Terminator 3 – Le Soulèvement des Machines : Bis Repetita

Il ne faut pas croire que James Cameron n’ait jamais essayé de monter un troisième film pour la saga Terminator. Le succès de T2 – Le Jugement Dernier était presque annoncé d’avance vu le marketing et le budget initial monstre du film. Succès il y a eu, donc forcément une suite était dans les tuyaux. Mais la banqueroute de Carolco a retardé les affaires avant que James Cameron collabore avec la 20th Century Fox pour produire le film. Des divergences sur la post-production de Titanic créeront un frein sur une nouvelle collaboration.
Les producteurs originaux de Terminator 2, Andrew J.Vajna et Mario Kassar, rachètent les droits de la franchise à James Cameron pour 7,5 millions de dollars et le pourcentage appartenant à Gale Ann Hurd, productrice/scénariste de Terminator. Carolco a coulé depuis le second Terminator (L’Île aux Pirates de Renny Harlin est passé par là), c’est donc sous l’égide de C-2 Pictures que Terminator 3 se lance avec un premier scénario de Tedi Sarafian.

Longtemps Terminator 3 a servi de canon comme suite officielle. Aujourd’hui, cette time-line est effacée au profit de Dark Fate réalisé par Tim Miller. Mais à l’été 2003, Terminator 3 est un sacré blockbuster au coût astronomique de 187 millions de dollars. Sur les conseils de James Cameron, Arnold Schwarzenegger reprend son rôle mythique du T-850 après avoir empoché 30 millions de dollars. Terminator 3 est l’avant-dernier long-métrage de cinéma (avant Le Tour du Monde en 80 jours avec Jackie Chan) pour l’acteur autrichien qui bifurque sur une carrière politique en novembre 2003 pour deux mandats de Gouverneur de la Californie jusqu’en 2011. Depuis il a repris sa carrière d’acteur (avec plus ou moins de succès) et deux fois le rôle du Terminator.
Dans Terminator 3, la machine est plutôt bien huilée et en mode automatique. L’acteur cabotine et nous ressort ses phrases cultes tout en prenant un certain recul. Le second degré est de mise pour ce nouveau film essayant d’atteindre une nouvelle génération, 12 ans après Terminator 2 de James Cameron.

À la barre de cette énorme machine pour l’époque, Jonathan Mostow qui sort tout juste de l’accueil enthousiaste pour U-571. Un film de sous-marin au casting trois étoiles (Matthew McConaughey; Harvey Keitel; Bill Paxton) et co-scénarisé avec David Ayer. Jonathan Mostow est loin d’avoir peur de la machine Terminator et ne se dégonfle pas. Au contraire, le film bénéficie d’une énergie communicative nous propulsant au cœur d’une mise en scène généreuse se relançant en permanence. Les péripéties monstres du Soulèvement des Machines n’arrêtent jamais. Entre la séquence chez le vétérinaire puis la course poursuite en camion-grue, le film nous scotche au fauteuil avec des séquences à couper le souffle. Terminator 3 est assurément spectaculaire, une véritable attraction de cinéma qui laisse son scénario de côté pour exploser l’écran. Concernant la course-poursuite, 14 caméras ont été nécessaires pour filmer le Terminator heurtant les bâtiments de verre perché sur le bras de la grue, parce que comme pour la plupart des cascades au cinéma, il n’y a pas de seconde prise… 

Véritable blockbuster de son temps, Terminator 3 – Le Soulèvement des Machines est un divertissement généreux et efficace manié avec dextérité par Jonathan Mostow, alors au summum de son talent. Mais la fragilité du film est son scénario. Menu Big Mac XXL bien gras, le plat est un réchauffé de la trame principal du T2 de Cameron. Le film amoncelle des poursuites en voitures impressionnantes avec la volonté de faire toujours mieux, plus grands et plus forts. Mais l’histoire ressasse les sempiternels messages sur l’apocalypse et repousse le problème SkyNet de quelques années. Le principal tord de ce Terminator 3 est de donner l’impression d’être un semi-remake empruntant goulûment les idées de James Cameron pour mieux resservir la sauce aux fans. Des fans qui bouderont le film au dépit d’un succès conséquent pour l’époque avec 433 millions de dollars de recettes mondiales.
Il faut dire aussi que la réussite des Terminator a toujours reposé sur l’antagoniste des films. Un robot froid incarné avec dureté par Schwarzenegger himself dans le premier, puis Robert Patrick dans T2, incarnation venimeuse et pernicieuse pour une course-poursuite cauchemardesque non-stop. Dans T3, Kristanna Loken fait pâle figure, malgré un physique avantageux sur lequel tout repose. Notamment la séquence d’arrestation ou son arrivée en introduction qui a déclenché une montée d’acnés à moult adolescents en salles. Mais l’actrice est une resucée de Robert Patrick. Elle se comporte à l’identique, rigide et frigide, calant ses postures sur le T-1000. On ressent alors la volonté des deux moguls/producteurs et des scénaristes de convenir aux attentes des fans sans les bousculer. Sachant qu’à la base des intentions, le rôle devait être tenu par un homme (Vin Diesel était envisagé) aux caractéristiques bien différentes. 

Terminator 3 – Le Soulèvement des Machines ne se distingue pas par son originalité ni sa prise de risques. Le film coche les cases pour satisfaire le fan et le cinéphile tout en proposant un final couillu ouvrant une porte intéressante dont on ne connaitra jamais la suite. Terminator 3 était un potentiel film pivot qu’aucun studio n’a su saisir pour embrayer sur la suite attendue et connue depuis le premier film. À savoir de découvrir enfin les répercussions de ce jugement dernier, l’apocalypse sur Terre et la rébellion de John Connor et sa femme pour préserver la liberté des hommes contre les machines. Il faudra se satisfaire d’une Renaissance comme film zéro quelques années plus tard ne se calant pas après, mais avant Terminator, le film signé McG étant un prologue tout aussi efficace que vain.

3 Rétroliens / Pings

  1. Terminator Renaissance : Une possibilité salvatrice. -
  2. Terminator Genisys : Hasta la Vista, Pap's ! -
  3. Terminator - Dark Fate : Un sombre destin en boucle ! -

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