Good Boys : Dans la lignée d’un Superbad

Good Boys peut se voir comme la petite sucrerie de l’été, produite par Seth Rogen et réalisée par Gene Stupnitsky, réalisateur ukrainien discret, plus connu du monde sériel et notamment en tant que scénariste. Après un manque de grosse sortie, en plein milieu d’un été peu florissant au cinéma, Good Boys arrive sur nos écrans une semaine après le 9e mastodonte de Quentin Tarantino. Heureusement que la fraîcheur des salles de cinéma est une bonne excuse pour s’y faufiler. On suit alors trois enfants d’une dizaine d’années dans la découverte tumultueuse de leur jeunesse et de tous les aspects qui la compose, et en grande partie celle d’une sexualité pré-adolescente. Les péripéties des enfants les amènent sur des sentiers improbables et emmènent le spectateur sur une vision parfois horrifiquement drôle des habitudes des parents.

Good Boys reste un film à la fois à l’image des teenages movies américains et de celle de Seth Rogen. Dans la lignée d’un Superbad avec Michael Cera et Jonah Hill (dont il était déjà le scénariste), on y suit 3 pré-ados incarnés par le déjà futur grand nom du cinéma Jacob Tremblay aux côtés de Keith L. Williams et Brady Noon qui explorent différents points de leur sexualité. Les événements auxquels ils vont être confrontés les pousse dans des situations très étranges où leur naïveté n’est punie que par leur immaturité. Contrairement à un Maman j’ai raté l’avion ou 3615 code père Noël dont les antagonistes sont de vrais méchants, ici les enfants ne font jamais face à des personnes réellement mal intentionnées. Le scénario se centre exclusivement sur l’humour et prend toutes les orientations possibles pour rendre chaque situation la plus déjantée possible. Cela donne un effet un peu forcé aux événements qui finit par devenir redondant. Pour le bien du scénario, les protagonistes choisissent irrémédiablement les pires décisions. Cela permet effectivement de rebondir constamment et de ne pas perdre le rythme du long métrage, mais peut épuiser le spectateur qui va trouver certaines situations trop absurdes pour être vraiment crédibles.

Dans cette lignée, la production parvient à bien incruster les nouvelles technologies et adapter sa narration à travers ses nouveaux objets (téléphones portables chez les jeunes, drones etc…). De fait le long métrage trouve une actualité intéressante et recontextualise le genre même si ce n’était pas d’une grande nécessité. Par extension, il trouve l’actualité aussi dans son discours. Difficile de cerner le sous texte de ces traits d’humour, mais la comédie américaine façon Seth Rogen aborde de nombreuses fois des thématiques féministes. Notamment l’égalité homme/femme, le droit a une certaine liberté sexuelle des femmes, le respect de celles-ci etc. Mais connaissant le sarcasme à toute épreuve de Seth Rogen et sa manie à taper dans la fourmilière, difficile de savoir s’il lui rend hommage en essayant d’inculquer dès un jeune âge le respect des femmes ou s’il se moque avec douceur des extravagances les plus risibles des communautés féministes les plus extrémistes. La question est légitime car aux États-Unis cette catégorie de personne pose de véritables problèmes, c’est d’ailleurs en grande partie en réponse à ces dérives que Trump est arrivé au pouvoir.

Good Boys n’est évidemment pas politique, pas au premier abord du moins, et un sous-texte comme celui-ci devrait plutôt jouer en faveur du féminisme. Malheureusement, là encore le juste équilibre est inexistant et les références au respect des femmes se multiplient de manière éparpillées et grossières durant le film donnant de nouveau ce sentiment d’overdose. À force d’entendre des petites réflexions sur ce sujet, le spectateur finit par vite trouver cela lourd. D’autant qu’un film où l’on pousse de jeunes enfants à boire de l’alcool, à dealer de la drogue, à fracasser toute une maison, à voler et désobéir aux parents et bien d’autres bêtises encore, ne peut décemment pas être soutenu par cette population. Et ce n’est pas l’ordre de demander à une fille sa permission pour l’embrasser qui suffira à faire passer la pilule.

Dans une moindre mesure, Good Boys peut permettre de se questionner sur l’accès toujours plus rapide à certains aspects de la vie. Ici, être confronté à tout ce que le film montre à 12 ans est certainement un âge prématuré. Sur fond comique donc, le film n’essaierait-il pas de nous alarmer sur ce que nos enfants consomment comme informations à un âge où ils n’ont pas la maturité de prendre le recul nécessaire sur le sujet ? À l’image de son affiche où les personnages sont trop petits et n’ont pas la taille requise pour aller voir le film. Il est peu probable que les scénaristes et le réalisateur s’en soucient véritablement, d’autant qu’ils ne sont pas les premiers à emprunter ce chemin. De plus les situations sont suffisamment exagérées et les réactions des jeunes suffisamment éloquentes pour comprendre qu’ils ne font pas forcément les bons choix.

En résultat, un léger côté provocateur bien huilé peut se discerner du long métrage et le cas contraire son humour assez convaincant suffira à nous faire passer une bonne séance. Rien de véritablement transcendant dans le fond, mais on s’amuse à se demander vers où s’orientent les situations les plus folles. Et puis les petits gars ont de bonnes bouilles, on s’attache vite à eux alors autant en profiter durant cet été légèrement fade. Dernier bémol cependant, et non des moindres : Seth Rogen participe à une bande annonce absolument géniale pour promouvoir le film mais n’apparaît, au grand dam de ses fans, jamais à l’écran. Une déception suffisamment marquante pour le souligner.

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  1. Box-Office US du 16/08/2019 au 18/08/2019 -

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