Les enfants du temps : Déluge émotionnel

C’est dans un Tokyo étrangement assailli par d’incessantes pluies torrentielles que le jeune Hodaka arrive. Fugueur, il a quitté sa ville natale pour venir à Tokyo mais galère à s’en sortir, bien trop jeune pour dégoter du boulot. Seul le patron d’un magazine en quête d’histoires fantastiques et surnaturelles accepte de l’embaucher, lui demandant d’enquêter sur l’existence des filles-soleil. Peu convaincu par cette histoire, Hodaka va finalement voir son avis et sa vie changer en croisant la route de Mina dont les étonnants pouvoirs vont le bouleverser…

Après l’immense succès rencontré par Your Name, Makoto Shinkai ne change pas une recette qui gagne et livre avec Les enfants du temps une nouvelle variation sur les thèmes de sa filmographie. Soit une fois de plus l’histoire de deux adolescents tombant amoureux mais dont la situation compliquée (Hodaka a fugué pour venir à Tokyo, Hina est une fille-soleil, capable d’invoquer le beau temps) devra passer par bien des péripéties pour espérer se résoudre. A priori rien de bien nouveau sous la pluie et si la recette Shinkai continue à fonctionner grâce à un indéniable sens de la poésie, nul doute qu’elle trouve avec ce film ses limites. Elles sont d’ailleurs ici étonnamment à la fois techniques (l’animation, bien que truffée de plans sublimes, a un côté un peu trop lisse et propre et les séquences 3D sont farouchement laides) et scénaristiques, le film se perdant dans divers méandres avant de trouver sa voie, durant bien 20 minutes de trop.

On ne pourra guère reprocher à Shinkai de sans cesse renouveler son récit en encastrant au sein du scénario plusieurs éléments mais tout en peinant à trouver sa voie, Les enfants du temps donne l’impression d’un trop-plein parfois désagréable, nous menant d’un bout à l’autre sans vraiment que l’on sache quoi penser de ce qui déroule devant nous. Tout en abusant de ses tics de mise en scène (la musique pop romantique qui explose dès qu’une séquence un peu émouvante arrive, ça va bien une fois), Makoto Shinkai n’en demeure pas moins tout à fait singulier dans la façon de poser un univers et son argument fantastique avec aisance. Maîtrisant totalement l’écriture de ses personnages, les rendant attachants et complexes en un clin d’œil, le cinéaste sait capter la profonde solitude et mélancolie de l’adolescence et n’a pas son pareil pour mener ses films tambour battant.

Une raison suffisante pour se laisser porter par le film tout en regrettant néanmoins que Shinkai ne prenne pas plus de risques, se contentant d’appliquer avec plus ou moins les mêmes ingrédients une recette déjà bien éprouvée de son cinéma. Qu’importe, avec ses héros romantiques et son univers visuel aussi coloré que lumineux, le spectacle est au rendez-vous et suffisamment rythmé pour ne pas s’ennuyer. Si l’on ne boudera donc pas ce bonbon rempli d’émotion, on guettera cependant avec beaucoup d’attention la prochaine réalisation du cinéaste en espérant cette fois-ci qu’il ose un peu sortir des sentiers battus et proposer quelque chose de plus audacieux…

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