La Rivière de nos Amours : Test Blu-ray

Réalisateur : André De Toth / Casting : Kirk Douglas ; Walter Matthau ; Elsa Martinelli ; Diana Douglas / Genre : Western / Compositeur : Franz Waxman / Date de sortie : 6 juin 1956 (France) / Durée : 85 min / Pays : États-Unis

Synopsis : Oregon 1870. L’éclaireur Johnny Hawks, qui connaît bien la culture indienne, est envoyé auprès de Nuage Rouge, chef des Sioux, afin de lui demander l’autorisation de faire passer un convoi sur son territoire. Mais deux renégats, à la recherche d’une mine d’or, assassinent Loup Gris, un membre de la tribu.

Critique film : La Rivière de nos Amours, titre ignoble pour un si grand western tant méconnu. De son titre original, The Indian Fighter, correspondant à la posture héroïque de Kirk Douglas dans le film, grande star de l’époque, qui se paye sa première production via sa société Bryna Productions, portant le prénom de sa mère.
À cette occasion, Kirk Douglas et son agent font le pari de confier le film à André De Toth, alors libre de son contrat avec la Warner. Il vient d’enchaîner pour le studio de Jack Warner sept westerns pour Randolph Scott. Mais la première monture de The Indian Fighter ne le satisfait pas. Il faut l’arrivée de Ben Hecht en tant que script doctor pour assurer une structure solide au film. Surtout que vu le synopsis, La Rivière de nos Amours ne se destine pas à briser les codes du western. André De Toth a alors une première excellente idée en déplaçant le récit dans les vastes forêts de l’Oregon. Les décors sont sublimes, le film se nichant au cœur des montagnes verdoyantes de la région américaine avec en fond les hauts sommets à la neige éternelle. Ensuite, tout est une histoire de dualité entre les colons, l’armée américaine au sein d’un fort tout neuf et les Indiens souhaitant protéger leur terre abritant un gisement d’or. Forcément, cela attise les convoitises, notamment le personnage campé par Walter Matthau, dont c’est le premier rôle au cinéma. 
Premier rôle aussi pour Elsa Martinelli, jeune mannequin italien à l’époque repérée par la nouvelle femme de Kirk Douglas qui s’occupe du casting sur le film via une couverture de Vogue. On retrouvera ensuite la jeune actrice au cœur d’une longue carrière essentiellement en Europe avec Le Capitan d’André Hunebelle avec Jean Marais ou dans Bella Starr de Lina Wertmuller, premier western réalisé par une femme. On peut compter aussi à sa filmographie Perversion Story de Lucio Fulci, Hatari ! d’Howard Hawks ou Le Procès d’Orson Welles.

La réussite de La Rivière de nos Amours repose essentiellement sur le charisme de Kirk Douglas, le film étant réglé sur l’acteur, et le talent à la mise en scène d’André De Toth. Ce dernier est un réalisateur trop rapidement oublié à la longue carrière entre la Hongrie dans les années 30, puis Hollywood entre les années 40 et 50. Il connaîtra une fin de carrière en Angleterre ponctuée par la mise en scène du réussi film de guerre Enfants de Salauds avec Michael Caine.
The Indian Fighter doit beaucoup à l’oeil d’André De Toth. Réalisateur borgne qui réalisera ensuite La Chevauchée des Bannis en 1959, film qui inspirera en partie Les Huit Salopards de Quentin Tarantino. À savoir au passage que Martin Scorsese apprécie particulièrement The Indian Fighter, l’un des grands westerns pro-indiens.

La Rivière de nos Amours est une réussite essentiellement due au savoir du réalisateur hongrois. D’une concision rare pour un film de l’époque, De Toth resserre au possible le récit pour cacher les défauts évidents en instaurant un rythme infernal. Ça n’arrête jamais au cœur du film, le spectateur n’ayant jamais le temps de s’ennuyer. La base est rapidement installée et le héros présenté, quand l’intrigue démarre au quart de tour pour finalement ne plus nous lâcher. Tourné intégralement en décors naturels, La Rivière de nos Amours recoupe à lui seul toute la puissance du western américain avec confiance et savoir. Sur un scénario basique, on ne pourrait faire mieux. André De Toth met au service des années d’expérience sur les westerns de la Warner pour servir au mieux un Kirk Douglas magnifique. Le film connaîtra un beau succès permettant à la star américaine d’investir sur Les Sentiers de la Gloire et Spartacus via sa société pour les succès connus aujourd’hui et faire de Stanley Kubrick un monstre du cinéma contemporain. 
André De Toth, pour sa part, s’exilera en Angleterre en début des années 60, avant de collaborer avec David Lean sur Lawrence d’Arabie et Richard Donner sur Superman, le vétéran supervisant la mise en scène des séquences de vol du super-héros. Une autre histoire dont l’homme ne connaîtra point de reconnaissances. 

Date de sortie vidéo : 24 juillet 2019

Informations Techniques : Image : 2:35 – 1080p, 24P / Son : Anglais & Français DTS Master Audio Mono – Sous-titres : Français

Test Blu-ray :

Image : Wild Side nous présente un master restauré. Mais comme toujours sur des sources provenant du catalogue de la MGM, tout cela manque d’une certaine rigueur. La copie oscille entre des plans de toute beauté au cœur des forêts de l’Oregon et certains grésillants, plutôt bruts. Notamment les plans de transitions constamment flous ou des fourmillements épars tout le long du film. On note aussi quelques points blancs lors de certaines séquences dans le fort. 

Son : Rien de flamboyant non plus avec un simple DTS Mono. La version française est étouffée quant à la VO, à privilégier, se trouve plus claire et aérée. Pas d’éclats ici non plus.

Bonus Blu-ray :

Wild Side produit un digibook de toute beauté pour la sortie de La Rivière de nos Amours. Le film d’André De Toth est accompagné d’un livret de 78 pages revenant sur la genèse du film, le travail du réalisateur présenté comme un aviateur casse-cou repérant ses décors à l’oeil en avion. Philippe Garnier, auteur d’un livre sur André De Toth en 1993, revient sur la production, le choix du casting et le tournage en Oregon. L’auteur préfère se pencher sur le point de vue du réalisateur que de sa star, Kirk Douglas, entamant ici une carrière de producteur. Le livre est riche en informations, permettant aux lecteurs de tout savoir sur le film, mais aussi riche en photo égayant la lecture. Une belle réussite de la part de l’éditeur. 

Au cœur du Blu-ray, on trouve un seul bonus d’une trentaine de minutes. The Beauty of the Land est un entretien avec Anthony Slide, historien du cinéma et ami proche d’André De Toth. L’homme avait consacré un livre d’entretiens avec le réalisateur, dont on apprend que les deux hommes l’ont bien mis en scène à l’époque. Proche du réalisateur, nous apprendrons moult anecdotes sur l’homme, surtout en sa fin de vie, devenu peintre et sculpteur. André De Toth était un homme de caractère qui s’était forgé une image à la John Ford pour ne pas être ennuyé ou importuné. Un documentaire qui permet d’approfondir le portrait du réalisateur en complément du livre écrit par Philippe Garnier.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*