrait trois films français, tous aussi différents les uns que les autres (The Room, La dernière vie de Simon, Jumbo) et tous dotés d’une sortie française dans les prochaines semaines. Jumbo, premier long-métrage de la belge Zoé Wittock après plusieurs courts remarqués (notamment à Gérardmer) est finalement sorti le 1er juillet après une sortie initialement prévue le 18 mars et évidemment compromise par le confinement. Cela ne doit surtout pas vous empêcher de vous précipiter sur cet OFNI, inspiré d’une histoire vraie !

Jumbo nous conte l’histoire de Jeanne, jeune femme timide qui peine à développer des relations avec quelqu’un d’autre que sa mère, laquelle se montre très fusionnelle. Gardienne de nuit dans un parc d’attractions, Jeanne tombe sous le charme de Jumbo, son attraction vedette. Attirée par les objets depuis toujours, elle trouve auprès de Jumbo une certaine sérénité et partage avec la machine des liens très forts… En s’inspirant d’une histoire vraie (et même de plusieurs, notamment celle d’Erika Eiffel, ayant officiellement épousée la Tour Eiffel en 2007), Zoé Wittock réalise avec Jumbo un film très touchant, capable de nous identifier à son personnage et à son attirance grâce à une mise en scène sensorielle et lumineuse, collant au plus près des désirs de Jeanne dont on peut ressentir les émois.

Mais le film ne fait pas que simplement se reposer sur son pitch étonnant, loin de là. Il propose au contraire une exploration complète de la psyché de Jeanne et la façon dont son attirance pour Jumbo change le regard des autres sur elle, y compris celui de sa mère, incapable de comprendre ça, elle qui multiplie les conquêtes depuis le départ du père de Jeanne. Noémie Merlant et Emmanuelle Bercot donnent vie à cette fille et sa mère avec une belle force, Merlant confirmant tout le bien que l’on pense d’elle, elle qui ne démériterait pas d’obtenir le César cette année pour son interprétation dans Portrait de la jeune fille en feu, Bercot se trouvant dans un registre plus attendu mais toujours aussi maîtrisé. Bastien Bouillon et Sam Louwyck complètent la distribution et forment une belle harmonie avec Jumbo, la star du film, un manège à sensations fortes filmé avec splendeur, celui-ci apparaissant toujours dans le cadre resplendissant, notamment dans les séquences nocturnes où il s’anime et paraît plus vivant que jamais avec ses lumières vertes, bleues et rouges.

On regrettera alors que Zoé Wittock n’assume pas jusqu’au bout la fantaisie de son film, se contentant d’un dernier acte plus sage, sans embrasser totalement la magie qu’elle avait entre les mains, semblant ne pas vouloir assumer complètement la dimension fantastique de son récit. Dommage car Jumbo aurait pu connaître une belle ampleur et c’est vraiment le défaut le plus gênant du film, se finissant sur une frustration. Il serait cependant dommage de bouder la découverte sous ce prétexte, le film faisant preuve d’un bel amour du cinéma et d’un sacré sens de la mise en scène, confirmant le talent de Wittock pour nous plonger dans des univers singuliers peuplés de personnages atypiques et attendrissants. Univers que l’on espère retrouver bientôt dans un second long-métrage tant ce Jumbo-ci est prometteur et a tout pour annoncer le meilleur par la suite.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*