Countdown : Rendez-nous les Destination finale !

Énième film d’horreur au concept usé jusqu’à la moelle, Countdown n’avait, sur le papier, pas grand-chose à faire valoir pour prétendre exister dans la masse de sorties salles, surtout en prenant en compte le bouleversement de l’industrie ayant entraîné à sa suite ce cinéma horrifique que l’on aime tant, mais qui s’est retrouvé ces dernières années essentiellement cantonné aux services de vod divers et variés. Dans nos salles, ce sont films de franchises et autre reboots qui mènent la danse, et il ne reste que peu de place pour toute proposition un peu différente (voir pour s’en convaincre le sort réservé à Furie, sorti sur seulement 3 copies parisiennes ce mercredi) ! Il n’y avait donc à priori rien à attendre de ce film, mais comme nous sommes bons joueurs, et toujours prêts à tenter un petit film d’épouvante old school, faisant fi d’un synopsis d’une banalité à se pendre, nous y allions prêts à lui laisser le bénéfice du doute. Seulement, malgré notre bonne volonté, il sera inutile de tourner plus autour du pot en créant un suspense aussi artificiel que le film, le résultat est une catastrophe si embarrassante que l’on se demande même comment en parler sans tirer davantage sur l’ambulance.

L’appli Countdown permet de connaître l’heure exacte de sa mort. Et ce n’est malheureusement pas une blague de mauvais goût, ses utilisateurs décédant effectivement brutalement au moment exact indiqué. Quinn, jeune infirmière, en vient à télécharger cette application dont tout le monde parle, et découvre avec horreur qu’il ne lui reste que 3 jours à vivre, ce qui l’amènera naturellement, constatant qu’il ne s’agit pas d’un canular, à tenter de trouver une solution à son prochain malheur …

Certes, on ne pourra pas se réfugier derrière un argument affirmant que ce pitch était particulièrement excitant et original, celui-ci nous renvoyant au contraire à ces bandes ayant déferlé tout au long des 2000’s, dans le sillon des œuvres matricielles que sont les Ring japonais, avec leurs avatars ricains, et les Destination Finale. Des premiers, il reprend ce principe de l’annonciation d’un destin funeste dans les jours à venir, ayant remplacé la cassette vidéo maudite par une application mobile (il faut bien rester dans l’air du temps), et des seconds, cette possibilité d’accidents absurdes, car par définition, la menace n’est pas palpable et doit donc se manifester par des enchaînements de mauvaises décisions devant être fatales pour la malheureuse victime. Et même en admettant que ce pitch soit des plus téléphonés, on a rien contre se prendre une petite tranche d’horreur cartoonesque riche de décès prématurés hilarants. Seulement il faudra vite se rendre à l’évidence que le contrat ne sera pas rempli, pour une raison simple et malheureuse : ses instigateurs se sont piqués d’un esprit de sérieux totalement rédhibitoire.

Persuadés de tenir là un sujet follement novateur (les pauvres), ils nous infligent un récit terriblement premier degré, sans la moindre dose de folie, et, comble du malheur, moulé dans un PG-13 castrateur empêchant toute dérive sanguinolente. Que les fans d’hémoglobine restent chez eux, il n’y a rien à voir, les quelques morts du film se passant soit dans l’arrière plan, soit hors champ, soit dans le noir, le comble du foutage de gueule se situant dans une scène post générique, durant laquelle la victime meurt … dans un fondu au noir ! Un exemple parmi tant d’autres de la haute estime qu’ont les scénaristes de ce truc ni fait ni à faire envers les fans du genre, et plus globalement, en ce qui concerne l’art du scénario.

Car c’est là l’élément fatal au film, qui le rend absolument indéfendable, cette façon de passer totalement à côté des possibilités à priori infinies de développement d’une mythologie. Incapables de prendre à bras le corps leur concept, les scénaristes nous concoctent une bouillabaisse dénuée du moindre enjeu, ou plus généralement, de la moindre étincelle de sens, enchaînant mollement des «péripéties » moins excitantes qu’une visite dans la maison de retraite la plus proche. Mené à un train de sénateur, le récit nous plonge progressivement dans une léthargie même pas réveillée par les quelques scènes « chocs » qui devraient faire ronfler jusqu’aux ados les plus réceptifs à ce genre de film. Même eux risquent de ne pas jouer le jeu et d’en sortir déçus. À cela , rajoutons le fait qu’on n’échappe pas à l’énième couplet metoo, auquel on ne pourra désormais plus échapper dans tout film destiné au grand public qui se respecte, ici totalement hors de propos, à travers un personnage d’infirmier harceleur de notre héroïne. Cela n’apporte aucune profondeur à l’ensemble, ce n’est que remplissage afin de nous persuader difficilement de la profondeur incroyable de l’entreprise, tellement en phase avec son temps, vous comprenez braves gens !

Bref, inutile d’en rajouter davantage, le résultat parlera de lui-même pour les pauvres âmes qui se risqueront néanmoins, malgré nos mises en garde, à aller voir le film. Ils auront le bonheur suprême de se coltiner un téléfilm que l’on croirait sorti des archives de feu les jeudis de l’angoisse de M6, mou du genou, aseptisé au-delà du raisonnable, dénué de la moindre étincelle de vie ou d’envie de cinéma, et, comble du malheur, moralisateur en diable. Une certaine idée du bonheur, en soi !  

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