Octopussy (1983) : « Tout est dans le poignet… »

James Bond

Après Rien que pour vos yeux, Roger Moore, âgé de 55 ans, se demande s’il serait judicieux de reprendre le rôle et plusieurs acteurs sont sérieusement envisagés. Déjà, on parle de Timothy Dalton et même de James Brolin, chose étrange puisque l’acteur est américain ! Mais à l’annonce de la mise en chantier de Jamais plus jamais, film rival où Sean Connery reprend le rôle de Bond face à Blofeld, les producteurs estiment qu’un acteur aussi établi dans le rôle que Roger Moore est leur meilleure chance de gagner les faveurs du box-office. Moore reprend donc du service, fatigué (les cascadeurs sont de plus en plus visibles) mais bizarrement à l’aise dans ce film qui fait un peu n’importe quoi.

L’ordre de mission

L’agent 009 étant assassiné à Berlin, un œuf de Fabergé à la main, c’est à James Bond qu’on assigne la tâche d’en savoir plus. Il suit donc la trace de cet œuf, acheté lors d’une vente aux enchères par le riche Kamal Khan. Dès lors, Bond enquête sur Khan en Inde et réalise que l’homme entretient des liens avec un général russe décidé à déclencher la Troisième Guerre Mondiale pour asseoir la domination de la Russie sur le monde. A tout cela s’ajoute la présence de la mystérieuse Octopussy, dirigeant un gang de femmes et collectionnant les bijoux que Khan achète en son nom.

La farouche volonté de réalisme de Rien que pour vos yeux n’aura guère tenu longtemps, Octopussy étant l’un des plus délirants de la saga. Non seulement il multiplie les trouvailles sans pour autant se soucier de la cohérence de l’ensemble mais il n’a pas peur de verser ouvertement dans la parodie, en faisant des caisses quand Bond est poursuivi par Khan à dos d’éléphant, allant coller à l’agent 007 le célèbre cri de Tarzan quand il saute de liane en liane.

Le film marque enfant par ses différents méchants croisés (un imposant bras droit, deux frères jumeaux lanceurs de couteaux, un tueur utilisant une scie circulaire) et ses séquences prises à part mais ne se soucie aucunement d’y apporter le moindre souffle spectaculaire. Octopussy est un film à bout de souffle, qui balance ses personnages et ses intrigues en vrac sans que l’on ne comprenne vraiment pourquoi le plan des méchants est aussi alambiqué. Une fausse complexité qui cache la vacuité du film, qui avait pourtant de forts éléments en main pour être marquants mais qui laisse confus plus qu’autre chose. Fort heureusement, John Barry est de retour à la musique après la partition pour le moins étrange de Bill Conti pour Rien que pour vos yeux et c’est déjà ça de pris !

Antagoniste

Kamal Khan est un prince indien très riche et très puissant, entretenant, on ne sait trop pourquoi des relations avec un général russe décidé à asseoir le domination de son pays sur le monde. Khan a beau bénéficier des meilleures répliques du film (« Monsieur Bond est une espèce rarissime qui aura bientôt disparue ») et d’un charisme que lui confère Louis Jourdan, sa place incertaine de grand méchant, son absence de véritable but machiavélique font de lui un des méchants oubliables de la saga. Après ce film, Jourdan, grande star dans les années 40 et 50, ne tournera plus que très peu et cela reste son dernier grand rôle.

A retenir également, le méchant instigateur du plan principal, le général Orlov, militaire russe dégoûté de l’attitude pacifique de ses confrères et qui décide de prendre en main le destin de la Russie à lui tout seul, pillant le trésor de son pays pour mieux financer une mission qui lui permettrait de faire sauter toutes les défenses américaines. Méchant mineur, Orlov marque cependant les esprits car Steven Berkoff, grand méchant du cinéma américain des années 80 (on se souvient de lui dans Le flic de Beverly Hills et Rambo 2) lui prête et ses traits et toute sa folie dans son regard.

James Bond Girl

Grande amatrice de bijoux, dirigeant un cirque et un redoutable gang de femmes avec lequel elle loge dans un palais isolé en Inde, Octopussy est une femme avec laquelle on ne badine pas, même Kamal Khan étant à ses ordres. Le personnage, dont le père a été tué par Bond, aurait pu être franchement intéressant s’il n’avait pas été autant sacrifié à l’écran. Apparaissant au bout d’une heure de film pour entretenir le mystère, Octopussy n’a ensuite pas grand chose à jouer, tombant dans les bras de Bond rapidement avant d’être carrément reléguée au second plan. Dommage pour son personnage, qui aurait gagné plus d’épaisseur et dommage pour son interprète, Maud Adams, dont c’est ici (chose rare) la deuxième apparition dans un rôle important de la saga, le précédent étant celui de la maîtresse de Scaramanga dans L’homme au pistolet d’or. Si Adams imprime toujours autant l’écran de son charisme, c’est bien suffisamment peu pour convaincre et l’actrice ne retrouvera guère de rôles marquants par la suite.

Section Q

Après Rien que pour vos yeux qui se la jouait soft, Octopussy sort le grand jeu niveau gadgets : un avion caché dans une remorque pour chevaux, un mini-écouteur planqué dans l’œuf de Fabergé, un radar directionnel dans une montre, un submersible déguisé en crocodile et surtout un stylo-plume contenant de l’acide si on le dévisse, idéal pour permettre à Bond de s’échapper du palais de Kamal Khan !

2 Rétroliens / Pings

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  2. Tuer n'est pas jouer (1987) : "Mon intérêt est purement professionnel" -

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