Music of my life : Saint Bruce méritait mieux

On a beau répéter souvent que les bons sentiments ne font pas forcément les bons films, il y a régulièrement une œuvre de cinéma qui s’attaque frontalement à un sujet plein de bonne foi dans l’espérance d’en tirer quelque chose sans pour autant y parvenir. C’est le cas de Music of my life, feel-good movie réalisé par Gurinder Chadha d’après l’expérience vécue par le journaliste et écrivain Sarfraz Manzoor pour qui Bruce Springsteen compta beaucoup, au point d’écrire un livre intitulé Greetings from Bury Park, point de départ de ce film hautement autobiographique.

En brandissant le patronage de Bruce Springsteen, Music of my life avait pourtant tout pour partir gagnant mais même l’influence du Boss en personne ne peut sauver ce pudding dégoulinant de bons sentiments. Certes, l’histoire de Javed, fils d’émigrés pakistanais luttant pour trouver sa voie auprès d’un père rigide et dans une Angleterre marquée par Margaret Thatcher, fera résonner en nous quelques échos et on ne peut s’empêcher d’être touchés par cette relation père/fils conflictuelle, d’autant qu’elle est interprétée avec une belle conviction. Mais au-delà de ça, Music of my life n’a pas grand-chose à raconter, montrant comment Javed a appris à s’affirmer en écoutant Bruce Springsteen.

On ne pourra nier la belle histoire qu’a vécue Sarfraz Manzoor mais on pourra tout de même lui reprocher son traitement, éculant tous les poncifs d’un genre pourtant lessivé mille fois. Les ingrédients sont tous les mêmes : relation conflictuelle avec le père qui finira par s’arranger lors d’une grande scène larmoyante, vieux voisin bienveillant, petite amie encourageante, vocation d’écrivain vivement encouragée par la prof de littérature, victoire haut la main d’un concours de nouvelles permettant de gagner un voyage aux États-Unis, course au ralenti dans les rues en arborant un sourire niais et même tentative carrément plantée d’une ou deux scènes en comédie musicale histoire d’enfoncer le clou d’un film qui pue la guimauve. Prévisible de bout en bout, ne prenant même pas la peine de gonfler ses conflits pour rendre le tout bien gentillet, Music of my life nous conte une histoire qui n’est relevée par aucun souffle et le peu de tentatives de la part de Gurinder Chadha (Joue-la comme Beckham) pour instiller de la mise en scène au cœur du film ne sont que paresse et facilité.

Difficile dès lors, en dehors de l’enthousiasme (facile) suscité par les chansons de Springsteen (qui reste encore aujourd’hui notre Boss à tous) de trouver un quelconque intérêt au film, à moins de n’avoir vu aucune œuvre dégoulinante de bons sentiments dans sa vie. Sinon on se prendra à souffler plus d’une fois devant cet amoncellement de clichés tout en rageant bien malgré nous de laisser parfois l’émotion s’inviter lors de séquences prévisibles mais fonctionnant néanmoins plutôt bien en s’appuyant sur des cordes sensibles bien connues. C’est déjà ça, nous direz-vous mais le fait est que Springsteen méritait mieux et nous aussi.

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