5 est le numéro parfait : Photogrammes sans vie

Il n’est pas toujours facile d’adapter son propre travail. Le manque de recul sur la matière première, le passage d’un médium à un autre n’est pas aussi évident qu’on le croit. La preuve avec 5 est le numéro parfait que l’auteur et dessinateur de BD italien Igort réalise ici d’après l’un de ses œuvres.

Cinématographiquement, le potentiel du film est pourtant très fort. On y suit Peppino Lo Cicero, ex-tueur à gages de la Camorra reprenant du service quand son fils est assassiné. Avide de vengeance, il reprend les armes avec son ami Toto le Boucher et va écumer le Naples des années 70 pour retrouver le coupable. Un pitch qui sent bon le film de gangsters à l’ancienne et qui est d’autant plus prometteur que le casting a de l’allure, réunissant un Toni Servillo toujours aussi impeccable et une Valeria Golino plus séduisante que jamais.

Hélas, la transition de la BD au grand écran opérée par Igort n’est jamais franchement convaincante. Le néo-réalisateur fait pourtant preuve d’un sens du cadre impeccable et formellement, 5 est le numéro parfait est très beau, certains plans venant carrément rappeler des planches de BD. Mais tout cela reste malheureusement très plat et illustratif, sans le moindre souffle de vie. Car si Igort se montre capable de mettre un plan en place, c’est bien la transition entre chacun d’entre eux qui pose problème, le film se posant justement comme ce qu’il ne faut pas faire quand on adapte un BD. Sans vie, les séquences s’enchaînent mais ne font jamais vibrer, y compris lors de fusillades qui ont pourtant tout pour être épiques sur le papier.

Et si la transformation de Peppino, qui retrouve goût à la vie dans sa croisade vengeresse, ne manque pas d’intérêt, pimentée par l’œil vivace de Toni Servillo, le manque d’ampleur du récit et sa trame somme toute assez classique ne parviennent jamais à tirer le film vers le haut, celui-ci se contentant de dérouler son programme sans accrocs mais sans jamais surprendre ou émouvoir, restant un objet froid nous incitant à nous pencher sur la BD originale plutôt que sur la suite de la carrière cinématographique d’Igort.

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