Terminator Genisys : Hasta la Vista, Pap’s !

Après une Renaissance mort-née, la saga Terminator s’oublie quelque peu. Le cinéphile reste avec ce souvenir de deux grands films par James Cameron puis de deux tentatives inégales, mais réjouissantes. Terminator Renaissance a, en dépit de ses bonnes volontés, brisé ce lien indéfectible avec ses personnages restant sur un échec sans lendemain, des questions sans réponses et un beau gâchis. Mais Hollywood a toujours le don de trouver des parades pour ressusciter des sagas à l’image d’un membre du clan MacLeod.
Ainsi Terminator renaît tel un écossais avec la promesse de repartir de zéro, de renouer avec la base même des grands succès de la saga et le soutien indéfectible de James Cameron himself. Ce cher James, déjà accaparé par les suites d’Avatar, livre à l’équipe de production une base de scénario réfléchie comme une suite probable à T2 – Le Jugement Dernier, ainsi qu’un story-board détaillé de toute la première heure du film. 

Le film débute alors que la résistance claque le beignet à Skynet, qui dans un dernier effort envoie un T-800 tuer Sarah Connor en 1984. Pour sauver sa mère, John Connor envoie à son tour Kyle Reese, son plus brave lieutenant, ce qui débouche sur les péripéties du premier long-métrage de 1984. James Cameron avait concocté une boucle bouclée en forme de trilogie où tout se bravait avec l’arrivée d’un T-1000 au cœur d’un 1984 parallèle ayant subi les affres des péripéties déjà vécues. Forcément, après les deux premiers films, tout n’est plus pareil… Bref la time-line est modifiée, tout comme celle de cette saga, Genisys effaçant au passage Le Soulèvement des Machines et Renaissance

Là commence le gros bazar dans la saga Terminator, chacun allant de ses petites envies, notamment ici avec toutes les bonnes volontés possibles. Forcément, ce bon vieux Arnold est de retour, attraction première d’un film restant cohérent sur la valeur primaire de son rôle. Arnold est un T-800 envoyé par un inconnu pour protéger Sarah Connor à l’âge de 9 ans, alors qu’une première tentative du futur pour l’assassiner était tentée par Skynet. On en saura jamais plus, même si on se doute que c’est John Connor et que ce fut déclenché par un espace-temps différent. Car dès que l’on joue avec le temps pour justifier sa propre création de foires, ça craint un peu niveau cohérence. Surtout que des voyages dans le temps, Genisys va s’y amuser…

Pour rester encore concret, toute la première heure du film reprend les story-boards fournis par ce cher James et l’on sent sa patte évidente sur un possible indice de quoi aurait pu être un véritable 3e film. Mais Alan Taylor, en charge du film, s’applique et ne déroge pas à cette commande de standing. Il colle plan par plan au travail de James Cameron reprenant à l’identique des séquences du film original de 1984 pour ensuite dériver au fur et à mesure vers une proposition risquée, mais culottée.
Point inhérent à la saga, Genisys est une course poursuite contre le temps avec des robots tueurs au cul. En plus de reprendre le cahier de notes de Cameron, les scénaristes chopent les vieilles versions abandonnées des scénarios pour les films précédents pour grappiller des détails qui vont nourrir la deuxième heure du film. Ainsi, twist qui n’en sera jamais un, car révélée par l’affiche et les bandes-annonces, Jason Clarke incarne un John Connor au col blanc qui se trouve être finalement un nouveau type de robot venu du futur. Idée reprise d’une version de Terminator Renaissance où Connor mourrait pour devenir un Terminator infiltrant et éradiquant la résistance. Il était envoyé ensuite dans le passé pour tuer sa mère. Idée qui nourrit le second acte d’un film « kebab sauce blanche » de toutes les chutes de scénarii récupérer et mise en forme par l’un des plus célèbres script-doctor d’Hollywood, Patrick Lussier. Terminator Genisys obtient une forme hybride qui bizarrement tient sur ses deux parties bien distinctes, Kyle Reese et Sarah Connor voyageant de nouveau dans le temps pour débarquer en 2017.

Reconstituer 1984 n’est pas une paire de manches, puis clairement cela coûte une blinde. Donc un petit voyage dans le temps en 2017 facilite les choses pour combattre Skynet qui encore une fois mute pour devenir un système d’exploitation, type IOS ou Androïd, contrôlant notre monde. Regard critique sur la condition de l’homme figé sur son téléphone portable et sa tablette (voir les usagers des transports en commun le matin), Genisys innove au cœur d’une saga ronflante. Malgré des imperfections, il faut bien deux visionnages de Terminator Genisys pour se convaincre que le film sort des sentiers battus pour proposer un angle pertinent et ouvrant la porte à une nouvelle ère.
Le film fut clairement un échec critique et public lors de sa sortie. Se souhaitant être un troisième opus officiel, le film fut mal géré et vendu à la truelle à un public qui n’en attendait rien. Même le retour de Schwarzy dans le rôle du T-800 n’a suscité aucun soulèvement des fans. Au contraire, il a été mal perçu alors que l’intention est bonne et plutôt pertinente en termes d’écriture. Après avoir été l’ange gardien de John Connor dans T2, il devient celui de Sarah Connor avec qui il lie une relation paternelle après la mort de ses parents tués par une machine. Arnold est toujours aussi monolithique prenant un plaisir certain à reprendre son rôle. Le rejet est alors incompréhensible de la part des fans sur cette composition alliant passé et présent, à l’image du film, et malgré son sourire de benêt, réponse au «Hasta la Vista Baby», simple volonté de mouvoir le robot-protecteur au cœur de la société par une Sarah enfant. Soulignons qu’elle l’appelle « Pap’s » tout le long du film.

Terminator Genisys se révèle avec le recul être une proposition couillue et logique comme une suite directe au Jugement Dernier de James Cameron. Le film brise la frise pour mieux créer une nouvelle ligne narrative avec un opus se jouant des codes de la saga tout en la renouvelant. Genisys (Phil Collins sort de là !) est une proposition risquée, aujourd’hui annihilée, se démarquant de toutes les propositions convenues déjà proposées. Le film d’Alan Taylor est un voyage au cœur même de la saga se jouant de son espace-temps pour mieux réécrire l’histoire. Une narration cassée qui n’a pas plu à grand monde, mais dont on reviendra forcément, ce Terminator Genisys ayant été rejeté pour les mauvaises raisons.

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