Chacal : LA référence dans la peau.

Disponible en DVD et combo DVD/Blu-Ray chez Elephant Films, Chacal a longtemps été une rareté. Invisible à la télévision, existant dans une vieille édition DVD, le film de Fred Zinnemann est aujourd’hui visible dans une copie reluisante grâce à l’éditeur français. Bizarrement, le film sort au milieu d’autres sorties comme Les Loups de Haute Mer, Madigan ou Un Hold Up Extraordinaire. Ce qui ne rend pas justice à un titre prestigieux, trésor du genre mis en scène de main de maître par Fred Zinnemann en 1973.

Fred Zinnemann est un réalisateur accompli de l’ancien Hollywood. Il opère depuis le début des années 30, tout d’abord en tant qu’assistant-réalisateur et scénariste, puis réalise son premier long-métrage au Mexique en 1936 avec Les Révoltés d’Alvarado. Zinnemann est surtout connu pour son chef-d’œuvre avec Gary Cooper et Grace Kelly, Le Train Sifflera Trois Fois, western grandiose qui offrira l’Oscar du Meilleur Acteur à Gary Cooper, shérif qui avoue sa peur et jette son étoile à terre tout en demandant l’aide de la population. Rare à cette époque de voir un héros sensible, humain et fragile au cœur du genre western américain, tout l’opposé d’un John Wayne par exemple.
Fred Zinnemann gagnera deux fois l’Oscar du meilleur réalisateur et du meilleur film avec Tant qu’il y aura des Hommes (1954), drame se déroulant en amont des événements de Pearl Harbor, puis en 1967 pour Un homme pour l’éternité, biographie filmée de Thomas More.

En entamant la production de Chacal, Fred Zinnemann n’a plus tourné depuis sept ans. Il s’empare d’un roman de 1971 de Frederick Forsyth, best-seller à l’époque, qui va donner lieu à une nouvelle adaptation en 1997 avec en têtes d’affiche, Bruce Willis et Richard Gere. Un film signé Michael Caton-Jones très loin de la qualité de la première adaptation de Zinnemann, réussite totale du genre.
Chacal est un pur film d’espionnage, thriller se déroulant essentiellement en France alors que l’OAS, Organisation de l’armée secrète, engage un tueur à gages pour éliminer le président français, Charles de Gaulle. Cette organisation terroriste créée par des résistants à la présence de la France en Algérie, colonie libérée par De Gaulle au début des années 1960, commet des actes terroristes, dont des tentatives d’assassinats sur le président français. Le film s’ouvre justement sur une reconstitution de l’attentat du Petit Clamart où la voiture de De Gaulle se fit mitrailler, heureusement sans dommage, une balle passant tout de même à quelques centimètres de la tête de l’homme d’État.
Le film part ensuite sur de la pure fiction. On suit le cheminement du Chacal, homme mystérieux et charismatique, qui prépare minutieusement son attentat. Entre l’Italie, la Suisse, Monaco et Paris, l’homme essaye de semer les forces de l’ordre alors à sa poursuite. Fred Zinnemann prend intelligemment le pouls de son époque. Le réalisme prime au cœur d’une époque où Friedkin vient de réaliser French Connection et où les questions politiques et sociales imprègnent les idées du nouvel Hollywood. Hal Hashby, Sidney Pollack et Alan J.Pakula prennent le contrôle du cinéma américain, soutenu par Francis Ford Coppola et son Parrain.
Le réalisateur oscarisé opte alors pour une approche réaliste, presque documentaire, avec une caméra portée annonciatrice du travail de Doug Liman et Paul Greengrass sur Jason Bourne dans les années 2000. Un procédé qui donne une énergie et une verdeur bienfaitrice au Chacal. Le spectateur est comme happé dans cette course contre-la-montre entre un tueur qui se sait attendu et suivi et un commissaire intelligent tâtonnant dans cette enquête méticuleuse à savoir qui est le Chacal ?
Fred Zinneman met en permanence à égal ses deux personnages créant une curieuse empathie pour le Chacal notamment, sorte de variation de James Bond avec ses armes sophistiquées, ses postiches et son charme qui mettra Delphine Seyrig dans son lit.

Le Chacal est incarné par Edward Fox. L’acteur est un acteur anglais reconnu ayant joué dans les grandes productions de l’époque, notamment en tant que second rôle. On a pu le voir dans La Bataille d’Angleterre de Guy Hamilton, Maison de Poupée et Galileo de Joseph Losey, Un Pont trop Loin ou encore Gandhi de Richard Attenborough. On retient également son rôle de M dans le non-officiel épisode de James Bond avec Sean Connery, Jamais plus Jamais en 1983. 
Il obtient le rôle du Chacal grâce à sa popularité moindre à l’époque. Le studio souhaitait confié le rôle à Robert Redford ou Roger Moore, mais Fred Zinneman craignait perdre le spectateur avec ce rôle mystérieux de tueur non-identifiable. Bizarrement, on s’attache tout de même à lui en dépit de sa froideur et les morts qu’il dissémine sur sa route. Tueur élégant et implacable, on en vient même à lui souhaiter de réussir sa mission. Mais c’est sans compter le Commissaire Lebel qui le poursuit à la hâte, que l’on croit toujours en retard, mais qui finalement comptera sur un peu de chance.

Chacal est la découverte souhaitée et attendue. Un grand thriller haletant au casting luxueux où l’on peut compter Philippe Léotard, Howard Vernon, Michel Auclair, Derek Jacobi ou encore Jean Sorel. On ne peut que de vous conseiller de (re)découvrir ce film disponible depuis le 28 février 2019 chez Elephant Films dans une belle édition, l’un des derniers grands films de Fred Zinneman, qui réalisera ensuite seulement deux films, Julia en 1977 et Cinq ce Printemps-Là en 1982.

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