John Rambo : Horreurs d’une guerre civile barbare

Il aura fallu 20 ans et une conclusion bouleversante d’émotions au personnage de Rocky pour que Sylvester Stallone décide d’apporter une conclusion digne à son personnage de Rambo. Écrit et réalisé par Sly lui-même, John Rambo nous ramène dans l’ouest de la Thaïlande où Rambo chasse des serpents qu’il revend à des animateurs de spectacles. Il est approché par un groupe de missionnaires chrétiens qui lui demande de les emmener jusqu’en Birmanie afin d’amener des médicaments au peuple karen. Ce peuple résiste à l’armée de la junte birmane, les tatmadaws, qui les persécute sans relâche. Quand les missionnaires sont capturés par les tatmadaws, Rambo retourne en Birmanie, accompagné d’un commando de mercenaires, afin de les libérer et de prendre part, aux côtés des karens, à la guerre contre les tatmadaws.

Sylvester Stallone s’est énormément renseigné afin de mettre en lumière une guerre très peu médiatisée. Les horreurs qui officiaient en Birmanie, au moment de l’écriture du film, duraient depuis plus de soixante ans. Stallone voulait confronter le spectateur aux horreurs de cette guerre particulièrement meurtrière et horrifique. Il a déclaré, à l’époque, que la plupart des atrocités qui y sont infligées sont tellement horribles qu’il ne pouvait pas les montrer à l’image. Et pourtant, John Rambo est un film particulièrement frontal lorsqu’il s’agit d’aborder sa violence. Stallone filme les horreurs vécues par les karens avec une froideur impressionnante. Il faut avoir le cœur accroché et être averti lorsqu’on se prépare à regarder John Rambo. Vous allez y voir des enfants souffrir, des femmes battues ou violées ainsi que toutes sortes de sévices abominables. Sans tomber dans l’excès d’ignominies pour autant, John Rambo ne ménage pas le spectateur. Stallone recentre le récit sur ce qui faisait la force du premier opus et entend montrer les traumatismes que subissent les gens qui y sont impliqués sans jamais caresser le spectateur dans le sens du poil. Nous sommes bousculés dans notre confort, John Rambo remue sévèrement les tripes dans sa première moitié de film. Soyez prévenus.

L’authenticité des actes est sidérant jusque dans la froideurs du jeu des acteurs. Stallone a, en effet, demandé à la directrice de casting de recruter des vrais karens et des vrais birmans. Il voulait des gens qui connaissent réellement la guerre civile birmane. Les victimes et les soldats du film sont donc interprétés par des réfugiés karens, des amputés et victimes des mines ainsi que d’anciens soldats birmans. Quant à l’interprète du chef de l’armée birmin, il est incarné par le chef de la résistance des karens, voilà pourquoi il sait comment se montrer cruel, puisqu’il a subit des tortures similaires. Rarement la méchanceté n’avait été montrée avec autant d’authenticité. D’autant que Stallone filme les séquences de tortures et d’invasions avec une caméra à l’épaule, renforçant l’aspect documentaire qui se dégage du film. Une fois tout le contexte installé et la trame digérée, Stallone enclenche la vanne de l’action. Et il va sans dire que John Rambo réserve son lot de séquences musclées. Se rapprochant viscéralement des thématiques du second opus, Stallone reproduit ce qui a fait le succès de son personnage et lui offre une finalité à la hauteur de ce dernier. John Rambo conclue parfaitement les enjeux mis en place et permet à son héros d’avoir enfin droit à sa rédemption. Le dernier plan où il rentre finalement dans son pays semble enfin lui offrir la paix qu’il cherchait depuis son retour du Viêt Nam. Un dernier plan à la symbolique forte et une conclusion émouvante comme seul Stallone en a le secret.

John Rambo est un opus sombre, froid et violent qui rend justice à la fois au courage des karens qui luttent au sein d’une guerre civile meurtrière ainsi qu’au personnage de Rambo enfin rentré au bercail. Un film indispensable pour quiconque ayant le cœur bien accroché. Une prouesse nostalgique qui redore le blason d’un personnage trop longtemps moqué à tord. Espérons que le nouvel opus dans nos salles prochainement ne vienne pas salir l’effort fourni par Stallone dans ce volet.

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