Skin : Le passé sur la peau.

Le mal-être se dessinant sur la peau d’un homme qui a été amené à détester son prochain par peur. La peur d’une Amérique qui ne supporte pas son passé. Le noir américain dérange une minorité dans certaines régions reculées d’Amérique. La question Noire revient sur le devant suite à l’élection de Donald Trump et son racisme affiché pour conquérir des voix. Donald Trump n’est que la forme d’un problème ancré profondément dans une certaine population américaine, pauvre généralement et sans une éducation poussée. La politique de personnes mal-intentionnées qui récupèrent des enfants perdus pour mieux les formater à une vision de haine.
Skin suit le parcours d’un gamin devenu un adulte violent qui a dessiné sur sa peau ses maux et ses doutes. Il a été détourné de la route par une sorte de gourou redneck et sa femme incarnée par la surprenante Vera Farmiga. Forcément cela la change des ectoplasmes dans l’usine à jump-scares de James Wan, mais ici c’est Bryon Widner qui cherche à conjurer le sort de sa vie. 

Depuis que Bryon a rencontré Julie à un concert donné par ses trois filles, il est fou amoureux. Commence alors le chemin christique d’un homme essayant de retrouver sa voie. Un parcours semé d’embûches surtout qu’il décide de retourner sa veste envers son groupuscule nazi après un drame dans une mosquée.
Skin est tout d’abord un court-métrage oscarisé en 2019. Tout s’enchaîne rapidement pour Guy Nattiv avec la production de Skin en long-métrage avec cette fois Jamie Bell dans le rôle principal. Tintin en nazillon avec des peintures de guerre sur la tronche, ça jette un froid, notamment après une introduction violente. Le long-métrage se fait ensuite plus doux, plus psychologique. On suit la réhabilitation de Bryon avec un programme spécifique, en parallèle des opérations douloureuses pour l’effacement de ses tatouages. Jamie Bell est saisissant d’émotions et de naturels avec face à lui Danielle MacDonald en compagne forte et indépendante. Le garnement va devoir s’accrocher pour la garder auprès de lui. Mais il déconne pour pimenter un film classique dans sa forme. Guy Nattiv fait bien trop confiance à son personnage et à son destin. Là est le problème d’une certaine platitude d’un récit qui manque de piment. La forme aurait dû emporter le fond pour permettre de s’accrocher à cette histoire culottée. American History X avait pour lui son cast (comment passer à côté d’Edward Furlong et Edward Norton), mais aussi Los Angeles au cœur d’une période violente et sèche. Ce que retranscrivait parfaitement le film pour un soulèvement d’émotions fortes, notamment son final poignant.

Dans Skin, il n’en sera rien. Guy Nattiv suit son script et une ambition moindre pour un film qui se retrouve en vidéo chez Lonesome Bear dès le 3 décembre 2019. Après un passage discret lors du 45e Festival du cinéma Américain de Deauville, le film se faufile doucement en vidéo pour être rapidement oublié. Pourtant la proposition ne manque pas de sel ni d’intérêt. Bryon Widner a tout risqué pour un amour sincère, une femme et ses trois filles qui ont frôlé la mort pour un passé trop lourd à porter. Skin est le témoignage par la peau d’une vie tumultueuse, mais surtout la psychologie d’un personnage qui a affronté sa violence et ses peurs par amour. Il s’échappe alors de ce fléau que sont le racisme et le narcissisme d’un politicard/redneck qui corrompt une certaine jeunesse pour engrener ses idées poisseuses au cœur d’une Amérique faible et malade.

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