American Woman : Femme courage.

Dans une petite ville de Pennsylvanie, Deb Callahan, 31 ans, voit sa vie bouleversée par la disparition soudaine de sa fille. Celle-ci laisse derrière elle un nourrisson dont Deb s’occupe tandis qu’elle cherche à savoir ce qui est arrivé à sa fille, épaulée par sa sœur et son beau-frère. Avec ce point de départ, American Woman, réalisé par Jake Scott (fils de Ridley, dont on n’avait pas eu de nouvelle depuis Welcome to the Rileys), pouvait laisser présager un thriller poisseux et rural comme Gillian Flynn aime les écrire. Il n’en sera rien. En une ellipse arrivant à la fin de la première partie du film, le scénario écrit par Brad Ingelsby (Les brasiers de la colère, Night Run) prend un chemin complètement différent.

Il ne sera pas question de savoir ce qui est arrivé à la fille de Deb, mais comment celle-ci continue à vivre coûte que coûte, en dépit des coups que la vie lui donne. Deb est en effet une femme comme on peut en croiser tous les jours dans la vie, marquée par un drame personnel, enchaînant les relations toxiques, bataillant pour élever comme il faut son petit-fils, animée d’un amour inconditionnel pour sa sœur (Christina Hendricks, formidable comme toujours) en dépit des disputes, cherchant à trouver sa place dans la vie. Une femme courageuse comme le cinéma les aime tant, mais que le film parvient à croquer avec une justesse rare, sans jamais en faire trop, sans jamais tomber dans l’emphase. Au fil des ellipses du récit (le film s’étale sur plus d’une dizaine d’années), c’est donc la vie qui suit son cours avec ses drames, ses moments de joie, ses doutes, ses défaites et ses victoires.

La force d’American Woman vient non seulement de la subtilité de son écriture (qui a le mérite de ne pas faire de Deb un modèle d’héroïsme au quotidien dès le début, nous faisant ainsi assister à son évolution) mais aussi de la force d’interprétation de Sienna Miller qui rend le personnage proche de nous. L’actrice, dont la carrière est jonchée de nombreux films (Interview, The Lost City of Z, A vif !) n’avait jusqu’à présent jamais trouvé un rôle à la hauteur de son talent discret. C’est chose faite ici avec un personnage d’une belle intensité, nuancé et complexe, qu’elle transcende par sa résilience et sa belle force de conviction. De son propre aveu, Sienna Miller aura du mal à retrouver un rôle aussi beau par la suite et on souhaite ainsi au film de se faire découvrir par le plus grand nombre possible, non seulement pour elle mais aussi parce qu’on a rarement vu une œuvre réalisée sur un sujet si dramatique avec autant d’espoir en son sein. Car si la vie de Deb est jonchée de drames (cristallisés par la disparition tragique de sa fille), American Woman est avant tout l’histoire d’une femme qui avance malgré la douleur, d’une vie qui continue au fil de ses aléas où la tragédie et les mauvaises rencontres ne peuvent effacer l’amour et la joie d’être en vie, pour soi et pour les autres. Que Jake Scott réussisse à insuffler tant de vie dans un seul film tient du petit miracle, justifiant largement la vision de ce petit bijou dramatique et bouleversant mais finalement profondément optimiste.

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