Ces garçons qui venaient du Brésil : Ces nazis qui ne savent pas laisser tomber

Après le film catastrophe Le pont de Cassandra, Elephant Films poursuit son exploration d’un certain cinéma des années 70 avec des films aux sujets alléchants et nous offre donc en Blu-ray et DVD Ces garçons qui venaient du Brésil, disponible depuis le 29 octobre dernier.

A la base du film, il y a évidemment le roman d’Ira Levin, auteur prolifique dont les livres, souvent des best-sellers, étaient fort appréciés à Hollywood de par ses concepts forts et cinématographiques. Ainsi, quand Franklin J. Schaffner, cinéaste efficace à l’origine de quelques classiques de l’histoire du cinéma (La planète des singes, Patton, Papillon) s’attaque à l’adaptation du livre seulement 2 ans après sa sortie, Rosemary’s Baby et Les femmes de Stepford, adaptés également de Levin sont déjà sortis et ont prouvé que la collaboration entre Levin et Hollywood pouvait être fructueuse.

Autant dire qu’avec Ces garçons qui venaient du Brésil, Schaffner frappe fort. Le film raconte l’histoire de Lieberman, chasseur de nazis depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Quand il apprend que Josef Mengele, toujours caché au Paraguay, a mis au point un plan diabolique consistant à plus de 90 assassinats étalés sur plusieurs années, Lieberman ne réalise pas encore la portée de cette machination, dont le but est évidemment l’avènement du quatrième Reich…

Étrange film que celui-ci, mis en scène avec une froideur glaciale et une distanciation empêchant toute empathie avec les personnages, même Lieberman nous apparaissant comme quelqu’un d’assez froid dans sa détermination. L’audace du scénario, dont les détails de la machination sont révélés au troisième acte du récit, est d’ailleurs d’une noirceur rare, partant d’un postulat glaçant. Bien construit mais lent dans son rythme, Ces garçons qui venaient du Brésil détonne aussi par son casting de stars vieillissantes (Laurence Olivier, Gregory Peck, James Mason) qui, de fait, imposent un rythme lancinant puisque le film nous narre la traque d’un vieil homme par un autre vieil homme. Le tout est filmé sans fards et ce jusque dans les gros plans, capable de virer à l’absurde quand à la fin du film Lieberman et Mengele s’affrontent à base de griffures et de morsures, laissant en nous une drôle de sensation. Sensation d’autant plus malaisante que c’est Peck, l’avocat humaniste du Silence et des ombres, qui joue Mengele, s’emparant du rôle avec une froideur et un maintien terrifiant qu’on ne le connaissait guère.

Vous l’aurez compris, Ces garçons qui venaient du Brésil ne ressemble à aucun autre film, en tirant évidemment sa force, étonnant sans cesse avec un malaise diffus, difficile à appréhender mais bien palpable. Un film choc sans aucune fulgurance formelle, un récit narré avec distance pour un film atypique dont le final vous hante longtemps après sa vision.

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