Annabelle – La maison du mal : Fais-moi peur si tu l’oses

De tous les petits que la franchise Conjuring a faits, Annabelle est le rejeton le plus tenace. Après avoir hanté deux films (l’un vraiment mauvais, l’autre avec un tout petit peu plus d’allure), voilà que la poupée attirant les esprits se fraye un chemin là où on l’a aperçu en premier lieu, à savoir dans la maison des Warren. Le film commence alors que le couple la récupère et l’enferme sous verre au sein d’une pièce truffé d’objets maudits. Un an plus tard, alors que les Warren partent en week-end, ils laissent leur fille Judy seule à la maison avec sa baby-sitter et une de ses amies. Laquelle amie a la bonne idée de visiter la pièce interdite pour tenter d’invoquer l’esprit de son père, tué dans un accident de voiture où elle conduisait. Évidemment, l’esprit qui lui répond n’est pas celui de son père et Annabelle va faire passer une nuit infernale aux trois jeunes filles…

Un point de départ tout ce qu’il y a de plus simple pour un film qui l’est autant, appliquant des recettes désormais inhérentes à l’univers Conjuring, copiant le style James Wan sans jamais parvenir à le transcender. Après une longue première partie où chaque personnage fait bien la bêtise de se séparer en permanence et de ne jamais se raconter les choses, le derniers tiers du film viendra accélérer la cadence et dévoiler un bestiaire démoniaque varié, nous arrachant de force quelques frissons que l’on sent venir à l’avance.

C’est dommage car si la maison des Warren et leur présence (très secondaires, certes) pouvait apporter au film la caution d’une certaine qualité, le scénariste et réalisateur Gary Dauberman, dont c’est ici les premiers pas derrière la caméra n’en fait jamais rien de foncièrement original, appliquant à la lettre les principes gangrénant le cinéma d’horreur de ces dernières années dans le seul but de nous faire sursauter, offrant des frissons à ses personnages sans pour autant les mettre gravement en danger. On comprend aisément l’envie de Dauberman d’offrir au spectateur une certaine attraction en forme de maison hantée mais on viendra regretter que le déploiement du bestiaire se fasse au détriment des démons qui perdent ainsi de leur aura particulière, chacun se voyant balancé au gré du scénario.

Si l’on retiendra une ou deux séquences sortant un peu du lot, force est de constater qu’Annabelle : La maison du mal n’apporte rien de nouveau au genre, pire, il achève d’enfermer l’univers Conjuring dans une routine paresseuse. Ce qu’il y a de regrettable là-dedans, c’est que le film dessine en filigrane le portrait de Judy qui, ayant hérité des dons de sa mère et souffrant de la réputation de ses parents (que les gens prennent soit pour des arnaqueurs soit des personnes frayant avec la mort et donc peu fréquentables), se voit ainsi condamnée à une certaine forme de solitude, que l’on sent parfois insondable sur le visage de la jeune McKenna Grace. Il aurait fallu peut-être un peu plus explorer cette fibre-là et oser de sortir des sentiers battus plutôt que d’offrir au public ce qu’il a déjà vu maintes fois. Mais on ne changera pas les modes de consommations actuels aussi facilement…

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