Rambo 3 : …il faut devenir LA guerre !

Fort du succès public du second volet, il ne fallut que 3 ans pour que Rambo renfile son bandana rouge et reparte au front. Initialement confié à Russell Mulcahy (Highlander) qui fut évincé du tournage par les producteurs qui lui reprochaient de trop soigner ses images au détriment de l’action, Rambo 3 est réalisé par le réalisateur de la seconde équipe, Peter MacDonald (L’Histoire Sans Fin 3, Légionnaire). Cette éviction sera symptomatique du problème général dont souffre ce troisième opus : on fait tout péter parce que c’est cool de tout faire péter ! Résumé primaire qui colle, malheureusement, à la peau de ce film.

Retiré dans un monastère thaïlandais, Rambo est approché par le colonel Trautman afin de l’accompagner dans une mission en Afghanistan. Ce dernier refuse prétextant que ce n’est pas sa guerre. Quand Rambo apprend la capture du colonel, il décide de partir le délivrer. Sur place, il sera aidé par les moudjahidines qui tentent de survivre aux assauts incessants des colonies russes venus détruire leurs terres.

L’opus de trop ? Très probablement. En dépit de la collaboration de Stallone à l’écriture du scénario, Rambo est devenu sa propre parodie. On ressent bien trop la commande de producteur derrière le projet. Rambo 3 doit divertir et tuer un maximum de russes, tout ceci dans l’espoir de faire oublier l’implication des États-Unis au sein du conflit qui sévissait en Afghanistan depuis 1979. Stallone semble bien moins impliqué dans son personnage, surtout lors des séquences d’action. Il semble résolu à donner aux producteurs ce qu’ils attendent de lui, ni plus, ni moins. Là où, à l’inverse, on ressent l’acteur nettement plus concerné lorsqu’il est au contact de la population moudjahidin. Il y a une vraie dualité qui émane du scénario co-écrit avec Sheldon Lettich et David Morrell (pourtant à l’origine du roman dont est tiré le personnage). D’autant qu’avec le talent de metteur en scène de Mulcahy au départ du projet, Rambo 3 aurait pu tenir de belles promesses. Il n’en résulte qu’un film bateau, pas indigeste pour autant, mais très loin des discours poignants et radicaux qui se cachaient en sous-texte dans les deux films précédents. Rambo 3 est ce cliché de film d’action à la punchline forcée pour rendre ses héros intrépides. Une recette que Stallone magnifiera à la perfection des années plus tard avec ses Expendables. Bien évidemment, nous sommes les premiers à rire devant le colonel Trautman qui, sous la torture, s’amuse à avouer aux russes que les missiles sont cachés dans leur cul…mais les blagues grivoises n’empêchent pas à un film de savoir être bon, ce que Rambo 3 a oublié de faire.

Pire que tout, Rambo 3 aurait pu être une parodie que ça n’aurait rien eu d’étonnant. Preuve en est avec Richard Crenna qui s’amusera à tourner au ridicule son personnage du colonel Trautman dans Hot Shots 2 en 1993. L’illusion sera tellement parfaite qu’on ne sait plus, aujourd’hui, distinguer le colonel Trautman du colonel Denton Walters lorsque nous revoyons Rambo 3. Et rien n’aide le film à se sortir de sa tourmente. La réalisation est inexistante et se contente de singer bêtement les plans iconiques des films précédents. Si ce n’est un final assez réussi, Rambo 3 n’a aucune personnalité. Et malgré tous ses défauts évidents, nous continuons à le revoir régulièrement. Peut-être est-ce l’attachement au personnage ? Peut-être est-ce causé par la musique de Jerry Goldsmith toujours au sommet de son art ? Peut-être est-ce parce que nous fantasmons sur ce que le film aurait pu être s’il avait été pris à sa juste valeur ? La réponse ne nous sera jamais donnée. Quoi qu’il en soit, Rambo 3 est victime d’un essoufflement du filon. Une poule aux œufs d’or pour les producteurs qui tentent de rentabiliser un maximum sur le dos d’une figure devenue populaire. Un beau gâchis duquel on sauvera quelques envolées bienvenues, notamment toutes les séquences où Rambo se cache au Pakistan et s’essaye aux us et coutumes des moudjahidines.

Rambo 3 est le cliché de ce que le cinéma d’action américain des années 80 savait faire de pire. Bête et indigent, il ne reste que la présence réconfortante d’un Stallone qui assure le strict minimum pour contenter les producteurs, préférant ses scènes de dialogues aux séquences d’action. Autant d’atouts foutus en l’air qui vaudront à Stallone le razzie award du pire acteur cette année-là et au costume de John Rambo d’être rangé au placard pour une paire d’années.

1 Rétrolien / Ping

  1. Rambo : Last Blood - Une fois que la guerre est finie... -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*