The Terror – Saison 2 : Entre la terre et l’enfer

Véritable réussite artistique alliant grand spectacle télévisuel et noirceur à la hauteur du roman de Dan Simmons qu’elle adaptait, la première saison de The Terror, d’abord pensée comme une mini-série a vite donné aux producteurs de la suite dans les idées. Le format anthologique revenant en puissance depuis quelques années (merci American Horror Story), The Terror a donc adopté le principe et cette seconde saison intitulée Infamy entend raconter une histoire totalement différente dans un contexte qui l’est tout autant.

Chapeautée par Max Borenstein et Alexander Woo (déjà pas forcément un gage de qualité), cette deuxième saison contient dans son sujet un potentiel énorme, rarement abordé dans la fiction américaine : celui des camps d’internement des citoyens américains d’origine japonaise pendant la seconde guerre mondiale. Craignant que ces émigrés ne s’en retournent vers leur patrie natale et donc l’ennemi après l’attaque de Pearl Harbor, le gouvernement américain confinera très rapidement toute personne d’origine nippone dans la limite de camps barbelés. Cette expérience douloureuse, brutale et ostracisante, a entre autres été vécue par le jeune George Takei dans les années 40. L’acteur, mondialement connu pour son rôle de Hikari Sulu dans la série originale Star Trek, en plus d’avoir un rôle secondaire dans cette saison officie donc en tant que consultant. Cette volonté de rendre hommage à tout un pan de la population américaine opprimée en raison de ses origines se retrouve dans le choix des acteurs et de l’équipe technique, majoritairement d’origines japonaises.

Doublé à ce drame historique au potentiel très fort, The Terror, se voulant être une série horrifique, pimente le tout avec une histoire d’esprit vengeur tourmentant le personnage principal, un jeune homme japonais ayant du mal à se tirer de la lourde influence paternelle. Évidemment, il lui faudra passer par bien des épreuves et découvrir le secret du spectre pour en finir avec lui. Des épreuves, le spectateur de cette seconde saison en subira aussi puisque jamais Infamy ne vient renouveler la belle promesse de son aînée qui, il faut bien le dire, avait un matériau de base très solide.

Ici, à vouloir jouer à la fois sur le tableau du drame historique et du film d’épouvante, les deux showrunners de la saison ne parviennent à réussir ni l’un ni l’autre. La faute à une alchimie très bancale, se concentrant sur différents récits à l’intérêt variable (allant du ‘’on s’en fout un peu’’ au ‘’on s’en fout complètement’’) et surtout sur des personnages écrits à la truelle, incapables de susciter la moindre empathie. L’écriture faiblarde, alignant les poncifs et éventant ses moments de flippe par des astuces dignes d’un gamin de quatre ans est encore plus mise en évidence via l’interprétation vide des acteurs, à compter par un Derek Mio dont le manque de charisme est d’autant plus flagrant qu’il passe après une première saison bourrée de talents (Jared Harris, Tobias Menzies, Ciaran Hinds, Ian Hart).

Incapable de savoir sur quel pied danser, brassant ses références dans un pot-pourri qui ne prend jamais, Infamy déploie en plus en dix épisodes une intrigue qui aurait largement été meilleure si elle avait été ramenée à une durée raisonnable de deux heures. Pour le coup, tirer un film de toute cette histoire aurait pu donner lieu à quelque chose de formidable. L’étirement des épisodes, alignant les moments particulièrement répétitifs concernant le spectre (qui possède des humains quand il le veut, au nez à la barbe de ses victimes abruties) n’aident en rien la série à sortir du lot, bien au contraire. C’est d’autant plus dommageable que cette saison brasse une thématique forte et historiquement importante, malheureusement diluée au gré des personnages inutiles et des péripéties convenues. Rien à sauver de cette saison donc si ce n’est la présence dans un second rôle de C. Thomas Howell (révélé tout jeune dans E.T. et Outsiders) que l’on a un vrai plaisir à retrouver et la leçon d’Histoire que l’on tire douloureusement de ces dix épisodes, que l’on oubliera cependant très vite en espérant que la troisième saison, si elle est produite, soit confiée entre de meilleures mains…

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