Port Authority : Boy Meets Girl

C’est l’histoire d’un garçon qui rencontre une fille. Paul est blanc et galère à New York, rejeté par sa famille. Pour survivre, il dort dans un foyer et déménage des appartements pour le compte d’un ami travaillant avec les services d’immigration. Wye est noire, vit à Harlem avec la famille qu’elle s’est choisie, des danseurs adeptes du voguing, cette danse urbaine très expressive née dans les années 70 et pratiquée par tout un pan de la communauté LGBT. Paul l’ignore mais Wye est une transgenre et avec elle, il va découvrir tout un monde, celui de la ball culture qui lui est inconnu mais qui lui plaît beaucoup. Dès lors, tiraillé entre ce qu’il doit à Lee qui l’héberge au foyer mais qui est homophobe et entre Wye et sa famille, il va devoir choisir vers qui il désire être accueilli.

Premier long-métrage de Danielle Lessovitz, Port Authority n’apporte, à première vue, pas grand-chose à un genre comme on en voit à la pelle depuis des lustres. La réalisatrice filme son récit avec les clichés habituels du cinéma indépendant américain new-yorkais : caméra à l’épaule et photographie réaliste pour mieux s’immerger au plus près des personnages. Une approche déjà vue mille fois mais qui a malgré tout fait ses preuves tant elle parvient à nous immerger dans le film. Le problème du scénario vient du personnage de Paul (incarné par Fionn Whitehead, découvert dans Dunkerque), pas toujours très sympathique et dont on peine à comprendre les mensonges dans lesquels il s’enfonce dès le début de sa relation avec Wye tant celle-ci, rayonnante, pourrait donner envie de tout abandonner pour la suivre.

C’est d’ailleurs Leyna Bloom qui vient transcender Port Authority et lui apporter ce je ne sais quoi rendant le film unique. Mannequin, danseuse, activiste pour la cause LGBT et véritable transgenre, Leyna Bloom, dont c’est le premier rôle au cinéma, irradie l’écran de vérité et de naturel, apportant à son personnage une formidable dimension humaine la rendant tout de suite authentique. Le film tire aussi sa force de l’univers qu’il dépeint, trop méconnu et qui voit des gens affirmer leur liberté et leur force via la danse dans des performances d’une puissance rare. Grâce à tout ce monde dans lequel Danielle Lessovitz nous immerge, Port Authority (du nom d’une station de bus à New York) parvient à éviter les ornières d’un genre rebattu et vient chercher une forme de simplicité revendiquée, que la cinéaste parvient à maîtriser en dépit de son héros un peu trop passif à notre goût. Il n’empêche qu’on suivra de près la suite de la carrière de la réalisatrice (qui offre à son film une très belle fin) et celle de Leyna Bloom, véritable révélation que l’on a déjà envie de revoir sur grand écran.

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