Rien que pour vos yeux (1981) : « Enfilez vos vêtements et je vous achèterai une glace. »

James Bond

Roger Moore, la cinquantaine bien entamée, a beau avoir enchaîné les films d’action sur une courte période (Les loups de haute mer, Bons baisers d’Athènes, Le commando de sa Majesté), il commence vraiment à fatiguer dans le rôle de l’agent 007. L’alchimie qu’il avait trouvé dans L’espion qui m’aimait s’est évanouie et l’acteur montre là ses limites dans le rôle, qui a su marquer notre enfance mais qui, au fil des visionnages, confirme que le smoking de Bond n’était pas vraiment taillé pour lui. Son âge rend aussi les scènes d’action de plus en plus amusantes à regarder tant on peut y repérer les cascadeurs.

L’ordre de mission

Quand un bateau-espion britannique sombre en mer avec à son bord l’ATAC, un système top secret de lancement de missiles, les anglais font tout pour le récupérer discrètement mais leur contact sur place, Timothy Havelock est assassiné sous les yeux de sa fille Melina. Bond doit alors enquêter sur les commanditaires de cet assassinat et empêcher quiconque de mettre la main sur l’ATAC. Sa route croisera celle de Melina, avide de vengeance mais aussi celle d’un dangereux trafiquant, d’un contrebandier amateur de pistaches et d’une jeune patineuse pas insensible à ses charmes…

Après avoir été monteur et premier-assistant réalisateur sur la saga, John Glen prend les rênes des aventures de l’agent 007 et s’y tiendra jusqu’à Permis de tuer. Le cinéaste décide de faire revenir Bond dans une mission plus terre à terre après une aventure spatiale haute en couleurs. Ce traitement fait d’ailleurs partie de la réussite de Rien que pour vos yeux : gadgets quasi-absents, sobriété et efficacité des scènes d’action (si certaines ont mal vieilli, celle finale de l’escalade a fière allure), un traitement réaliste des enjeux en lien avec son époque, un second rôle avec du charisme (Topol est formidable) et la présence d’une James Bond Girl farouche, plus préoccupée par sa vengeance que par les charmes de Bond.

Bien qu’on peut le saluer de par ces aspects, Rien que pour vos yeux est cependant loin d’être parfait. Il s’ouvre d’ailleurs sur la pire scène d’ouverture de la saga où les scénaristes décident de boucler la rivalité de Bond avec Blofeld en cinq minutes et une chute ridicule dans une cheminée d’usine. Une scène grossière (n’ayant toujours pas les droits du personnage de Blofeld, la production triche sans citer son nom et montrer son visage), dont on se demande encore aujourd’hui comment elle a pu survivre au montage. On regrettera aussi le manque de consistance de Kristatos, méchant anecdotique de la saga et la présence tout à fait inutile de la patineuse Bibi que les scénaristes ont la décence de ne pas mettre dans le lit de Bond. A noter aussi la musique assez improbable de Bill Conti qui a franchement du mal à se caler dans l’univers de l’agent 007.

Antagoniste

Aris Kristatos est un trafiquant d’héroïne, agent double travaillant pour la Russie. Se faisant d’abord passer pour un allié de Bond, il se fera finalement démasquer par son ancien ami Columbo qu’il essayait de faire éliminer au passage. Méchant sans grande envergure, souhaitant simplement faire ses affaires sans personne pour l’entraver, Kristatos ne marque pas les esprits dans la saga, arrivant, il faut le dire après le glaçant Hugo Drax de Moonraker. Dommage pour son interprète Julian Glover, acteur qui méritait mieux et que l’on retient surtout pour sa composition de méchant dans Indiana Jones et la dernière croisade. Récemment il a également pu s’illustrer dans le rôle du pervers Mestre Pycelle dans Game of Thrones. A noter d’ailleurs que Charles Dance, également reconnu pour son rôle de Tywin Lannister dans Game of Thrones, fait dans le film une de ses premières apparitions en homme de main.

James Bond Girl

Après la très jolie mais fade Lois Chiles, Carole Bouquet marque fortement les esprits dans le rôle de Melina Havelock, jeune femme prête à tout pour venger la mort de ses parents. Longue chevelure noire, yeux vous transperçant et maîtrise parfaite de l’arbalète, Melina est une James Bond Girl avec une fière allure et surtout une personnalité ardente, bien plus préoccupée par la mort de Kristatos que par les charmes de Bond auxquels elle finira par succomber parce que… c’est comme ça ! Révélée par Luis Bunuel dans Cet obscur objet du désir, Carole Bouquet n’a jamais cessé d’irradier le cinéma de sa présence, se montrant à l’aise aussi bien chez Werner Schroeter que Bertrand Blier.

Section Q

Puisque telle était la volonté de John Glen, Rien que pour vos yeux est avare en gadgets. A peine voit-on une voiture de Bond exploser dès qu’on lui brise les vitres, le grand morceau de bravoure de course-poursuite automobile du film se faisant dans un 2CV. Reste alors l’identigraphe, développé par Q pour faire des portraits-robots et qui permet à Bond de trouver l’identité du suspect qu’il a aperçu. Une séquence qui a pris un sacré coup de vieux aujourd’hui !

1 Rétrolien / Ping

  1. Octopussy : "Tout est dans le poignet..." -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*