45e Festival du Cinéma Américain de Deauville – Chapitre 3

Tout Peut Changer… ou pas. Rendez-vous pris ce matin avec Geena Davis et son documentaire sur l’état lamentable de l’intégration de la femme dans le milieu hollywoodien. L’intégration et la représentation de la femme qui passe toujours en second plan laissant la star masculine prendre l’espace nécessaire pour bien vendre le produit. Il faut que cela cesse, et donc avec le soutien de tout un banc de réalisatrices et techniciennes, elle prend les choses en main, libérant les paroles et agissant auprès des autorités compétentes. Le film expose les faits – manquant parfois de recul – sur certains exemples et enfonce des portes pour faire avancer les choses. Certaines preuves concrètes du bienfait de leurs actions avec la chaîne FX qui a bénéficié d’une restructure complète pour un meilleur rendement et une ouverture franche d’esprits créatifs bénéfiques en terme de qualité de produits télévisuels proposés.
Le documentaire est le constat actuel d’un système en mutation. Un point dans 20 ans serait intéressant pour savoir si franchement tout cela a porté ses fruits au cœur d’une industrie machiste et complexe à bouger.

Notre routine reprend ses droits avec ce quatrième jour sur Deauville. Le groupe se sépare, l’un pour (re)découvrir Arizona Dream d’Emir Kusturica dans le cadre de l’hommage à Johnny Depp, et l’autre se réfugie au CID pour découvrir Bull réalisé par Annie Silverstein. Présenté dans la section « Un Certain Regard » à Cannes en début d’été, nous découvrons un film interessant dans sa première moitié. Bull suit, dans un quartier défavorisé situé à l’ouest de Houston, les rapports tumultueux entre une adolescente paumée et un torero vieillissant. Le long-métrage stagne rapidement laissant sa jeune héroïne livrée à elle-même perdue entre son besoin d’argent et son amitié avec ce vieux toréro. Le film se conclut sur une main posée quand bien même aucune évolution n’est à noter pour le bien du film. Bull est une véritable déception.

Bull d’Annie Silverstein

Après un peu de repos sur la terrasse du CID réglant les questions urgentes provenant de Paris (le bureau restant à gérer à distance), nous assistons à la conférence de presse pour Tout Peut Changer en compagnie de Geena Davis. Classique rencontre pour un tour d’ensemble assez vain. L’ex-action star des 90′ répond volontiers avant l’arrivée de Sandrine Brauer, productrice indépendante qui œuvre aussi en France pour une présence plus juste et équilibrée des femmes dans l’industrie du cinéma à travers le collectif 5050 pour 2020. 
Elle souhaite remettre en question la manière dont on fabrique de la visibilité pour les femmes et rappelle que sur l’exemple du Festival de Cannes, seulement 82 femmes ont été sélectionnées sur 1000 réalisateurs depuis la création. Elle souligna aussi le fait des budgets moindres pour les films de réalisatrices ou le nombre de projets concernant les femmes, garantie en rien d’avoir du travail permanent dans le milieu.

Geena Davis – Conférence de presse pour Tout Peut Changer

Parlant d’héroïne et d’actrice, nous enchaînons avec The Wolf Hour où l’on retrouve Naomi Watts incarnant une romancière à succès souffrant d’agoraphobie. Le film se déroule en 1977 en pleine été suffocant alors que Son of Sam assassine de jeunes brunes dans les rues de New York. Pas grand chose à retenir de ce film outre la prestation de l’actrice australienne juste et convaincante au cœur d’un vague récit. Seule la dernière séquence nous laissera au cœur d’une curieuse question sur l’identité propre du film.

Il aura fallu attendre la fin de journée pour accrocher un gros morceau. Making Waves – The Art of Cinématic Sound revient sur toute l’histoire du son au cinéma, principalement à Hollywood. On y croise les grands artisans du domaine à savoir Walter Munch, Ben Burtt ou Gary Rydstrom, en parallèle des commentaires de réalisateurs qui ont aidés à faire de ce département cruciale (découvrir les bruitages des avions de Top Gun est impayable) en personne de George Lucas, Steven Spielberg, Barbra Streisand ou Christopher Nolan. Un documentaire important qui fait état de l’importance d’un département riche pour un film et son succès potentiel. Making Waves devient le film référence en la matière, un documentaire pour l’histoire et l’héritage d’un art si riche.

Making Waves – The Art of Cinématic Sound

Notre journée s’arrête ici pour mieux repartir demain dans cette routine qui s’est installée. Demain, mercredi 11 septembre, on partira à le découverte d’American Woman avec Sienna Miller, de Peanut Butter Falcon avec Shia LaBoeuf et Dakota Johnson. On jettera un œil à Charlie Says où Matt Smith incarne Charles Manson sous l’oeil de Mary Harron, réalisatrice invisible depuis American Psycho avec Christian Bale. Ça date ! 

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